L’Appel
De
L’Aube
L’Appel
De
L’Aube
Stéphane Grare
Les bouquins d’Eloane
N° ISBN 979-10-699-1753-8
Dépôt légal Décembre 2017
Tome II
Merci aux lecteurs qui liront ce manuscrit. Je vous ouvre
mon cœur sur la route qui me mène du rêve à la réalité.
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Avant-propos
Après un passé qui l’a troublé, Stéphane poursuit son chemin
vers de nouveaux horizons. Aujourd’hui, il n’est plus un enfant avec
des problèmes de poids, c’est un adolescent comme tous les autres
en quête d’identité. Il ne rêve plus d’un monde parfait afin de
s’évader dans un univers onirique où tout n’est que rêve et magie.
Désormais, son esprit n’aspire qu’à la sérénité d’une aube nouvelle
qui s’ouvre devant lui. Il redécouvre une réalité qu’il avait tant fuie
durant toutes ces années où ses camarades se moquaient de lui. La
réalité, un monde qu’il avait oublié. Même quand on est grand, le
monde peut paraître déroutant…
L’auteur vous emmène avec lui, par ce second tome, dans la
suite de ses récits. Si jadis, les rêves lui ont montré leurs limites,
aujourd’hui, c’est dans cette réalité où des murs lui font face. Même
s’il a toujours fui ses problèmes à travers des mondes imaginés,
Stéphane tente de se frayer un chemin pour trouver sa place au
sein d’une société qui l’a tant repoussée. C’est une période
d’instabilité où il doit trouver son équilibre sans ne jamais faire
demi-tour au risque de retourner dans cet univers onirique qui
parfois, l’appelle.
Stéphane laisse le temps le guider sur des chemins parfois
obstrués, le regard toujours tourné vers l’avant, il vit maintenant
ces jours présents. C’est avec cette même volonté, celle qui l’a fait
se retrouver qu’il combattra la réalité et accomplira sa destinée
pour triompher. Telle en est sa prière, qu’elle en soit sa foi et sa
lumière. Ce récit commence là où ses yeux se ferment, sur une
route qui l’emmène vers une nouvelle destination, une nuit durant
laquelle son cœur s’éveille.
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Évocations D’Un Soir
Le besoin de l’Homme est d’être aimé et d’aimer dans un monde
de rêves où tout est paix. Pourtant, sur notre Terre, j’assiste
impuissant à une danse où s’emmêlent deux éléments
contradictoires : bonheur et malheur. Lorsque le malheur heurte
notre bonheur, l’Homme se plonge dans la solitude. Cette solitude
détruit l’Homme, elle le conduit vers une mauvaise direction. M’a-t-
elle moi aussi condamné à prendre ce même trajet ? Plongé dans
l’obscurité, face à une sombre destinée, l’Homme cherche son
véritable destin, celui de la quête de l’enchantement divin, le
chemin d’un amour sans fin. Lorsque ce jour vient, le malheur
redevient bonheur. Est-ce une joie qui ne connaîtra point de fin ?
Plus que tout, c’est ce que je souhaite aujourd’hui. Ce sont des mots
que je note sur un cahier, il faut bien s’occuper. Avec ma famille,
nous venons de partir de Lille pour vivre une nouvelle vie.
Une nouvelle vie, oui, ça le sera pour moi. J’ai maintenant plus de
seize ans. Sur la route, je repense à tout ce j’ai traversé. Dans mon
enfance, je me suis enfui dans les rêves pour échapper à un
quotidien qui me rendait malheureux pour y concevoir un univers
enchanteur où je trouvais enfin le bonheur. Je vivais dans ma bulle,
isolé loin de tout, loin de la cruauté de la société qui se moquait de
mon obésité. Mon cœur cherchait l’amour. Si je le trouvais dans les
rêves, je devais bien me l’avouer, il ne viendrait jamais dans la
réalité. Un jour vint la fin de ce rêve, la terrible descente aux enfers,
le cœur effleuré, le cauchemar émergeait. J’étais prisonnier dans
cette sphère imaginaire, tournant en rond, sans savoir comment
me réveiller. Je cherchais mon chemin, mais en vain. Les murs se
dressaient devant moi, se renfermant de jour en jour sur moi-
même. Sans espoir de le trouver, je me perdais, je devais me
retrouver dans la réalité.
Comment combattre cette gourmandise qui avait fait de moi un
être horrible ? C’était la conclusion à laquelle j’en étais venu, une
question que je me posais pour tenter de trouver une solution. J’en
avais assez de tous ces gens qui me pointaient du doigt, de ceux qui
se moquaient de moi. Avec beaucoup de volonté, je me suis
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redressé pour affronter les conséquences d’un passé où je ne
m’étais jamais privé. Les semaines et les mois ont défilé devant
moi, j’avais la joie de pouvoir compter les kilos perdus par dizaines.
À chaque jour qui passait, l’espoir renaissait. J’ai mené des combats
dans le réel et l’irréel pour me retrouver. Parfois, il faut lutter. J’ai
pu dominer les songes grâce à leur magie pour devenir le maître de
mon royaume, le maître des rêves. C’est ainsi que j’ai brisé ce cercle
maléfique pour m’en échapper. Le sol s’est ouvert sous mes pieds
et la réalité, je l’ai regagnée comme un vent de liberté, le souffle que
je recherchais.
Notre père a été muté sur Grenoble, c’est pour moi une
opportunité de tout recommencer. Dans la voiture, nous
sommes un peu à l’étroit. Non, ce n’est plus moi qui prends toute la
place. Loin d’être fils unique, mes parents ont donné naissance à
deux filles et quatre garçons. Me précédant de cinq années,
Clémence, ma grande sœur est l’aînée. Elle est assise à côté de la
portière tout comme je le suis de l’autre côté. Je suis le deuxième
d’une liste qui n’a fait que s’allonger au fil des années. Clément est
né tout juste une année après moi, Fabien, deux ans après, et
Florent, une année après lui. Ils sont assis juste derrière nous. Mes
parents ont commencé par une fille et se devaient de mettre fin à
cette succession de garçons avec ma petite sœur Flora, qui naquit
huit ans après moi. Clémence la tient dans ses bras.
Tout en regardant par la fenêtre, j’aperçois mon reflet à travers
la vitre de la voiture. L’Homme a bâti un monde à son image et en
parlant d’image, je contemple la mienne alors qu’il y a quelques
mois, je ne me regardais plus. La société nous montre assez
l’exemple à travers les émissions de télévision ou les magazines,
comme une idée toute figée dont on ne peut se détourner. On nous
dicte notre ligne de conduite de manière explicite sur la façon dont
nous devons nous tenir si nous ne voulons pas nous faire
remarquer. Les années ont passé comme mon regard dans le miroir
qui s’est effacé à jamais, quand j’ai choisi de ne plus me regarder.
Quand mes camarades de classe le faisaient, c’était pour me
dévisager ou se moquer. Derrière la porte de ma chambre, je
m’évadais dans l’imaginaire.
À travers mes rêves, j’ai vécu des aventures sans pareil jusqu’au
jour où j’ai rêvé d’elle, mon être aimé. Elle était la lumière, celle que
je recherchais alors que dans la réalité, je croulais sous l’obscurité.
J’aurais aimé être invisible, mais croyez-moi, je ne risquais pas de
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le devenir, c’était de pire en pire. Au fur et à mesure que je me
négligeais, les choses empiraient. Le monde réel a rejoint mes
rêves. Plus j’avançais vers l’imaginaire, plus je me perdais dans la
réalité. Je ne pouvais plus faire marche arrière, le monde que j’avais
bâti s’écroulait sous mes pieds. J’étais prisonnier, cela ne pouvait
plus continuer. Bien sûr, il faut s’accepter tel que l’on est, encore
faut-il se respecter. J’ai franchi des limites, j’en ai payé le prix.
Personne ne devrait avoir à subir des moqueries, c’est une
injustice, on se sent comme banni.
Mon reflet, oui, je l’aperçois à travers la vitre. Je peux
maintenant lui sourire. Nous poursuivons notre chemin dans cet
endroit où nous serons entourés de montagnes. Elles nous offriront
la vision fascinante de paysages parfois saupoudrés d’une fine
couche de neige, même en été. Elles me font penser à ce rêve passé
où j’ai traversé des forêts hantées afin d’en gravir les sommets,
pour retrouver cette réalité. Cette page est bel et bien tournée.
Même s’il y a ce long trajet à surmonter, nous sommes tous
excités à l’idée de découvrir notre nouveau chez nous. Nos parents
ont décidé de rouler de nuit, de se relayer pour espérer arriver là-
bas en début de matinée.
– Maman, combien y a-t-il d’heures de route entre Lille et
Grenoble ? demanda Florent.
– Il y a bien neuf ou dix heures de trajet, répondit-elle avec
franchise. La route sera très longue les enfants ! Votre père et moi
allons conduire toute la nuit, vous allez devoir dormir dans la
voiture. Je sais que ça ne sera pas idéal, mais nous devons
absolument être arrivés pour l’aube.
– Nous nous arrêterons de temps en temps pour aller aux
toilettes ? l’interrogeai-je préoccupé.
– Oui Fanou, acquiesça-t-elle, ne t’inquiète pas, nous ferons des
pauses toutes les deux heures. Vous pourrez vous dégourdir les
jambes et prendre un peu l’air.
– On va habiter où exactement ? demanda Flora à son tour. Ce sera
une maison comme là où on était ?
– Non les enfants, nous ne serons plus dans une maison comme ça a
toujours été le cas, précisa notre mère. Nous habiterons dans un
appartement, le temps pour votre père et moi de trouver une
maison où nous irons nous installer par la suite.
– Ne vous inquiétez pas, nous rassura notre père d’un coup d’œil
dans le rétroviseur, ce ne sera pas très grand, mais ça ne durera pas
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très longtemps. Dès que nous serons installés, votre mère et moi
commencerons les recherches pour l’achat d’une grande maison.
Pour le moment, c’est notre père qui tient le volant.
– Et pour l’école ? se renseigna soucieusement Flora.
– Vos écoles ne se situent pas très loin de là où nous allons habiter,
vous pourrez même y aller à pied, nous informa notre mère.
– On s’en fout, on est encore en vacances ! fanfaronna Clément avec
son sourire habituel. Pour moi, il est hors de question de penser à
l’école, je vous le dis.
– C’est tout de même rassurant de savoir que nos écoles ne seront
pas trop loin, leur affirmai-je. Fini de prendre le métro ou le bus.
– Parle pour toi ! me rétorqua Clémence. En ce qui me concerne, je
serai forcément obligée de prendre les transports en commun pour
me rendre à la faculté.
Les heures défilent, chacun passe le temps à sa façon et s’occupe
comme il le peut avant que la nuit ne tombe. Clément et Fabien
jouent à un jeu vidéo sur leur console. Clémence et Flora discutent
toutes les deux et Florent, lui, ne dit pas un mot. Il observe le trajet
tout comme je le fais de temps en temps, en jetant un œil par la
fenêtre. Ces paysages qui défilent m’éloignent d’un endroit où j’ai
souffert et me confortent dans l’idée de me consacrer à mon
activité préférée : sur ce long trajet, j’écris, l’esprit pensif.
L’Homme naît pour accomplir un devoir qui doit le mener vers
un immense bonheur, l’éternelle quête. La recherche de cette
félicité ne peut se réaliser dans un monde où les rêves deviennent
parfois réalité. La vie est un rêve, mais tous les rêves ont une fin, tel
est le destin. Le destin est tracé, mais le chemin se choisit, le choix
est celui de la voix, la voix est celle de notre conscience, la
conscience est notre guide, guide du destin. Notre destinée est un
mystère à nos yeux, elle ne se découvre que par des sentiers que
chaque être choisit au cours de sa vie.
Un instant, je m’arrête d’écrire pour le regarder. Fifi, notre
animal de compagnie est sage comme une image et se demande
probablement où nous l’emmenons. C’est un chat exceptionnel, il
m’a si souvent regardé pleurer… Il n’aura plus à me consoler, j’en
suis persuadé. Il y a toutefois un vide que j’aimerais combler. Quel
est le sens de la vie ? Pour moi, il n’est relié qu’à un fil : l’amour.
Telle est la raison essentielle de la vie de l’Homme, la recherche de
l’amour est la quête la plus importante d’une vie, mais je l’avoue, la
plus difficile.
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Mes parents se sont passés le relais, c’est maintenant ma mère
qui conduit. Mes frères et sœurs se sont tous endormis, ou presque.
Moi, je ne me suis pas encore assoupi et Florent semble rester sur
le qui-vive comme s’il montait la garde ou alors, il n’arrive pas à
s’endormir lui aussi. Peut-être est-il tout simplement soucieux ?
Notre père, lui, semble grincheux. La nuit ne sera pas paisible.
Mon regard traverse la vitre par laquelle j’aperçois la nuit, je
m’interroge et me questionne sur mon devenir. Je pense que
chaque homme a une tâche à accomplir sur Terre, une quête que
nous devons tous poursuivre. L’Homme cherche son véritable
amour, tel est l’objet de sa quête, celle qui constitue son véritable
bonheur.
Que sont nos sentiments ? Pourquoi sont-ils ? On ne peut pas les
expliquer avec de simples mots. Tel un volcan qui s’éveille, le cœur
est une source où jaillit notre amour. C’est par rapport à une
personne que l’on aime plus ou moins, qu’on éprouve des
sentiments plus ou moins forts. Certains ne sont que des
sentiments d’amitié, d’autres des sentiments plus avancés. La
recherche de l’âme sœur est la conquête d’un rêve, celui d’un
amour immortel.
Quand on me parle du véritable amour, que dois-je répondre ?
Nul besoin de le chercher, souvent il est déjà à nos côtés. Inutile de
le regarder avec les yeux, c’est en écoutant son cœur qu’on peut le
trouver. Pour cela, il faut suivre son instinct et suivre sa destinée.
Est-ce que j’ai une âme sœur, si oui, où est-elle ? Elle comblerait le
vide dans ma vie et éloignerait de moi tous les soucis que l’on peut
rencontrer au cours d’une existence. Je pourrais tout lui dire, elle
me comprendrait, la rencontrer enfin serait la fin de tous mes
chagrins.
– Aide-moi, priai-je à voix basse en levant la tête vers le ciel.
À cet instant, je pense à mon être aimé, celle à laquelle je rêvais.
Je voudrais tellement qu’elle soit vraie. On ne sait jamais ce que la
vie nous réserve, chaque jour en est un autre et là-bas, tout sera
différent comme je le suis à présent. C’est un peu comme si je
partais vivre sur un nouveau continent. Dans cette nouvelle ville où
nous résiderons, personne ne saura jamais comment j’étais avant.
Mon passé s’efface sans laisser de trace même s’il en laissera
toujours dans ma mémoire et dans ces écrits aussi. Aujourd’hui,
j’aspire à trouver mon équilibre : avoir des amis et un amour vrai
avec cette âme sœur rêvée. Elle était celle qui m’aidait à me
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raccrocher à la vie pour faire face à la réalité qui me déprimait. Au
lycée, j’espère ne plus jamais être rejeté et pour le reste, un jour
peut-être, je la rencontrerai dans cette réalité.
Je viens de commencer une nouvelle page de mon histoire. Il
m’appartient de tracer mon chemin, seulement, je ne sais pas par
où commencer…
– Dois-je te chercher ? Dois-je t’attendre ? continuai-je de prier
toujours aussi silencieusement, hanté par toutes ces questions qui
me trottent dans la tête. Et si tu me tendais la main afin de réunir
nos chemins, je t’en supplie.
Le plus beau cadeau que je pourrais lui offrir serait mon cœur,
c’est la chose la plus précieuse qu’une personne a en ce monde.
L’amour est un trésor inestimable. Et si la vie est un rêve, alors ce
rêve doit nous mener à une joie éternelle. Chaque rêve a une fin,
l’harmonie du bonheur ne peut exister dans une terre fragilisée où
la destinée des rêves laisse présager un instant, la présence d’une
allégresse qui se meurt. Dès lors, le bonheur touche à sa fin, tel est
le destin d’un rêve et celui d’une vie.
Finalement, la vie est un drôle de parcours... Nous avançons sur
les routes, on emprunte parfois l’autoroute. Toutes les deux heures,
nos parents s’arrêtent sur les aires de repos pour se reposer et se
passer le relais.
– On s’arrête une vingtaine de minutes les enfants, annonça notre
mère d’une voix calme tout en s’adressant à ceux qui ne dorment
pas encore.
– Je vais fumer, ronchonna notre père plus bruyamment.
– Doucement, chuchota notre mère, les enfants dorment tous ou
presque, laissons-les dormir.
Ceux qui sont réveillés en profitent pour aller se dégourdir les
jambes quelques minutes seulement. C’est l’été, mais en pleine nuit,
les températures se rafraîchissent. Ceux qui sortent préfèrent vite
revenir, moi y compr