Petit, je n’étais peut-être pas grand mais j’étais au paradis des enfants. Je baignais dans une lumière chaude et dorée, les couleurs étaient vives et intenses, les adultes étaient doux et gentils avec moi. C’était beau et rassurant, tout était en ordre pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Plus tard en âge de raison, j’ai bu et mangé à la table de l’homme moderne. L’homo sapiens-sapiens est mon groupe d’appartenance, mais son monde m’est apparu sacrément lâche et imparfait. La nature grégaire de cet hominidé m’a longtemps torturé l’esprit, jusqu’à l’isolement. Une traversée du désert qui dura quarante ans.
Aujourd’hui, tant pis pour le politiquement correct. J’assume mon atypisme et me risque à l’exprimer. Peut-être certains lecteurs se retrouveront-ils dans les savoir-être qui transparaissent dans cet écrit, d’autres possiblement s’offusqueront-ils de ma façon de percevoir le réel…
La fiction a été pour cette raison un vecteur commode pour transcrire ma perspective et ses réflexions, un premier essai qui ici pose la question de l’intégrité face à la prédation. Qu’en disent nos droits de l’homme et du citoyen ? Liberté, égalité, fraternité ? Des mots forts, à méditer.
Ma courte fiction s’adresse aux personnes hypersensibles piégées dans leur placard, mais aussi à tout chercheur de vérité :
« Voulez-vous sortir avec moi ? Je veux dire, de votre placard ?
Savez-vous faire un choix ? Savez-vous ce que vous voulez ?
Pour oser la différence, lâchez d’abord les costumes qui boudinent
Recentrez-vous le temps d’une pause et respirez en pleine conscience…
Le Cœur connaît la Joie et se réjouit toujours d’en éclairer les voies
Consentez à son langage lumineux et plongez en son chant amoureux
Accueillez ses messages, et projetez-vous dans ses plus belles images»
La pensée est créatrice, et une projection sans victime est une projection sans bourreau. On reconnaît une victime à son aisance naturelle à se projeter dans une situation anxiogène. Sa vigilance est automatisée en mode « menace imminente » et tout son être se met à vibrer naturellement à cette fréquence, à la moindre pseudo-alerte. Tendue et prête à l’action, elle tape ordinairement sur le premier venu avant même de saisir le tableau dans son ensemble… attirant tristement un bourreau qui, sommeillant alentour, répond alors courtoisement à l’invitation. Accordez-moi ce raisonnement spontané :
« - D’un côté, nos inconscients cohabitent les mêmes plans subtils
- Oui, tu es en accord avec la pensée de Jung
- De l’autre, un phénomène de résonance lie les fréquences entre elles, notamment à l’octave
- Oui, tu es en accord avec le théorème de Fournier
- En musique, l’octave double les fréquences qui alors se superposent à l’unisson, et chaque note fait résonner les fréquences les plus en accord avec elle. On peut supposer que de la même manière, une projection mentale résonne en harmonie avec d’autres projections en phases parallèles. Certainement une histoire de polarité si… mais là je passe peut-être du coq à l’âne…
- Oui, tu te demandes si tu peux à juste titre passer du coq à l’âne
- Ben attends, y font quand même bien partie du même monde !!
- Oui, tu affirmes que les coqs et les ânes habitent le même monde »
Une force magnétique tangible rapproche victimes et bourreaux. Cette force transparaît clairement dans l’analyse des transactions humaines d’Éric Berne. Les polarités s’attirent, se repoussent, s’échangent des particules. Chacune se dirige vers ses fréquences de prédilection, sa zone de confort, et les lois naturelles de tout l’Univers tendent vers l’équilibre des systèmes…
Ici, la question de l’intégrité pose celle des concessions, au profit d’une collectivité plus vaste ou plus harmonieuse. Tout seul on va plus en effet plus vite et nombreux on va plus loin. La nature de nos attentions polarise néanmoins nos projections mentales, en conséquence, et la tension préservant l’équilibre des systèmes imprime à ces projections toute sa force. Ainsi, plus une victime se plaint, plus elle aura d’opportunités de le faire, c’est une boucle binaire. Inversement, cela se confirme heureusement.
La pensée, exprimée ou non par le verbe, est un choix d’action. C’est un pouvoir créateur interne à tout système, capable de l’immerger dans l’espace-temps de sa propre légende personnelle. C’est aussi cela, l’intégrité.
François Tepes, libre penseur
« All the fat-skinny people, all the tall-short people, and all the nobody people, all the somebody people… I never thought I’d need so many people »» - David Bowie