Ainsi de ce désir que le primitif croyait être une des forces de l’univers et d’où il fit sortir tout son panthéon, le musulman a fait Allâh, l’être parfait auquel il s’abandonne. De même que le primitif logeait dans la cuiller promenée processionnellement son désir de voir l’eau abreuver la terre, ainsi le musulman croit qu’Allâh réalise la perfection en dehors de lui. Sous une forme plus abstraite l’argument ontologique de Descartes conclura de l’idée du parfait à son existence, sans s’apercevoir qu’il y a là, non pas un raisonnement, un argument, mais une imagination. Et cependant, à bien entendre les paroles des grands croyants, c’est en eux qu’ils portent ce dieu: il n’est que la conscience de l’effort continuel qui est en nous. La grâce du Janséniste n’est autre que cet effort intérieur.’
DOUTTÉ—Magie et Religion.