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SAYED EL-FASSI
La Chrysalide
« On est bien peu de chose... » (l'auteur)
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à Pierre...
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L.H.C
Le 30 Mars 2010, précisément à 13 heures, de grands
applaudissements retentissent dans les hauts parleurs du C.C.C.
(Centre de Contrôle du C.E.R.N.). En effet, c'est un grand jour
pour la communauté des physiciens qui attendent ce moment
depuis 20 ans. Le L.H.C. (Large Hadron Collider)0 vient de réussir
sa mise en service et les deux flux de protons et d'anti-protons se
sont rencontrés dans les quatre détecteurs, répartis le long des 27
kms de circonférence de l'accélérateur, à une énergie de collision
de 7 Tev (Tera-Electron-volt)1. Cet événement marque le début
d'une période riche en découvertes pour les spécialistes qui
espèrent ainsi dans les cinq années à venir, obtenir des réponses à
certaines des questions les plus brulantes de l'époque :
* L'univers est-il supersymétrique2 ?
* Le boson de Higgs3 existe t-il ?
* Y a t-il des dimensions repliées4 ?
* Que signifie le principe Holographique5 ?
* De quoi est faite la matière noire6, représentant 25% de la
masse totale de l'univers, responsable de la cohésion (donc,
l'existence) des galaxies.
* Par quelle particule fantomatique est véhiculée la
0 ht
tp://public.web.cern.ch/public/Welcome-fr.html
1 1 Tev = 1012 eV = 1,60217733,10-7 J
2 ht
tp://fr.wikipedia.org/wiki/Supersym%C3%A9trie
3 ht
tp://fr.wikipedia.org/wiki/Boson_de_Higgs
4 ht
tp://public.web.cern.ch/public/fr/science/dimensions-fr.html
5 ht
tp://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_holographique
6 ht
tp://fr.wikipedia.org/wiki/Mati%C3%A8re_noire
6
fantastique énergie noire7, responsable du freinage ou de
l'accélération de l'expansion de l'univers, et qui représente
70% de la masse totale. Elle se comporte comme une sorte
de fluide dynamique qui emplit tout l’espace, mais dont les
effets sur l’expansion de l’Univers sont opposés à ceux de
la matière sous toutes ses formes. Certains physiciens la
désignent sous le terme de quintessence, en hommage au
cinquième élément cher aux philosophes de l’ancienne
Grèce. Une entité dynamique variant dans l’espace et dans
le temps.
* Comment se comporte la matière au début du
BigBang7bis.
Mais, avant d'obtenir des réponses à toutes ces questions, il faut
d'abord redécouvrir les forces et particules du modèle standard de
la physique, et, augmenter progressivement l'énergie de la
machine jusqu'à sa puissance maximale de 14 Tev.8 Il ne faut donc
pas attendre de grande publication avant une période de deux à
cinq ans.
En tout cas, c'est ce que pense le jeune professeur en physique
Hadi al-Jamil qui vient de se voir proposer le poste
d'astrophysicien à l'Observatoire de Meudon. Grand, mince,
malgré ses 28 ans, les cheveux déjà grisonnants sur les tempes, et
des yeux d'un bleu gris qui ont longtemps fait « craquer » ses co-
doctorantes. D'ailleurs, il en a usé et abusé et sa thèse en a
souffert, Nathalie aussi...
En cet instant, il pense qu'il a une chance extraordinaire de
disposer de ce fantastique instrument qu'est le L.H.C. qui aura,
dans un an, la possibilité d'atteindre les énergies qui existaient lors
7 ht
tp://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_sombre
7bis http://fr.wikipedia.org/wiki/Big_Bang
8 14 Tev = 22,43 10-7 J = l’énergie d’un moustique en plein vol mais dans un
volume plusieurs milliards de fois plus petit qu’un moustique !!
7
de la création de l'univers et de pouvoir en découvrir les secrets...
Mais, d'ici là, il reste beaucoup de chemin à parcourir et les
quelques mois ou années qui arrivent vont plonger les théoriciens
dans une longue attente car les modèles en cours doivent obtenir
certaines vérifications de base pour être acceptés ou rejetés.
Cette proposition de poste tombe très bien car, il vient à peine de
s'installer dans un modeste appartement situé en bordure du
Synchrotron de Gif-sur-Yvette. Sa copine Nath doit l'y rejoindre.
Pour le moment, elle réside encore pour deux mois et demi à la
résidence universitaire du campus d'Orsay.
Zahed Darwich, étudiant de 25 ans à l'IDUP (Institut de
Démographie de l'Université Paris 1), sort de chez ses parents
propriétaires d'un petit pavillon sur les bords de marne pour
rejoindre Annabelle. Il aime faire ce parcours à vélo, le long des
berges jusqu'à Joinville-le-Pont où sa copine a loué un petit studio,
le temps d'obtenir son Master professionnel de journalisme. Elle
n'est pas originaire de la région parisienne, ses parents habitent
Marseille, mais elle avait envie de mettre de la distance entre eux
en s'inscrivant à la Sorbonne.
Il monte la côte de Joinville et s'arrête au 17 de la rue de PARIS.
Il prend l'ascenseur car, aujourd'hui, la côte lui a suffi...
Annabelle ouvre la porte et le laisse entrer sans faire vraiment
attention à sa présence... cela change des autres jours où elle lui
avait littéralement sauté au cou.
Zahed est inquiet et demande :
Qu'y-a-t-il ? Un problème ?
Oui, répond-elle, la conférence de cet après-midi m'a rendue
perplexe... assieds-toi, je vais t'expliquer :
Le thème de la conf était « évolution de la fertilité des pays
industrialisés ». Sur les 20 dernières années les courbes sont
inquiétantes. Elles traduisent une régression de la fertilité
8
masculine et à un rythme régulier qui fait qu'aujourd'hui, la
quantité de spermatozoïdes a diminué de plus de 50% . A cela, il
faut bien sûr ajouter le fait que les femmes font un enfant de plus
en plus tard et donc, leurs taux hormonaux sont également en
baisse, ce qui renforce le problème. Et puis, il y a les causes
environnementales (pesticides, métaux lourds, etc...) qui doivent
êtres, comme pour les hommes, responsables de quelques
dérèglements... Evidemment, on pourrait penser en première
intention que cela constitue une bonne chose si l'on tient compte
des problèmes rencontrés par les sociétés à tous les niveaux de
leur gestion mais cela devient plus inquiétant du simple point de
vue de l'espèce humaine et de son évolution.
–Et alors, si on commençait par en faire un ?
–Un quoi ?
–Un enfant.
Zahed réussit à faire apparaître un sourire sur les lèvres
d'Annabelle.
Pendant ce temps, une jeune étudiante de nationalité chinoise, Li
Yang, travaille dans sa minuscule chambre de la résidence
universitaire sud du plateau d'Orsay, à la rédaction de sa thèse en
« Biologie de la Reproduction », sujet qu'elle étudie depuis quatre
ans déjà alors qu'elle n'a que 26 ans. Quand elle quitte sa chambre
pour rejoindre son laboratoire, elle traverse le petit bois pentu qui
est à flanc de coteau. Elle affectionne particulièrement ce trajet
parsemé de crocus qui embaument l'atmosphère d'un parfum subtil
qui lui rappel le jardin de sa maison en chine. Elle se promet
d'économiser pour y retourner en Août. Déjà quatre longues
années qu'elle n'a pas revu son père...
Elle sait combien il est fier d'elle et combien elle doit lui manquer
mais elle ne pourra jamais y retourner pour s'y installer car la
chine est un pays ou l'homosexualité n'a pas sa place. En France
9
c'est différent, elle vit comme elle l'entend et personne n'a jusqu'à
lors porté un jugement négatif quant à ses fréquentations. Elle
s'efforce de chasser sa tristesse et hâte le pas mais la montée
l'essouffle un peu. il est déjà 9 heures 15 !
Elle franchit la porte de son labo puis comme chaque jour, allume
son PC pour consulter ses mails et les dernières nouvelles du jour.
Parmi ces nouvelles, une attire particulièrement son attention
puisqu'il s'agit d'un article concernant l'évolution de la natalité de
ces 10 dernières années dans les pays industrialisés. Et les
conclusions de l'auteur, un certain Z. Darwich, semblent de
mauvaise augure, les sociétés sont de plus en plus vieillissantes...
Elle a déjà quelques idées sur la question mais, il lui reste à
obtenir son diplôme et de nombreuses années de recherche pour
parvenir au but quelle s'est fixé...
10
Rencontres
En cet après midi du mois de juin 2013, Zahed Darwich,
Maître de conférence à la Sorbonne, participe à un congrès sur la
démographie mondiale, dont la baisse aborde un seuil critique.
Il vient de quitter sa femme, Annabelle, placée dans une maison de
repos à la suite d'une dépression nerveuse. Leur petite Léa, âgée de
quatre mois, a été victime de la mort subite du nourrisson,
Annabelle ne s'en remet pas. Lui s'est plongé dans le travail,
multipliant ses conférences et les déplacements à l'étranger. Il se
sent plutôt lâche mais devant la tristesse d' Annabelle, il s'avoue
impuissant et sait que leur vie commune ne sera plus comme
avant. Déjà six mois se sont écoulés et ses craintes se confirment.
Il regarde sa montre encore une fois, puis le tableau d'affichage
« TORONTO VOL 13675 retardé ». Il aurait dû être dans l'avion à
cette heure-ci, la perspective d'attendre encore deux heures dans
cet aéroport le met de mauvaise humeur... Il n'a pas eu le temps de
se raser, la fatigue lui donne un teint blafard. Il regarde autour de
lui mais ne voit personne avec qui il aimerait discuter.
Il s'approche de la baie vitrée qui fait face aux pistes, ce qu'il voit
lui procure un certain malaise.
Le ciel est d'un gris-jaune pâle avec de gros nuages sombres qui
filent à toute allure. Une légère brume semble descendre vers le
sol, il sait qu'il s'agit d'un mélange de gaz carbonique et de
méthane qui stagne en permanence, fruit de l'activité humaine.
D'après les experts, la diversité biologique est menacée et cela
semble les intriguer fortement.
Quant à l'espèce humaine, elle se prépare au pire et le pessimisme
11
règne car les préoccupations à court terme des sphères politiques
et des consortiums industriels ne permettent pas d'enclencher les
changements de comportement préconisés par le GIEC
(Groupement International d'Etude du Climat).
Un peu attristé par ses pensées, il décide de se rendre au kiosque à
journaux. Quelques titres anglais puis français attirent sont regard
et, intrigué, il prend une revue scientifique qui titre :
« La Quintessence ».
Cette énergie, dit l'article, représente 70% de toute la masse-
énergie9 de l'univers et est responsable, depuis 6 milliards
d'années, de l'accélération de l'expansion de l'univers, s'opposant à
la gravitation.
L'article énonce les diverses hypothèses avancées pour expliquer
son origine (vide, dimensions repliées...) puis explique que cette
énergie n'est pas fixe et semble avoir évoluée plusieurs fois dans le
passé de l'univers, de la période d'inflation10 jusqu'à nos jours.
Il parcourt rapidement la suite de l'article et regarde le graphique
sur la page de droite sous lequel est inscrit :
« Courbe d'évolution de l'énergie noire depuis la naissance de
l'univers ».
La page se finit par une brève conclusion, suivie de la signature de
l'auteur, un certain H. al-Jamil, astrophysicien à l'Observatoire de
Meudon.
Zahed repense aux livres de son adolescence qui traitaient de
science fiction mais les études qu'il a choisies l'ont éloigné de ce
domaine...
Enfin, c'est l'heure du départ. Il prend place dans l'avion près d'un
9 Energie = Masse x C2
10 Période de croissance exponentielle du volume de l'univers juste après le
début de son expansion (10-35 sec)
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hublot. Il est 15 heures, il doit atterrir à Toronto vers 23 heures 30.
Avant le décollage, il envoie un SMS pour prévenir la réception de
l'hôtel de son arrivée tardive puis il allume son portable et consulte
ses derniers mails, rien de bien important. Bien qu'il ait emporté
un livre traitant des écosystèmes, l'envie lui vient de rechercher sur
le réseau des informations sur l'auteur de l'article, le professeur
al-Jamil...
Hadi al-Jamil est un jeune éminent chercheur en Astrophysique
qui travail à l'observatoire de Meudon. Il est à l'origine de travaux
majeurs dans le domaine de la physique théorique et il a déjà
publié un grand nombre d'articles dans tous les domaines clés de
cette discipline (Théorie M, Traque du Boson de Higgs,
Gravitation Quantique à Boucles, Structuration de l'univers à
grande échelle, Modèle fractal autosimilaire des structures de
l'espace-temps...)
Tout cela lui paraît être tout à fait mystérieux sauf le dernier lien
qui parle de modèle fractal autosimilaire car, il a eu l'occasion de
prendre quelques cours de mathématiques traitant de ce sujet dans
son propre cursus universitaire. Il choisit donc de consulter cette
page...
Le vol s'est déroulé sans incident et, quelques heures plus tard, il
arpente le grand couloir circulaire du palais des congrès où il va
délivrer aux responsables de ce pays l'état des lieux du monde qui,
au delà des problèmes liés à la diminution de la natalité et à
l'augmentation de l'espérance de vie, a de plus en plus de mal à
gérer les désordres liés à sa croissance...
La conférence a été éprouvante car s'il était facile d'énumérer les
désordres de la planète il était plus difficile d'entrevoir les
mécanismes permettant un rééquilibrage et une régulation des
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activités humaines. De retour à l'hôtel, il prend une douche et
s'allonge sur le lit. Il repense à l'article, lu dans l'avion...
Un mois plus tard, le 15 Juillet, l'aéroport de Genève paraît
presque désert. Il faut dire que le plus grand congrès annuel
d'astrophysique est en cours depuis une semaine et que seuls les
couloirs et amphithéâtres du congrès fourmillent de chercheurs et
de journalistes. Zahed commande un taxi et indique sa destination
au chauffeur : Palais des congés PALEXO. Il a réservé une
chambre à l'hôtel CROWNE PLAZA, agrémenté d'un grand patio
propice à la détente et à la discussion ainsi qu'un service de
restauration fort apprécié des congressistes.
A son arrivée dans le hall de l'hôtel, il se dirige vers le panneau
d'affichage du programme des salles de congrès du palais et
parcourt la liste des thèmes abordés :
•Salle 1+2 : Congrès d'Astrophysique dirigé par le professeur al-
Jamil.
•Salle 3 : Congrès sur l'avancée des techniques de Reproduction
dirigé par le professeur Li yang.
•Salle 4 : Congrès sur l'évolution de la Démographie mondiale
dirigé par le Professeur Zahed Darwich.
Quelle coïncidence ! Il vient de lire un dossier sur le professeur et
celui-ci est en congrès à Genève en même temps que lui !
Cela ne le surprend pas vraiment car, toute sa vie, il a observé que
des évènements sans rapport semblaient en fait reliés par de
mystérieux fils... Il en était ainsi de ce que l'on dénommait « La loi
des séries » et, plus subtilement encore, d'enchainements
d'évènements qui apparaissaient liés par quelque mystérieuse loi
de cause à effet.
Il se rend au comptoir de l'accueil et se présente à l'hôtesse afin
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d'obtenir la clef ainsi que le numéro de la chambre qu'il a réservée
depuis Paris. Puis, l'envie lui prend de s'informer de la présence du
professeur al-Jamil dans cet hôtel et réussit par quelques sourires
dont il a le secret à obtenir son numéro de chambre, qu'il note
précieusement.
Sa chambre est spacieuse, équipée d'un grand lit, d'un espace
détente en angle et d'un bureau qui fait face à un écran Oled de
grande taille, fixé sur le mur. A droite du lit, un espace repas est
aménagé avec micro-onde, réfrigérateur et mini bar. Bref, du
classique mais avenant et fonctionnel. Il faut dire que les habitués
de cet endroit ont plus l'habitude de préparer leurs exposés à l'aide
de leurs portables que de contempler la décoration des lieux...
Zahed remarque quand même un TransPod central qui permet de
diffuser des programmes audio et vidéo dans toutes les langues et
par lequel transitent tous les services de l'hôtel (étages, cuisines,
réception, courrier, téléphonie, internet, laverie, spa, massages,
activités physiques, etc...).
Il décide de se détendre un peu avant d'aller dîner et commence
par se glisser dans un bain à remous après s'être servi un verre de
vin français.
La grande salle du restaurant est encore relativement déserte mais
il a l'habitude de dîner tôt et ce soir, il a décidé d'arriver en avance
pour s'installer à une table bien située, face à l'entrée, entourée de
cyprès qui ménagent un espace agréable à l'abri de l'agitation que
connaît cet endroit en période de congrès, ainsi, il pourra
discrètement repérer le professeur, au cas où il choisirait de dîner
ici ce soir.
La salle se remplit lentement, ce qui lui laisse tout le temps de
savourer l' antipasti qu'il a choisi et de surveiller l'entrée. 45
minutes s'écoulent, il commence à se dire que le professeur est
parti dîner en ville quand un groupe de 5 personnes se présente à
15
la porte du restaurant en étouffant quelques rires discrets.
Zahed pousse un petit soupir de satisfaction car il reconnaît tout de
suite la grande silhouette de Hadi al-Jamil qui précède une grande
et belle jeune femme aux longs cheveux noirs. al-Jamil s'adresse à
l'hôtesse puis regarde en direction de Zahed en acquiesçant. Les
cinq convives se dirigent vers une grande table à droite de la
sienne et s'installent.
Zahed commande une entrée mixte de charcuterie et de légumes
frais ainsi qu'une demie bouteille de chablis. Furtivement, il
observe la table voisine. Il sait déjà que la belle jeune femme qu'il
a entrevue à l'entrée n'est autre que l'amie du professeur et qu'elle
se prénomme Nathalie.
Parti dans ses pensées, il n'aperçoit pas la jeune femme asiatique
qui s'approche de sa table en lui tendant la main « Monsieur
Darwich ? ». Il lève la tête en souriant, répond « Bonsoir, que
puis-je pour vous ? ».
Oh, professeur, excusez-moi de vous déranger pendant votre dîner
mais j'ai appris en arrivant à Genève que vous étiez ici pour un
congrès. Comme je m'intéresse à vos travaux, je me suis promis de
vous rencontrer et ma foi, aucun lieu ne m'a paru plus propice à la
conversation. Mais permettez moi de me présenter : Professeur Li
yang, spécialiste des questions de natalité et de reproduction. Me
permettez-vous de m'assoir à votre table ?
Zahed était ravi de partager ce moment avec une si jolie femme,
qui plus est, experte en reproduction, il ne pouvait résister à son
charme...
Bien sûr professeur Li ! Je me souviens d'avoir lu votre nom sur le
panneau d'affichage central... Je vous en prie, prenez place, puis-je
vous offrir un apéritif ? Sans attendre la réponse, Zahed héla
discrètement un serveur et jeta un petit coup d'œil à la table de
droite : Le professeur était toujours là...
La conversation dépassa le stade de l' apéritif, ils en étaient au
16
repas. Le courant passait véritablement bien entre eux.
Cette jeune chinoise était passionnante ! Surtout son grand projet.
Quel espoir... Il ressentit un petit pincement au cœur car il pensa à
Annabelle et se promit de lui en parler dès le lendemain.
Li était une jeune femme très attachante et directe. Zahed lui avait
parlé des difficultés qu'ils avaient Annabelle et lui pour faire un
enfant. Cette spontanéité lui avait permis de s'exprimer librement.
Elle lui avait ainsi confié son homosexualité qui, sans être à
l'origine de ses recherches, n'en était certainement pas totalement
éloignée...
De retour dans le grand hall de l'hôtel, ils s'échangèrent leurs mails
et se souhaitèrent bonne fin de congrès.
Zahed en entrant dans sa chambre se dit qu'il avait loupé le
professeur mais qu'il ne regrettait rien car ces moments avaient été
non seulement agréables mais, en plus, riches d'espoir pour
l'humanité toute entière.
Il jeta un coup d'œil à sa montre : 23 heures 15... il était trop tard
pour appeler Annabelle mais il le ferait demain, en fin de matinée.
Il s'approcha du transPod et demanda la chambre 493. Une voix
fluette qu'il reconnu tout de suite décrocha « oui ? »
-Bonsoir mademoiselle Yang, ici Zahed Darwich. J'espère que je
ne vous dérange pas...
Je vous ai parlé de mon désir de rencontrer le professeur al-Jamil
mais je ne sais pas trop comment l'aborder alors, je me suis dit que
vous pourriez peut-être m'y aider...
-Ah oui, c'est le physicien... je dois vous avouer que moi aussi, j'ai
très envie de discuter avec lui car l' exobiologie est mon autre
passion et je me demande si nous arriverons un jour à parcourir
l'immensité de l'espace qui nous sépare des autres systèmes
17
planétaires. Et vous, que lui voulez-vous ?
-Eh bien, ce n'est pas bien défini mais, il est, je crois, un
spécialiste de la struc