Local financial inclusion and real capacity for action by rural women by Alioune NIANG MBAYE - HTML preview

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- L’existence d’un objectif commun et d’une mission sociale comme l’amélioration des conditions de vie des populations ;

- Le fait de donner la priorité à l’individu, pas en tant que bailleur de fonds mais en tant que personne souhaitant se développer socialement ;

- L’accessibilité des coopératives à tous ceux qui désire devenir membre pour induire un idéal de démocratie ;

- La prise de décisions de manière démocratique et consensuelle pour garantir à chaque membre ;

- Le choix des administrateurs par les membres associés pour respecter le critère de l’autonomie ;

- L’existence de liens sociaux solides et d’une confiance entre les dirigeants de la coopérative et la communauté ;

- Les membres sont à la fois clients et copropriétaires ;

- Les coopératives se développent à partir de la communauté locale et y sont ancrées ;

- La coopérative doit pouvoir se baser sur l’épargne des membres pour accorder des crédits ;

- Le crédit est accordé uniquement aux membres solvables ;

- La confiance solidaire et le contrôle social sont déterminants dans le succès ;

- L’objectif principal de la coopérative est de fournir du crédit à un taux avantageux ;

- Le bénéfice est secondaire, mais est important dans la mesure où il permet à la coopérative de poursuivre son action6.

Ce modèle coopérativiste a inspiré beaucoup d’institutions et s’est très rapidement propagé en Europe, en Amérique du Latin, en Asie et plus tard dans les pays africains.

La Grameen Bank : une expérience d’inclusion financière dans le tiers monde D’apparition ressente, la Grameen Bank a été créée en 1976 par l’économiste Muhammad Yunus, père fondateur du microcrédit dans le tiers monde. Lors d’une terrible famine au Bangladesh en 1974, la Grameen Bank en tant qu’institution non commerciale a émergé pour octroyer des microcrédits aux femmes.

Il s’est fait, une idée précise sur la situation des femmes par l’envoie de ses étudiants sur le terrain. Il identifia ainsi les causes de la précarité des femmes pour ensuite déterminer des moyens pour leurs faire sortir de leurs dures conditions. Ses investigations lui avaient révélé que les 6Verbraeken, M., Moors, K., Heyde, G., & Opdebeeck, B. (2009). Voyage au pays de la Microfinance.

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tisserandes interrogées avaient toutes des dettes auprès d’usuriers qui les maintenaient dans une situation de dépendance.

En effet, les femmes n’étant pas en mesure de rembourser leur dette, se retrouvaient ainsi dans un cercle vicieux de pauvreté. Après avoir remboursé pour elles leurs dettes, il leurs octroya un microcrédit tenant compte de leur spécificité, de leurs conditions de vie et de leurs possibilités.

C’est dans ce contexte que la Grameen Bank ou Banque des Pauvres a été créé avec comme objectif principal l’octroi de crédits à des personnes pauvres pour d’une part éviter leur marginalisation et d’autres part favoriser l’accès aux services financiers pour soutenir durablement les activités économiques. Mais il existe, derrière tout le dispositif de facilitation de l’accès aux services financiers des femmes, une réelle volonté de les protéger contre les pratiques usurières induisant une dépendance chronique et une exposition à une précarité.

En outre, avec la difficulté des femmes à constituer des garanties physiques suffisantes pour les préteurs, la caution solidaire a été adoptée comme une alternative de garanties pour les personnes en situation de pauvreté. La Grameen Bank avait donc lancée une nouvelle idée notamment l’inclusion financière des pauvres à partir de mécanismes d’autopromotion et de participation volontaire pour induire un modèle de microfinance axé sur la lutte contre la précarité et la dépendance. En outre, le succès de la Grameen Bank se situe dans sa capacité à concilier la logique financière et celle de la solidarité qui mise sur une valorisation des personnes en situation de pauvreté. Ils ont un bon « risque bancaire » et rembourse leurs prêts parfois même mieux que les riches.

En octobre 1983, la Grameen Bank se voit conférer le statut de banque indépendante. Ainsi, à la fin des années 90, le succès du microcrédit a donné naissance à la microfinance qui englobe aujourd’hui toute une gamme de services financiers à destination des pauvres : crédit, épargne, assurance, transfère d’argent, mobil money etc.

iii.

La microfinance en Afrique

La micro finance est apparue plus tard en Afrique sous conjonction de l’acuité de la pauvreté.

Selon Africa Microfinance Action Forum (2008), les premières SACCO seraient arrivées en Afrique par le Ghana en 19517. De plus, la première union de crédit semi formelle se serait établie 7AMAF (2008). Diagnostic pour l’action : La Microfinance en Afrique, Africa Microfinance Action Forum (AMAF)

et

Women’s

World

Banking

(WWB),

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p.

Récupéré

de

http://www.lamicrofinance.org/content/article/detail/23167?PHPSESSID=168869

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au nord du Ghana, en 1955, avec l’appui des missionnaires catholiques canadiens8.

Par ailleurs, nous notons au Nigéria l’existence de collecteurs d’épargne ou collecteurs susu. Ces derniers se chargeaient de la collecte périodique de l’épargne des individus au début du 20esiècle.

Ce modèle s’est ensuite étendu au Ghana9.

A ce sujet, Chao Beroff et al. (2000), soutiennent que les organisations d’épargne et de crédit en Tanzanie se sont développées dans les années 1960, même si leurs prémisses étaient constatées depuis 1938. Dans les années 80, avec les vastes programmes d’ajustements structurels pour l’Afrique, sont apparues les caisses villageoises d’épargne et de crédit autogérées au Mali10.

Cette période avait consolidé la micro finance comme une piste à explorer pour protéger les individus et les ménages en situation de pauvreté. Ainsi, à partir des années 1980, nous avons noté l’émergence d’une véritable industrie du microcrédit en Afrique.

D’ailleurs, le premier Sommet mondial du microcrédit s’est tenu à Washington en février 1997

pour accompagner ce processus révolutionnaire de généralisation de l’accès aux services financiers. En outre, les Nations Unies avaient aussi décrété 2005 comme l’année internationale du microcrédit (UNCDF, 2006)11.

Ces deux initiatives majeures, ont beaucoup contribué au renforcement de la microfinance en tant que stratégie de lutte contre la pauvreté.

Ce bref survol de l’historique de la microfinance, nous montre l’ancienneté de ces pratiques avec une focalisation sur l’amélioration des conditions des vies des personnes en situation de précarité.

Si les monts de piété avaient l’unique ambition d’inclure financièrement les pauvres et de les protéger contre les usuriers, le modèle coopérativiste Allemand a fait de la production un socle pour impulser un système d’épargne et de crédits avec la mise en place d’un dispositif d’organisations et de managements.

En outre, l’extension de la microfinance dans les pays du sud, peut être considérée comme une réponse pratique à l’accentuation de la pauvreté et du « mal vivre ».

Il se dégage de toute l’évolution de la microfinance une volonté d’inclure financièrement des personnes en situation de pauvreté et par la même occasion leur extirper de l’univers de la 8 Bank of Ghana (BOG) (2007). A Note on Microfinance in Ghana, document de travail no 2007-01, 18 p.

9 Johnson, Asiama et Victor Osei (2007). A note on Microfinance in Ghana, document de travail no 07/01, Bank of Ghana, 18 p

10 AMAF (2008). Diagnostic pour l’action : La Microfinance en Afrique, Africa Microfinance Action Forum(AMAF)

etWomen’s

World

Banking

(WWB),

143

p.

Récupérédehttp://www.lamicrofinance.org/content/article/detail/23167?PHPSESSID=168869

11 UNCDF (2006), Building Inclusive Financial Sectors for Development, United Nations Capital Development Fund (UNCDF), New York,

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marginalisation. Ce succès notoire de l’inclusion financière l’a prêté divers enjeux qui ont consolidés sa place dans l’économie.

iv.

Extirper les pauvre du gouffre de l’exclusion financière

La littérature s’est accordée sur le fait que l’inclusion financière doit prendre en charge la question de la pauvreté à travers la création d’activités productives, la lutte contre le chômage et l’amélioration des revenus. Au niveau des femmes en situation de pauvreté, l’inclusion financière est engagée comme un moyen pour réaliser leur autonomisation.

L’inclusion financière est la possibilité pour les individus et les entreprises d’accéder à moindre coût à toute une gamme de produits et de services financiers utiles et adaptés à leurs besoins (Banque mondiale, 2014). Ainsi, l’exclusion financière entraine une marginalisation, voire même un « handicap » dans l’accès ou l’usage (Morvant-Roux, et al., 2007).

Deux courants de pensés ont émergées en mettant le focus sur l’accès des pauvres aux services financiers. La première école, celle des welfaristes construit son approche à partir de l’évaluation de la performance du point de vue de la clientèle. La portée sociale et l’impact des services financiers sont ainsi les éléments d’appréciation de la performance de la microfinance. Asselin, et al., (2000) considèrent que l’école welfariste s’intéresse à la mesure de la pauvreté. En effet, l’efficacité d’un programme de micro-finance est évaluée à partir des changements produits avec l’amélioration des conditions sociales et économiques des pauvres.

En ce sens, Cornée (2007) affirme que l’accent est mis sur l’emprunteur à travers les études d’impact. L’impact est appréhendé à partir de sa portée sociale et de son degré. Ainsi, les caractéristiques socioéconomiques des clients sont appréhendées dans leur évolution.

Soulama (2004) révèle que les caractéristiques des clients des IMF laissent apparaitre une clientèle composée de la population pauvre ou vulnérable et des individus pratiquant des activités productives de survie. A cet effet, l’inclusion financière se voie obliger de tenir compte des besoins spécifiques des pauvres pour avoir un impact significatif sur leurs conditions de vie.

Ainsi, des stratégies sont développées pour réduire les effets des barrières socio-économiques et culturelles (Lafourcade, et al., 2005). Il est donc important de mesurer l’impact de la micro-finance à travers l’élargissement de ses services à tous les pauvres et les transformations sociales et économiques induites. Toutefois, la pérennité des opérations s’avère tout aussi importante. C’est pourquoi, la deuxième école, celle institutionnaliste ou de « marché financier », encouragé par la Banque Mondiale et les Nations Unies (Woller, et al., 1999), a privilégié dans son approche, l’évaluation de la performance des institutions de micro-finance.

Les IMF sont inscrites dans une logique de marché en insistant sur la volonté de mise en place des systèmes de micro-finance pérennes avec une massification du crédit (Briey, 2005). La

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rentabilité et l’autosuffisance financière constituent d’une part, un moyen de lutte contre la pauvreté et d’autre part, un facteur de pérennisation des services d’inclusion financière des pauvres exclus par les systèmes financiers classiques. En définitive, les deux écoles, bien qu’apparemment divergentes, sont en réalité complémentaires. La nécessité d’inclure financièrement les pauvres afin d’améliorer leurs conditions socioéconomiques apparait clairement comme une finalité partagée.

Burjorjee et Scola (2015) affirment, en ce sens, que l’inclusion financière devrait présenter « une situation où les particuliers et les entreprises ont l’opportunité d’accéder à la capacité d’utiliser une gamme diversifiée de services financiers adaptés ».

L’accessibilité financière devient un déterminant important et se définit, selon Classens (2006) comme « la disponibilité où l’offre de services financiers de qualité à un coût raisonnable ». Le coût est donc important dans le cadre des services financiers destinés à des personnes en situation de pauvreté avec des revenus faibles. Cela constitue une force pour les dispositifs d’inclusion financière de proximité tels que les associations d’épargne et de crédits et les GEC. Leurs services financiers sont disponibles et abordables pour être à la portée des femmes rurales. L’accessibilité, du point de vue physique et financière, est déterminante dans l’inclusion des pauvres aux services financiers. Beck, et al., (2007) considèrent « l’accès comme la possibilité des usagers d’utiliser les services financiers » du fait de leur disponibilité. Les possibilités d’utilisation concernent donc la disponibilité physique et l’adéquation entre les coûts de ses services et les possibilités des usagers. Par ailleurs, Helms (2006) souligne que l’accessibilité financière dépend de la complémentarité entre les différents prestataires de services.

Au Sénégal, les taux de pénétration des services financiers révèlent la persistance d’une exclusion financière. Le taux de pénétration est de 17,2% (ESRIF, 2017) et présente des disparités régionales. Il est faible dans les régions les plus pauvres du Sénégal notamment à Fatick (6,3%), Kaffrine (8,4%) et Kolda (12%) en 2016. En outre, nous avons l’existence de disparités dans l'accès aux services financiers entre les centres urbains et les zones rurales avec des taux respectifs de 31% et 10,4% (ESRIF, 2017).

C’est pourquoi l’inclusion financière apparait comme une innovation territoriale contribuant à la viabilité économique et la compétitivité des collectivités territoriales dans le cadre d’un développement local durable. Tomal et Hamidi (2020) ont abordé théoriquement l’innovation territoriale en la situant dans le rôle des proximités qui renvoi à la géographique, l’organisation, le cognitif, le social, et le cadre institutionnel ainsi que le rôle fondamental des institutions lui servant de cadre.

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Ainsi, l’inclusion financière de proximité, en tant que stratégie de lutte contre la pauvreté poursuit des finalités d’équité territoriale et sociale. En effet, face à ses contraintes, l’usage réel des services financiers au Sénégal est faible du fait de la morosité économique des collectivités territoriales. Malgré la progression de 24,21% en 2007 à 47,88% en 2017, le taux de bancarisation est encore faible au Sénégal. En outre, le taux d’utilisation des services bancaires est très faible et environne 17,93% en 2017 contre 9,14% en 2007 (BCEAO, 2018).

C’est pourquoi, les coopératives, les associations d’épargne et de crédits et les groupes d’épargne pour le changement se positionnent comme des alternatives d’inclusion financière pour compléter les efforts des IMF dans les zones pauvres et géographiquement éloignées et en même temps promouvoir un développement territorial et inclusif.

En ce sens, Sarr (2013) considère que « le mouvement coopératif et mutualiste est un acteur économique tant au plan local, régional qu’international avec plus de 800 millions de membres répartis dans plus de cent pays ».

Au Sénégal, les coopératives d'épargne et de crédit sont très présentes dans les secteurs de l’agriculture, de l’artisanat, de la foresterie, de la pêche et de l’habitat tout en remplissant de réelles capacités d’inclusion financière de micro-entrepreneurs à faibles revenus.

Seck, et al., (2017) ont montré, à travers une étude au Sénégal, que les coopératives de femmes évoluant dans l’artisanat peuvent induire une dynamique de changement grâce à une meilleure productivité, un accroissement des revenus, une amélioration des conditions de travail, une participation aux actions syndicales et au développement local.

Par ailleurs, les GEC, au même titre que les coopératives, fournissent des services financiers autogérés à des personnes à faible revenus comme les femmes plus particulièrement celles vivant en milieu rural. Leur essor est lié au fait qu’ils sont reproductibles à grande échelle dans les contextes économiquement fragiles et vulnérables. L’Agence Ecofin (2020) estime qu’il existe près de 750 000 groupes d’épargne dans le monde, qui rassemblent plus de 15 millions d’adhérents dans 73 pays. L’Afrique Subsaharienne polarise à elle seule 250 000 groupe d’épargne (Saving groupe exchange, 2017). La littérature confirme ainsi que les GEC contribuent effectivement à l’inclusion financière des personnes pauvres à faibles revenus.

En effet, avec le faible taux d’accessibilité financière, les dispositifs d’inclusion financière de proximité se positionnent comme des alternatives viables dans le contexte rural. Cependant, l’accessibilité financière trouve toute son efficacité dans l’adaptation de l’offre de services financiers aux réalités des pauvres. Claessens (2006) et Morduch (1999) ont soutenu, à ce propos, trois dimensions à savoir la disponibilité, la fiabilité et la continuité. Dans le même ordre d’idées, Kumar, et al., (2007) ont proposé l’analyse de l’accessibilité financière à travers l’accès physique,

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le coût abordable et la convenance pour montrer la nécessité de considérer les conditions des personnes pauvres. Le caractère abordable proposé par Claessens (2006), et qui s’intéresse au coût, intègre la dimension de la flexibilité de Morduch (1999). Il en est de même que l’éligibilité qui se réfère aux conditions requises pour que les usagers accèdent aux services financiers.

L’accès reste donc un déterminant fondamental qu’il faut considérer dans tous les dispositifs d’inclusion financière qu’ils soient formels ou informels. Dans tous les pays en voie de développement, il existe d es facteurs défavorables à l’accès et l’utilisation des services financiers par les femmes. La Banque Mondiale (2012) à travers une étude a identifié le niveau de revenus, le genre, le niveau d’éducation, l’âge ou l’urbanisation comme déterminant dans l’accès et l’utilisation des services financiers. Demirgüç-Kunt, et al., (2012) ont confirmé que le niveau de revenus, le genre, le niveau d’éducation, l’âge ou l’urbanisation agissent sur l’inclusion financière. Ces différents paramètres concernent les femmes rurales et expliquent leur exclusion financière.

Selon Demirgüç-Kunt et Klapper (2012), l’accès aux services financiers peut être favorable à toutes les couches de la société si la croissance économique et le niveau de développement atteignent des niveaux acceptables. Toutefois, l’accessibilité des services financiers ne garantit guère leur utilisation par les individus exclus financièrement.

Morvant-Roux et Servet (2007) conviennent que « la disponibilité d’une offre de qualité raisonnable et à un coût abordable c’est-à-dire l’accès se distingue de l’utilisation effective des services ». Claessens (2006) considère l’utilisation comme la consommation réelle de services financiers. Il soutient, également, que l’utilisation dépend des conditions requises pour accéder aux services financiers limités. Ainsi, l’utilisation des services financiers devrait induire des résultats, des effets et des impacts de manière globale sur les conditions socio-économiques des usagers.

Par ailleurs, pour susciter une demande, l’offre de services financiers doit être de qualité avec un coût abordable et des conditions d’accès adaptées aux besoins des usagers. Claessens (2006) a souligné des paramètres de la qualité des produits financiers en se rapprochant des critères de convenance et de flexibilité.

En outre, Bouquet, et al., (2009) cités par Sangaré (2013) ont souligné que la qualité des services financiers fait référence à « l’adéquation de leurs caractéristiques et de leurs modalités de fourniture avec les différentes catégories d’usagers, ainsi que les différents besoins manifestés par une même catégorie d’usagers ».

Par conséquent, l’adaptation de l’offre de services financiers aux besoins spécifiques des femmes pauvres est très déterminante pour leur autonomisation. En réalité, l’accès des femmes à des

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services financiers de qualité et leur utilisation leur permet de conquérir des pouvoirs et des capacités. En effet, pour affranchir les femmes du gouffre de la pauvreté, il est important de leur garantir l’accès à des services financiers et leur utilisation.

3.2 Autonomiser les femmes pauvres

i) L’autonomisation des femmes au sens général

L’autonomisation, au sens général, permet à un individu ou à un groupe de détenir un pouvoir qui lui permet de changer sa propre situation. Né au cours des décennies qui ont suivi la promulgation de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 194812, le concept d’autonomisation des femmes a été intégré comme une finalité de développement social et humain, dans divers domaines de connaissance. L’autonomisation concerne des domaines aussi variés comme l’accès à l’éducation, à la santé, aux débouchés économiques, au pouvoir au sein du ménage et plus largement de la société.

L'American Heritage Dictionary of the English Language (2000) définit’« empowerment» ou autonomisation comme le fait d’octroyer le pouvoir (« to invest withpower »)13.En effet, l’autonomisation permet à un individu ou à un groupe de détenir un pouvoir qui lui permet de changer sa propre situation. L’autonomisation devient dès lors un processus pour « octroyer à une personne une capacité ou une habilitation perçue comme un droit » (Everaere, 2001)14.

En parlant de droit, nous pouvons poser l’hypothèse selon laquelle les personnes à autonomiser sont en situation d’exclusion et de dépendance. En ce sens, « autonomiser revient à accorder à autrui un droit » qui devrait lui permettre de participer pleinement à l’évolution de la société. Par ailleurs, le pourvoi d’une autorité à une personne se situe dans une perspective d’autonomisation dans la mesure où cette dernière se dote un pouvoir d’agir sans faire face à un obstacle.

L’autonomie se situe donc dans la dimension d’un pouvoir acquis par l’individu qui lui permet

« d’être habilité, d’avoir un droit, une faculté ou une accréditation » Everaere (2001).Nous rejoignons ainsi la conception anglo-saxonne de l’«empowerment » dérivé du verbe « to empower » qui signifie « autoriser, habiliter, octroyer un pouvoir ».

En effet, l’individu acquiert un certain niveau de développement lui permettant de faire un arbitrage pour décider et faire les choix qui lui conviennent. Izugbara (2004) considère l’autonomisation comme « le processus en vertu duquel elles réussissent à sórganiser pour 12 Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948

13 Heritage Dictionary of the English Language (2000) p. 586-587)

14 C. Everaere « L’autonomie dans le travail : portée et limites. Revue française de gestion. N°134. Juin-JuilletAout 2001. 15-26.

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augmenter leur indépendance, le droit de faire leurs propres choix et de contrôler les ressources qui permettent de défier et éliminer leur subordination aux autres ». L’autonomie s'exerce toutefois, dans le respect des lois, des usages communs et des réalités socioculturelles. En ce sens, l’«empowerment »est lié aux institutions, aux lois: ce qu’elles permettent de faire ou de ne pas faire (Charlie,2007).

A la lumière de cet éclairage conceptuel l’autonomie est un état d’esprit et de développement mental qui découle de l’acquisition de capacités propres par un individu, à se doter d’une liberté d’accepter ou de refuser de manière consciente pour décider, d’engager des actions en se référant à son pouvoir.

Par ailleurs, malgré la diversité de définitions données à l’autonomisation, elle reste liée aux théories du genre revendiquant l’équité et l’égalité entre les sexes dans différents domaines de la vie. Il peut être considéré comme l’acquisition du droit de parole et de la reconnaissance sociale. Il peut aussi faire référence aux structures décisionnelles et il doit en tout temps décrire un processus égalitariste entre genres. Kabeer(2005) considère que l’autonomisation des femmes permet de lutter contre leur état de pauvreté à partir du moment qu’elles ont des capacités réelles d’action et des ressources qui sont à la base de leur réalisation. En ce sens, l’inclusion financière peut favoriser une autonomisation des femmes dans la mesure où des ressources leurs sont fournies.

Ainsi, l’autonomisation se situe dans l’acquisition d’un pouvoir de choisir pour les personnes qui étaient naturellement dans une position de subordination et de dépendance.

L’autonomisation est donc un pouvoir acquis qui permet d’anéantir voir d’éliminer des rapports de dépendances et de subordination.

Sur le plan économique, il s’agit pour un individu ou un groupe d’accéder et contrôler des ressources, de pouvoir choisir pour produire, échanger, diriger et accéder à des circuits financiers sans subir aucunes dépendances vis-à-vis de personnes ou de groupes naturellement favorisés par le système social et économique.

L’équité économique peut donc se percevoir dans l’autonomisation qui devient ainsi, une stratégie de lutte contre la pauvreté que Kabeer (2005) considère comme « un dénuement matériel,

avec

des

causes

qui

s’enracinent

danslesrelationsdepouvoirdéterminantlarépartitiondesressourcesmatérielles et symboliques les plus valorisées dans la société ».L’autonomisation des femmes est donc liée aux stratégies de lutte contre la pauvreté et la précarité et cela est d’autant plus primordial dans les sociétés rurales et les zones géographiquement enclavées.

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En effet, les femmes pauvres des zones rurales sont en position de subordination et de dépendance par rapport aux hommes qui ont une maitrise privilégiée des ressources matérielles et du pouvoir de décision (Kabeer, 2005, p.211-212).Cette situation problématique est très importante dans notre recherche, car elle nous permet d’appréhender objectivement les plus-values servies par l’inclusion financière à l’autonomisation des femmes rurales.

Kabeer (2005) aborde l’«empowerment » des femmes à trois niveaux c’est-à-dire : la capacité de choisir, les processus qui confèrent la capacité de choisir à des personnes et enfin les évolutions et les changements produits. Ces trois notions différentiées sont intimement liées et constituent des moyens pour autonomiser les femmes. En effet, à travers un processus bien déterminé, les femmes accèdent à une capacité de choix pour que s’opèrent un changement social et une transformation des relations de genre.

Dans le cadre de notre recherche, nous considérons l’inclusion financière comme le processus à la base de la dotation de capacités aux femmes et de la transformation sociale.

L’autonomisation des femmes pourrait certainement être réalisée par une inclusion financière qui permet à ces dernières d’opérer des choix sans aucune contrainte. La capacité de choix des femmes serait donc le facteur qui produit le pouvoir. Toutefois, la conscience des femmes sur les possibilités de choix favorise leur autonomisation qui est en quelque sorte, une volonté manifeste de conquête du pouvoir.

Par ailleurs, l’autonomisation des femmes est un concept dérivé de l’approche genre qui en fixe ses divers contours voire même ses principes.

ii) La dimension économique de l’autonomisation des femmes

Sur le plan économique, l’autonomisation des femmes est réelle quand les femmes accèdent aux ressources et participent à leurs contrôles. En ce sens, elles ont des possibilités de choix pour produire, échanger, et accéder à des circuits financiers sans subir de dépendance vis-à-vis des hommes naturellement favorisés par le système social et économique.

Stromquist (1995) fait d’ailleurs, de l'autonomisation « un processus qui transforme les rapports de forces à la fois dans les relations interpersonnelles et dans les Institutions de la Société ».La transformation des rapports de force dans le système économique garanti aux femmes la possibilité d’accès et de contrôle des ressources.

Lazo (1995) situe la portée économique de l’autonomisation dans «le processus d'acquisition, de répartition, d'attribution des ressources et des moyens ou biens permettant d'accéder à la maîtrise

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de ceux-ci ». Ainsi, l’autonomisation économique des femmes suppose leur accès aux ressources et leurs capacités à participer à leur contrôle et leur maitrise qui exercent des effets sur leur capacité de choix et leur pouvoir d’agir.

L’autonomisation des femmes s’intéresse donc à l’accès et au contrôle des ressources qui sont les déterminants d’une participation économique responsable. La participation économique des femmes fait partie intégrante de l’approche genre, en tant que courant visant l’intégration des femmes au développement avec la prise en compte de leur spécificité, leur besoin et ceci dans une perspective d’instaurer une équité entre les sexes. L’ONU (année) avait d’ailleurs déclaréladécennie1975-1985, « la décennie pour la femme ». Un des défis lancés pour cette décennie était l’accès des femmes au crédit et leur autonomisation.

En effet, l’équité de genre à travers l’autonomisation des femmes visait l’octroi de capacités, de pouvoirs et de liberté pour sous-tendre une inclusion sociale et économique.

L’inclusion financière des femmes, en tant que source éventuelle de leur autonomisation, est une stratégie incitative de l’équité de genre qui est une des finalités de l’autonomisation des femmes.

En effet, c’est de par l’accès aux services financiers que se construisent en faveur des femmes des capacités et des pouvoirs axés sur le pouvoir et la capacité d’actions sur le plan économique.

Comme le souligne Veldkamp (2013), « l’autonomisation de la femme est un processus par lequel une femme acquiert par elle-même suffisamment de capacités pour prendre elle-même des décisions importantes au niveau économique, social, politique, familial, médical etc. ».

L’équité de genre peut donc se percevoir dans l’équité économique qui permet de garantir aux femmes les mêmes chances que les hommes en matière d’accès aux ressources, aux opportunités et aux systèmes de production. Kabeer (2005) considère que la pauvreté est « un dénuement matériel,

avec

des

causes

qui

s’enracinent

danslesrelationsdepouvoirdéterminantlarépartitiondesressourcesmatérielles et symboliques les plus valorisées dans la Société ».

Cela nous amène à faire de l’autonomisation économique une conséquence des transformations sociales dans les relations de genre. Toutefois, l’autonomisation économique des femmes peut induire les sociétés dans des transformations du fait de l’acquisition par les femmes de pouvoirs et de capacités d’actions.

En effet, les femmes pauvres dans les zones rurales sont en position de subordination et de dépendance par rapport aux hommes qui assurent la maitrise des ressources matérielles ainsi que du pouvoir de décision. Cette situation problématique revêt une importante dans notre recherche. En effet, nous appréhendons objectivement les plus-values servies par l’inclusion financière à l’autonomisation des femmes rurales.

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En réalité, du point de vue de l’accès et de l’utilisation des services financiers, dans les pays en voie de développement, les femmes ont moins davantage que les hommes. Cette situation est encore beaucoup plus frappante chez les femmes rurales du fait de leur faible présence dans les emplois salariés et leur occupation dans des secteurs économiques de moindre importance.

A cet effet, les femmes doivent accéder aux services financiers et les utiliser pour leur promotion économique pour sous-tendre leur autonomisation.

Morvant-Roux et Servet (2007) souligne aussi que la disponibilité d’une offre de qualité raisonnable et à un coût abordable c’est-à-dire que l’accès se distingue de l’utilisation effective des services.

En ce sens, l’accès et l’utilisation des services financiers contribuent à l’équité de genre. Selon la Banque Mondiale, l’égalité des genres est une thématique transversale à prendre en compte dans le cadre du développement, afin de mettre fin à la pauvreté extrême et de promouvoir une prospérité partagée.

En réalité, les inégalités de genre sont une des causes fondamentales de l’extrême pauvreté. Ainsi les stratégies d’inclusion financière des femmes sont considérées comme des moyens pour éviter leur marginalisation et leur exclusion.

En outre, la résilience des économies est réelle, lorsque tous les membres de la société, en l’occurrence les femmes, participent au développement économique. La Banque Mondiale (2014) encourageait, d’ailleurs les gouvernements et les sociétés à adopter une approche multidimensionnelle pour réduire les inégalités et promouvoir l’autonomisation économique, sociale et politique des femmes. Parmi ces approches, l’inclusion financière y figure dans une place de choix. A ce sujet, FinDev (2018) considère que les services financiers permettent aux femmes d’affirmer leur pouvoir économique et de favoriser la parité de genre. Ils donnent en effet aux femmes des moyens indispensables d'avoir un emploi indépendant, d'accumuler des actifs et de prendre une plus grande part aux décisions.

En ce sens, l’accès et l’utilisation de produits et services financiers adaptés peuvent contribuer à accompagner le travail rémunéré et non rémunéré des femmes (FinDev, 2018). La capacité des femmes à accéder au financement et à gérer leur argent est un indicateur de leur autonomisation.

En effet, leur accès aux services financiers agit positivement sur le bien-être de leurs ménages mais aussi sur la communauté dans son ensemble.

Il est en outre établi que l’autonomie financière d’un plus grand nombre de femmes peut contribuer à « briser la croyance selon laquelle seule la voix de l’homme compte dans le ménage ».

iii)

La face cachée de la pauvreté des rurales

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La pauvreté des femmes trouve certaines de ses racines dans les systèmes de structuration des sociétés leur réservant souvent un statut social défavorable. Mbodj (1997) a mis en évidence dans la société Wolof, la définition du rôle et des statuts des hommes et des femmes à partir de la naissance avec le rituel du massage. En effet, le massage de la fille tente de configurer une beauté physique et comportementale qui la prépare à la subordination et la dépendance. Quant à l’homme, il est préparé comme le détenteur de la puissance physique et de l’autorité. Ainsi, le système de socialisation le prépare avec un instinct de dominateur qui doit exercer son autorité.

Par ailleurs, avec une forte prédominance du système patriarcal, les ménages reproduisent un système de relation sociale et économique avec une subordination des femmes et une domination des hommes. Adjamagbo, et al., (2004) cités par Sarr (2015) ont confirmé dans leurs travaux que l’homme incarne le pouvoir et la femme, à travers un conformisme, accepte la soumission. Ainsi, le statut social des femmes a une portée culturelle et se répercute dans les relations de genre. L’UNICEF (2015) soutient également que le faible pouvoir de décision des femmes est lié à la dépendance économique et aux normes sociales. Ainsi, les normes sociales renforcent le pouvoir de l’homme à qui les femmes et les enfants manifestent une obéissance.

Sarr (1997) considère que l’obligation des femmes et des enfants de se soumettre à l’homme s’explique par le fait que ce dernier à un pouvoir économique et s’occupe de sa famille. Cette situation confère à la femme un statut social qui l’écarte des principales décisions tant sur le plan économique que social.

Mbodj (1997) l’a confirmé avec le droit de l’homme de disposer d’un travail rémunéré à l’extérieur de l’habitation pour se donner ainsi un pouvoir de direction, de décision et de domination. Ainsi, le pouvoir économique influence le statut social de la femme qui lui-même dépend des relations de genre.

Sur cette lancée, Sagna (2015) a montré que le statut et le rôle de « chef de famille » et de principal pourvoyeur de revenus fondent le pouvoir et l’autorité de l'homme. De ce fait, l’octroi de capacités économiques aux femmes peut agir sur l’amélioration de leur statut social à travers la participation à la prise de décision et la capacité de négociation.

Stromquist (1995) va dans le même sens en considérant l'autonomisation comme « un processus qui transforme les rapports de forces à la fois dans les relations interpersonnelles et dans les institutions de la société ». En effet, la transformation des rapports de force dans le système économique garantit aux femmes la possibilité d’accès et de contrôle des ressources. Lazo (1995) situe la portée économique de l’autonomisation dans « le processus d'acquisition, de répartition, d'attribution des ressources et des moyens ou biens permettant d'accéder à la maîtrise

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de ceux-ci ». A ce titre l’acquisition de capacités permet aux femmes de s’inscrire dans un processus d’autonomisation.

Au Sénégal, Sagna (2015) révèle qu’en milieu rural, les femmes pauvres sont en situation de dépendance par rapport aux hommes qui assurent la maitrise des ressources matérielles ainsi que du pouvoir de décision. En outre, elle souligne que les femmes rurales font faces à la lourdeur des tâches domestiques. Cette situation problématique explique l’incapacité des femmes rurales à exercer des activités hors de leurs foyers et à participer au contrôle des ressources.

Mtemwa (2018), considère que la capacité économique, élément déterminant de la parité de genre, permet aux femmes de réaliser leur autonomisation. Sous ce rapport, comme confirmé dans la littérature, l’accès aux services financiers agit positivement sur l’autonomisation des femmes tant sur le plan social qu’économique. En effet, les femmes accèdent à des pouvoirs et des capacités leur permettant de participer pleinement aux systèmes sociaux et économiques.

Ainsi, l’autonomisation des femmes permet de lutter contre leur état de pauvreté à partir du moment qu’elles ont des capacités réelles d’action et des ressources qui sont à la base de leur réalisation. Kabeer (2005) a analysé l’autonomisation des femmes à travers trois dimensions :

 la capacité de choisir qui renvoie à la question du pouvoir avec toutes ses structures ;

 les processus qui confèrent la capacité de choisir aux femmes c’est-à-dire les moyens qui sont mis à leurs dispositions ainsi que les facteurs qui jouent en leur faveur ;

 les évolutions et les changements produits qui mettent en exergue la capacité d’influence des femmes dans la société.

Ces trois dimensions différentiées sont intimement liées et constituent les fondements de l’autonomisation des femmes.

Cette conception de l’autonomisation rejoint celle de Mayoux (2006) qui l’assimile à un ensemble de pouvoirs intégrés qui fondent le potentiel d’action des femmes. Ces auteurs ont introduit les effets produits par la fourniture de ressources aux femmes pauvres à travers l’octroi de capacités et le paradigme de l’empowerment se situant comme un impact de l’inclusion financière. En établissant un lien entre l’inclusion financière des femmes et la lutte contre la pauvreté, les capacités réelles d’action apparaissent comme un impact produit par l’accès aux ressources notamment l’épargne et le crédit.

En d’autres termes, l’inclusion financière améliore le statut social des femmes à travers : (i) l’accès à des services financiers de qualité adaptés à leurs caractéristiques socioéconomiques ; (ii) les ressources fournies aux femmes pauvres contribuent de manière significative à l’évolution de leurs capacités réelles d’actions à travers le pouvoir de décider, la capacité de négocier et le

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portage d’aspirations. L’inclusion financière des femmes agit positivement sur l’évolution des capacités réelles d’actions qui du reste engendre une transformation des relations de genre.

4. Chapitre 4 : Etude de l’impact de l’inclusion financière de proximité sur les capacités réelles d’actions des femmes rurales au Sénégal

4.1 Démarche Méthodologique

i)

Cadre d’analyse et modèle conceptuel

Cette recherche, de nature qualitative, s’appuie sur la philosophie du pragmatisme avec une valorisation des connaissances, des représentations et des pratiques des femmes rurales.

Bohman (2002) précise d’ailleurs que « le savoir peut être pratique de beaucoup de manière »

pour montrer comment la connaissance et plus largement les appréciations et les perceptions peuvent être construites à partir de l’action. Ainsi, pour appréhender les questions de pouvoirs

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dans la situation sociale des femmes rurales, la valorisation de leur représentation, connaissances et pratiques reste l’option de cette recherche. Elle s’est appuyée sur les modèles d’analyse de l’autonomisation des femmes de Kabeer (2005) et Mayoux (2006) qui s’accordent sur la nécessité d’appréhender l’octroi de ressources aux femmes comme un moyen de leur doter des pouvoirs et des capacités fondant leur empowerment.

A la lumière du modèle conceptuel suivant, nous avons identifié les dimensions des capacités réelles d’actions des femmes. Il s’agit notamment du pouvoir de décision (i), de la capacité de négociation (ii) et du portage d’aspiration (iii).

Figure 9 : Modèle conceptuel de la recherche

Lut te contre l’extrême pauvreté des femmes rurales

Théories de l’autonomisation

des femmes

Epargnes et crédits des GEC

Pouvoir de décision, capacités

Théories de l’inclusion financière

de négociation et le portage

VI

d’aspiration

VD

Approche d’inclusion financière

Ser vices Financiers de Proximité

H1 : L es GEC soutiennent durablement un

H2 : les services financiers de proximité

accès à des services financiers de qualité et

favorisent l’évolution des capacités réelles

leur ut ilisation par les femmes rurales en

d’action des femmes rurales dans les zones

situation de pauvreté.

géographiquement éloignées.

Source : Auteur

Ce modèle de recherche avec sa portée qualitative tire donc tous ses fondements dans la problématique qui a guidé la revue de la littérature et la définition de l’objectif de recherche. En outre, nous partons de deux hypothèses de recherche à savoir :

- les GEC soutiennent durablement un accès à des services financiers de qualité et leur utilisation par les femmes rurales en situation de pauvreté.

- les services financiers de proximité favorisent l’évolution des capacités réelles d’action des femmes rurales dans les zones géographiquement éloignées.

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Ces deux hypothèses s’enracinent sur l’hypothèse principale : l’inclusion financière agit positivement sur l’accroissement des capacités réelles d’action des femmes rurales en situation de pauvreté.

Par ailleurs, à partir des hypothèses, les investigations sont parties de l’exploration des théories relatives à l’inclusion financière et aux capacités réelles d’action des femmes tout en évoquant dans chaque domaine les piliers qui devraient supporter les analyses. A cet effet, l’épargne et le crédit sont considérés comme des variables indépendantes qui agissent sur les capacités réelles d’action des femmes.

Ces capacités sont analysées à partir de trois paramètres qui constituent les variables dépendantes. Nous avons, notamment, la participation aux prises de décisions, la capacité de négociation et les aspirations.

ii)

Méthodologie et échantillonnage

L’enquête est réalisée auprès des femmes ayant adhérées aux GEC. La méthode d'échantillonnage est de type stratifié et s’est appliquée à l’échelle des collectivités territoriales dans trois régions parmi les plus pauvres du Sénégal. Nous avons en effet 19 collectivités territoriales où sont développés des programmes d’inclusion financière des femmes rurales avec 7 pour Fatick, 6 pour Kaffrine et enfin 6 pour Kolda. Nous avons dans le cadre de l’étude sélectionné 9 collectivités territoriales (3 par région) sur la base des critères de la polarité, du dynamisme économique et de l’expérience des GEC.

Le nombre total de GEC dans les 19 collectivités territoriales est de 100 avec 40 pour Fatick, 30

pour Kaffrine et 30 pour Kolda répartis au niveau des villages avec un effectif de 25 femmes par GEC. De manière proportionnelle, nous avons sélectionné 36 GEC en considérant les niveaux de performances financières.

Pour l’étude de l’impact de l’inclusion financière sur les capacités réelles d’action des femmes rurales, nous avons réalisé une enquête auprès d’un échantillon non probabiliste de 36 GEC. Ces GEC sont identifiés de façon aléatoire au niveau des collectivités territoriales sélectionnées. Sur une population mère de 900 femmes appartenant à 36 GEC, nous avons constitué un échantillon de 180 femmes. Les femmes enquêtées sont celles qui ont accepté de se soumettre aux entrevues et sélectionnées avec l’appui des personnes ressources des structures d’appuis.

Comme illustré dans le tableau suivant, l’enquête a couvert 03 régions administratives, 09

collectivités territoriales, 36 GEC et 180 femmes.

Tableau 3 : Echantillon de femmes enquêtées par région

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Nombre de

Nombre de

Nombre de

collectivités

collectivités

Nombre de

Nombre de

GEC mis en

Régions

territoriales

territoriales

GEC de

femmes

place par le

concernées par le

couvertes par

l’échantillon

interviewées

programme

programme

l’enquête

Fatick

7

40

3

14

72

Kaffrine

6

30

3

11

54

Kolda

6

30

3

11

54

Totaux

19

100

9

36

180

Source : Auteur

L’analyse de l’impact de l’inclusion financière sur les capacités réelles d’action des femmes rurales est toutefois d’une certaine délicatesse à cause de toute la subjectivité qui pourrait y apparaitre. Ainsi, le choix d’outils adaptés s’est avéré nécessaire dans cette étude, eu égard à l’intention de rester dans toute la philosophie de la recherche qualitative. Par conséquent, nous avons combiné le guide d’entretien individuel semi-directif, l'observation participante et la collecte de données secondaires.

4.2 Résultats

4.2.1 Caractéristiques socioéconomiques des femmes participantes à l’étude Dans cette sous-section, il est question de dégager les caractéristiques socioéconomiques des femmes rurales membres de GEC. Ces dernières sont dans une situation de précarité et d’exclusion financière. Nous avons identifié l’âge, la situation matrimoniale, le type de famille, le nombre d’enfants et le niveau d’instruction pour cerner leur profil.

i)

Répartition des femmes selon l’âge :

L’âge des femmes varie entre 27et 62ans. Par ailleurs, une analyse de la répartition selon l’âge révèle que la tranche d’âge de 35 à 45 ans est majoritaire au niveau des GEC avec 47,22%.Le tableau suivant indique la répartition des femmes selon l’âge.

Tableau 4 : Répartition des femmes selon l’âge

Localité

Fatick

Kaffrine

Kolda

Total

Tranche d’âge

Effectif

Effectif

Effectif

Effectif

%

Moins de 35 ans

14

18

16

48

26,67

[35 ans- 45 ans]

29

28

28

85

47,22

[45 ans- 55 ans]

11

11

12

34

18,89

Plus de 55 ans

6

3

4

13

7,22

Total

60

60

60

180

100

Source : Auteur

Page 65

En outre, il ressort de notre enquête que la moyenne d'âge des femmes est de 42 ans. Cela montre que les femmes épargnantes ont en général un certain niveau de maturité. D’ailleurs la tranche d’âgesde35à 45ans est largement majoritaire suivie, par ordre, des tranches d’âge de moins de 35 ans, de 45 ans-55 ans et plus de 55 ans. Les femmes âgées de plus de 55 ans sont moins représentées en ce sens les besoins en épargne et crédit sont plus forts durant la tranche d’âge de 35 à 45 ans période durant laquelle les femmes sont très actives avec des responsabilités sociales affirmées.

ii)

Répartition des femmes selon la situation matrimoniale :

La majeure partie des femmes membres de GEC sont mariées à hauteur de 78,33%. Cela est liée au fait que la situation matrimoniale constitue dans les sociétés traditionnelles une marque de responsabilité sociale. Comme l’ont souligné Sarr(1997) et Adjamagbo, Antoine et Dial(2004), le mariage consolide les responsabilités d’épouse et de mère.

Le graphique suivant indique la répartition des femmes selon le statut matrimonial.

Figure 10 : Répartition des femmes selon la situation matrimoniale

100

78,33

80

60

40

15,56

20

3,89

2,22

0

Célibataire

Mariée

Divorcée

Veuve

Source : Auteur

En outre, les données révèlent la présence dans les GEC des divorcées (15,56%), des veuves (2,22%) et des célibataires (3,89%).

Les résultats montrent que le besoin en service financiers est influencé par le statut matrimonial qui confère aux femmes rurales des responsabilités domestiques.

iii)

Répartition des femmes selon le type de ménage :

Le type de ménage peut être considéré comme un soubassement des traditions et des réalités socioculturelles.

Ainsi, en milieu rural, la majorité des femmes sont dans des ménages polygames. Sur 141 femmes mariées interviewées, dans la population à l’étude, les 63,83% sont dans des ménages polygames.

De l’avis des femmes, le type de ménage accroit les besoins économiques du fait que chaque

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épouse a une responsabilité sur ses enfants. Ainsi l’adhésion aux GEC et selon elles un moyen pour accéder à des ressources afin de faire face aux besoins de leur ménages et de leurs enfants.

iv)

Répartition des femmes selon le nombre d’enfant :

Les femmes interviewées durant notre étude sont pour la grande majorité des mères de famille.

En effet, 38,89% des femmes ont entre 3 et 5 enfants et 33,33% d’entre elles ont entre 1 et 3

enfants. En outre, 16,67% des femmes ont entre 5 et 7 enfants et 5% d’entre elles n’ont pas d’enfants.

Ces données, présentées dans le graphique suivant montrent que la fécondité des femmes est relativement importante.

Figure 11 : Répartition des femmes selon le nombre d’enfants

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

0

[1-3]

[3-5]

[5-7]

Plus de 7

Source : Auteur

Par ailleurs, il faut signaler que les femmes attachent aussi une importance au fait d’avoir des enfants et le lit à leur statut social. Elles avouent également que le besoin d’inclusion financière et de promotion économique est influencé par la pesanteur des charges liées à l’entretien des enfants et l’amélioration de leurs conditions sanitaires.

v)

LE NIVEAU D’INSTRUCTION DES FEMMES

Le niveau d’instruction des femmes membres de GEC est relativement faible. Comme le montre le graphique suivant, notre étude révèle que 52,78% des femmes enquêtées n’ont pas fréquenté l’école. Dans la population à l’étude, 38,89% des femmes ont un niveau d'étude élémentaire, 7,22% d’entre elles ont un niveau d’étude moyen et 1,11% pour le supérieur.

Figure 12 : Niveau d’instruction des femmes

Page 67

Image 6

1,11%

7,22%

Aucun niveau

élémentaire

moyen

38,89%

52,78%

supérieur

Source : Auteur

Cela montre une faiblesse du niveau d’instruction des femmes rurales à l’enquête et l’existence de l’analphabétisme qui pourraient être un obstacle à l’autonomisation des femmes. De l’avis des femmes le faible niveau d’instruction et l’analphabétisme constituent des obstacles à l’exercice d’activité en dehors du foyer. Elles affirment à cet effet, que l’inclusion financière est un moyen privilégié pour accéder à des activités génératrices de revenus

4.2.2 Accès des femmes rurales aux services financiers

L’accès des femmes aux services financiers est une des conditions de leur habilitation sociale et économique. En effet, il leurs permet de créer des activités économiques et d’améliorer leurs revenus. Ainsi, les femmes rurales en situation d’extrême pauvreté et exclues par les banques et les IMF bénéficient de programmes d’inclusion financière de proximité.

A cet effet, les groupes d’épargne pour le changement ou « saving group » délivrent aux femmes des services financiers de proximité avec l’appui des ONG, des programmes de l’Etat et des projets de développement. La capacité des GEC à fournir aux femmes rurales des services financiers notamment l’épargne et le crédit est déterminante pour leur inclusion sociale et économique. Les GEC, en tant que dispositifs d’inclusion financière de proximité, favorisent, en milieu rural, l’accès des femmes à l’épargne et au crédit. L’épargne est volontaire et les femmes s’y adonnent en fonction de leurs revenus pour obtenir des micro-crédits.

Notre étude atteste la fiabilité de l’épargne car 90% des femmes enquêtées affirment n’avoir aucune contrainte pour épargner dans les GEC. Celles qui ont des difficultés pour épargner évoquent comme raison l’insuffisance des revenus. En outre, les motivations et les comportements des femmes montrent qu’elles ont une bonne perception sur les finalités de l’épargne. Comme nous le montre le graphique suivant, les femmes ont exprimé diverses raisons qui motivent leurs épargnes.

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Figure 13 : Répartition des femmes selon leur motivation de leur comportement d’épargne dans les GEC

35

30

25

20

15

10

5

0

Participation aux

Equipement

Cérémonie

Activités

Education des

Dépenses de

frais d’entretien

domestique

familiale

génératrices de

enfants

santé

de la maison

revenus

Source : Auteur

Nous constatons que les 31,11% des femmes participantes à l’enquête associent l’épargne à leur volonté de contribuer à l’entretien de leurs familles. En outre, 20% des femmes interviewées font de l’épargne un moyen pour créer des AGR et 15,56% d’entre elles pensent à l’équipement domestique.

Par ailleurs, les cérémonies familiales (17,22%), l’éducation des enfants (6,11%) et les dépenses liées à la santé (10%) sont considérées par les femmes comme des motifs d’épargne. Ces représentations des femmes sur l’épargne lui prêtent une fonction sociale et économique. En ce sens, comme suggérer par Kabeer (2005), les femmes assimilent l’accès aux ressources comme un moyen pour lutter contre le dénuement matériel et améliorer leurs places dans la société.

Par ailleurs, le niveau d’épargne dans les GEC est relativement acceptable et les fonds collectés permettent la fourniture de micro-crédits proportionnellement aux montants épargnés. Dans les neuf (09) collectivités territoriales couvertes par notre étude, l’épargne mobilisée varie de 20 560 000 à 22 424 000 francs CFA sur un cycle de 12 mois. Les GEC constituent donc une alternative viable pour le développement de la culture de l’épargne chez les femmes rurales.

L’épargne constituée par les GEC permet de fournir aux femmes des crédits à un coût abordable.

Comme suggéré par Mordusch (1999) ; Burjorjee et Scola (2015), les crédits doivent être fiables, convenables, continus et flexibles.

En ce sens, 85% des femmes affirment pouvoir obtenir un crédit du GEC dès qu’elles le souhaitent et qu’elles remplissent les conditions définies. Seules 15% d’entre elles reconnaissent rencontrer des difficultés pour avoir un crédit du fait de la faiblesse de leur épargne qui dépend

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du niveau de revenus. Par ailleurs, le montant moyen de crédit par femme est de 251 457 francs CFA dans les 36 GEC. Les femmes considèrent que les crédits obtenus participent à leur

« empowerment » économique comme l’atteste le montant moyen de crédit.

En outre, 88,33% des femmes avouent que les crédits s’obtiennent de manière convenable et la proximité permet sa distribution de manière continue et durable. Le système de crédit est aussi jugé très flexible car 93,89% des femmes avouent qu’il est adapté à leurs conditions socioéconomiques.

En effet, selon les femmes, l’accès aux crédits participent à leur autonomie financière.

Les femmes s’approprient des services financiers en évoquant diverses raisons.

Les raisons évoquées par les femmes pour apprécier le système d’épargne et de crédit sont : l’amélioration des revenus (34,32%), le maintien du système de solidarité (16,57%), la possibilité de créer des sources de revenus (18,93%), les frais financiers raisonnables (13,61%), la proximité (10,06%) et l’utilisation de méthode adéquate (6,51%). Ces raisons confirment la volonté d’adhésion des femmes à ce système d’épargne et de crédits adaptées aux personnes en situation de pauvreté.

Par ailleurs, les représentations des femmes sur le microcrédit montrent une considération faite à la fois sur une fonction sociale et économique. L’usage des services financiers de proximité est également réel car la majorité des femmes perçoivent l’utilité du micro-crédit.

Les crédits sont utilisés pour créer des AGR, améliorer les conditions de vie de la famille, participer à des interpellations sur le plan social et réaliser des investissements domestiques. Les services financiers sont, en outre, adaptés aux conditions sociales et économiques des femmes.

En effet, les services financiers délivrés par les GEC, répondent aux besoins diversifiés des femmes à des coûts supportables (Guérin et Bouquet, 2011). L’étude révèle que 53,33% des femmes sont satisfaites des crédits contre 46,67% qui jugent être insatisfaites.

Les raisons de l’insatisfaction sont : le faible montant du crédit, la durée du crédit, la périodicité de remboursement, les difficultés au niveau de l’activité économique et l’utilisation du crédit à d’autres fins. En sommes, les problèmes soulevés au niveau de la qualité des services financiers des GEC relèvent de leurs caractères informels et d’une absence d’accompagnement du dispositif.

Cependant, le microcrédit fourni par les GEC, reste une stratégie efficace pour combattre l’extrême pauvreté des femmes rurales exclues doublement par les banques et les IMF. En effet, des prêts non garantis sont octroyés aux femmes rurales en situation de précarité. A l’image du modèle de microcrédit de la Gramen Bank, ces prêts sont fournis avec des conditions souples et adaptées pour renforcer les capacités des femmes dans une logique d’éducation financière.

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Ainsi, les GEC assurent une transition vers des institutions formelles en l’occurrence le mobil banking et les IMF. Il ressort de notre étude que 23,33% des femmes ont un compte au niveau des IMF. Les femmes soutiennent qu’en liant les GEC et les IMF, elles deviennent capables de lancer des activités économiques de grandes envergures. En ce sens, les GEC sont des paliers qui leur permettent de progresser vers les IMF.

Par ailleurs, nous constatons l’utilisation du « mobil banking » par 78,89% des femmes membre de GEC. L’adoption du « mobil banking » par les femmes rurales est très manifeste et atteste sa capacité à contribuer à une généralisation de l’inclusion financière.

Nous rejoignons ainsi Hausman (2010) qui considère que la progression rapide de la pénétration de la téléphonie mobile dans les pays en développement, avec des taux de croissance annuels compris entre 30% et 50%, voire plus dans certains pays, est une opportunité pour le développement de la finance inclusive.

Ainsi, l’amélioration de la connectivité dans les zones rurales les plus reculées pour une évolution de l’inclusion financière apparait comme une priorité dans les stratégies de développement inclusif. En effet, l’inclusion numérique et la digitalisation massive des services financiers peuvent être considérées comme des facteurs de croissance inclusive. Ainsi, l’inscription de l’Etat dans une dynamique de baisse des coûts d'accès à l’internet ainsi que le maillage du territoire national pourraient effectivement contribuer à l’inclusion financière massive des couches de la population les plus pauvres et les plus vulnérables.

4.2.3 Impact des services financiers de proximité sur les capacités réelles d’action et de mobilisation collective des femmes rurales

1.1.1.1. ) Impact de l’épargne et du micro-crédit sur l’évolution des capacités réelles d’action des femmes rurales

L’une des finalités de l’inclusion financière est d’améliorer les capacités réelles d’actions des femmes rurales. Ces capacités réelles d’actions englobent trois dimensions qui sont déterminantes dans la transformation des relations de pouvoirs liées au genre. Il s’agit de la capacité de négociation, la participation à la prise de décision et le portage d’aspirations. Ainsi, les capacités réelles d’actions des femmes rurales sont complexes, multidimensionnelles et difficiles à apprécier de manière quantitative. Cependant, la prise en compte des représentations des femmes peut renseigner sur la situation globale de l’évolution des capacités réelles d’action.

Les représentations des femmes rurales, malgré leur nature psycho-sociale sont des effets

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produits par des facteurs endogènes ou exogènes. L’inclusion financière est, en ce sens, un facteur économique à la base du pourvoi de ressources aux femmes pour la création de revenus à travers des réalisations et l’amélioration du statut social.

Les GEC, en tant que dispositifs d’inclusion financière de proximité, ont une capacité de mobilisation d’une épargne collective afin d’octroyer aux femmes rurales des crédits non garantis à moindre coût et adaptés à leur réalité. Les services financiers (épargne et crédit) sont donc fournis aux femmes rurales et à leur sujet. Elles se font des représentations sur leur impact dans leurs capacités d’action en l’occurrence le pouvoir de négociation et de décision.

i)

La capacité de négociation et la participation à la prise de décision

Les services financiers de proximité outre leurs capacités à réaliser un empowerment économique peuvent contribuer à l’amélioration du statut social des femmes.

La capacité de négociation et la participation à la prise de décision dépendent, selon les femmes, de l’allègement du poids de la subordination et de la dépendance en ce qui concerne les aspects sociaux et économiques. Malgré leur accès à l’épargne et au crédit, 57,22% des femmes participantes à l’étude déclarent ne pas avoir une capacité de négociation avec les hommes pour participer aux décisions de la famille contre 42,78% d’entre elles qui jugent détenir ces capacités avec leurs accès aux services financiers.

Toutefois, toutes les femmes enquêtées soutiennent que l’inclusion financière pourrait permettre un accroissement de leur capacité de négociation et leur implication dans la prise de décision à travers des facteurs illustrés dans le graphique suivant.

Figure 14 : Contribution des GEC dans la capacité de négociation des femmes 30

25

20

15

1050

Exercer une

Avoir des

Accéder aux

Contribuer aux

Participer à Décider sur notre

activité

revenus

crédits

dépenses

l’éducation des

situation

économique

familiales

enfants surtout

sanitaire

des filles

Source : Auteur

Les femmes considèrent qu’avec leur inclusion financière, elles accèdent à des possibilités pour améliorer leurs conditions de vie et leur statut social. En effet, 27,78% des femmes considèrent que l’accès aux crédits favorise l’accroissement de leur capacité de négociation du fait de l’amélioration de leurs revenus avec des activités économiques. En outre, 23,89% des femmes considèrent que la contribution aux dépenses de la famille octroi le pouvoir de négociation avec

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les hommes. Certaines d’entre elles (17,22%) pensent que le simple fait d’exercer une activité économique contribue à accroitre la capacité de négociation. En ce qui concerne l’obtention de revenus, 15% des femmes avouent qu’elle accroit la capacité de négociation.

Sur la base de leur représentation, les femmes lient la capacité de décider et de négocier au sein de leurs ménages à l’accès aux revenus. Ainsi, l’accès aux services financiers à travers l’amélioration des revenus, agit positivement sur les capacités réelles d’action des femmes.

Cependant, elles ont formulé des aspirations qu’elles assimilent à des vecteurs de la transformation des relations sociales.

ii)

Aspiration et motivation des femmes rurales

L’inclusion financière des femmes en tant que stratégie de lutte contre la pauvreté favorise le port de motivation et d’aspiration. Sur le plan économique, l’accès à la terre est une forte aspiration des femmes rurales car 26,11% d’entre elles expriment un besoin d’amélioration des conditions d’accès aux fonciers. Cela est expliqué par le fait qu’elles soient très actives dans l’agriculture. En outre, d’autres aspirations économiques sont portées par les femmes et ont trait notamment aux dépenses d’investissement de la famille (15,56%), à l’accès aux intrants agricoles (13,33%), à la participation aux décisions liées à la production (9,44%), à l’affectation et gestion des ressources de la famille (8,89%) et aux dépenses quotidiennes (7,78%).

Sur le plan social, 15% des femmes expriment le besoin de décider sur leur santé et 8,89% d’entre elles sentent le besoin d’être mieux impliquées dans l’éducation des enfants. En ce qui concerne l’allègement des travaux domestiques, seules 6,67% des femmes jugent nécessaire la prise en compte d’amélioration.

Ces résultats montrent que les aspirations des femmes rurales en matière de prise de décisions et de négociations sont d’ordres sociale et économique. Elles jugent que la prise en compte de ces aspirations et motivations agit sur l’amélioration de leur statut social. Mais force est de constater une prédominance des aspirations économiques. Ainsi, selon les femmes, l’inclusion financière contribue effectivement à l’accroissement de leurs capacités réelles d‘action à travers des aspirations qui suscitent une conscience nouvelle que (Kabeer, 2005) considère comme le moteur de la transformation sociale.

Sur la même lancé, le paradigme de l’empowerment (Mayoux, 2006) est confirmé car, en plus de sa viabilité financière et sa capacité à réduire les effets de la pauvreté, l’inclusion financière doit garantir aux femmes des capacités et des pouvoirs pour que soient modifié les relations de genre.

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Cependant, avec la prépondérance du système patriarcale, la subordination et la dépendance des femmes sont toujours de mises. Selon les femmes, leur subordination et leur dépendance se prolongent même en dehors des cercles familiaux.

Les représentations des femmes à leurs sujets attribuent également à la religion et la tradition un poids très prépondérant. En outre, selon les femmes, leur faible niveau d’instruction apparait comme une contrainte pour la déconstruction des relations préétablies.

En ce sens, Kabeer (2005) a établi une corrélation entre le niveau d’instruction des femmes et leur autonomisation. L’étude révèle que 52,78% des femmes enquêtées n’ont aucun niveau d’instruction. Donc le faible niveau d’instruction a une influence sur la conscience des femmes en leurs capacités à induire des transformations dans les relations de genre en général.

En définitive, l’autonomisation des femmes rurales fait face à divers obstacles et contraintes.

Ainsi, la réorientation de la politique de microfinance et la stratégie nationale d’équité et d’égalité de genre, peut être considérée comme des priorités dans les politiques sectorielles au Sénégal.

En effet, avec un faible taux d’accès des femmes rurales aux services financiers, leur autonomisation apparait toujours comme une urgence de développement. A cet effet, les programmes de l’Etat comme le PUDC, les innovations des IMF et des ONG doivent renforcer les stratégies d’inclusion financières des femmes rurales en situation d’extrême pauvreté.

Au Sénégal, les femmes rurales ont une faible évolution de leurs capacités réelles d’actions comparées aux femmes des centres urbains. Selon Sagna (2015), avec la crise économique, les femmes urbaines accèdent davantage aux services financiers et développent de plus en plus des activités économiques en dehors de leurs foyers avec une diversification progressive des secteurs de production.

Par contre, les femmes rurales, malgré leur inclusion financière évoluent plus dans l’agriculture de subsistance, le petit commerce et d’une manière timide l’artisanat. Ainsi, au regard de nos résultats, les capacités réelles d’actions des femmes rurales sont encore faibles pour impulser une transformation sociale axée sur une équité de genre. Ces capacités réelles d’actions intègrent le pouvoir de négociation, la participation à la prise de décision et le portage d’aspirations.

Ces paramètres doivent être intégrés pour se positionner comme le moteur de la transformation des relations de genre. Ils apparaissent aussi comme des besoins spécifiques aux femmes et qui varient, dans leur ampleur, selon le milieu de résidence, l’accès aux services financiers et le niveau de revenus.

Dans les régions les plus pauvres du Sénégal, ces besoins spécifiques des femmes rurales sont d’une certaine acuité et sont en rapport avec la situation de pauvreté. Par conséquent, ces besoins

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spécifiques peuvent être pris en charge par une inclusion financière se traduisant par la création d’AGR, l’accès aux compétences et l’amélioration des revenus.

En outre, leur ampleur est plus importante en milieu rural qu’en milieu urbain eu égard aux effets de l’influence des réalités socioculturelles, du niveau d’instruction et de l’analphabétisme. Cela explique l’importance de l’inclusion financière dans l’amélioration du pouvoir d’actions des femmes rurales qui est une composante de la lutte contre la pauvreté.

La pauvreté des femmes rurales a atteint de l’ampleur au Sénégal et a milité en faveur de la mise en œuvre de divers programmes comme la DER, le FONGIP pour leur inclusion financière et leur promotion économique ainsi que la réalisation d’une équité sociale et territoriale. Toutefois, des progrès réels sont constatés depuis la réforme de l’acte 3 de la politique de décentralisation avec l’érection de pôles territoires et la définition d’un cadre institutionnel pour la réduction des disparités territoriales. Mais ces progrès risquent de subir les effets de la crise sociale et économique engendrés par la pandémie de la COVID-19 qui sévit depuis le début de l’année 2020 à l’échelle planétaire. En effet, une frange importante des femmes rurales pourrait s’engouffrer davantage dans le cercle vicieux de la vulnérabilité avec l’arrêt de leurs activités économiques.

Le confinement, en tant que mesure d’urgence sanitaire, a entrainé dans beaucoup de microentreprises l’arrêt des activités. Boukaira et Daamouch (2021) ont montré dans une étude que pendant les 4 mois de confinement, 63% de TPE marocaines questionnées n’avez pas de mesures de remplacement lors de la perte d’accès à l’emplacement et donc étaient en arrêt total d’activité en cette phase.

Par conséquent, en plus du renforcement de l’inclusion financière des femmes rurales, il est nécessaire de prendre des mesures d’urgences d’accompagnement pour favoriser leurs résiliences sociale et économique. Il est, toutefois, établi que l’inclusion financière, tout en s’inscrivant dans une dynamique de réduction de l’extrême pauvreté, améliore le potentiel d’action des femmes rurales. L’amélioration des capacités réelles d’actions des femmes rurales peut s’apprécier certes à partir de dimensions qui lui sont propres mais aussi à partir des effets d’une inclusion financière viable à travers l’accès à l’épargne et au microcrédit. Elle exerce une réelle influence sur l’amélioration du statut social des femmes en situation de pauvreté car elle combine le pouvoir d’action, la compétence pratique et la conscience. Ces trois facteurs garantissent aux femmes, à partir de mouvements sociaux notamment la transformation des relations et l’équité de genre.

Mais ils doivent partir de la disponibilité de ressources et de la volonté collective des femmes de remettre en cause le système de relations.

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4.2.4 Impact de l’épargne et du micro-crédit sur les représentations des femmes sur leurs capacités de mobilisation collective

L’accès à l’épargne et au crédit a un impact sur la conscience individuelle des femmes à travers leur empowerment économique et leurs capacités réelles d’actions. Cette conscience individuelle est le soubassement de la conscience collective qui est le moteur des transformations sociales.

Notre étude révèle que malgré le poids des normes sociales, les femmes membres de GEC sont porteuses d’un potentiel transformateur que nous avons analysé sur la base de leurs représentations, à travers trois dimensions. Il s’agit de la mobilisation collective, la participation citoyenne et politique, ainsi que les représentations sur l’équité de genre considérée comme le soubassement de la transformation des relations de genre.

i)

Les GEC et le potentiel de mobilisation des femmes

La mobilisation collective est le moteur de la transformation sociale à l’image des changements escomptés avec la mise en œuvre de l’équité de genre. Elle est, en outre, une traduction concrète de la capacité réelle d’action des femmes sur le champ social. Les capacités réelles d’actions ainsi que les consciences individuelles des femmes constituent les préalables pour les processus de transformation sociale basés sur une conscience collective des femmes. La conscience collective permet donc d’impulser des mouvements à la base qui peuvent susciter des décisions d’une portée politique. Comme l’a souligné Kabeer (2005) les pressions politiques ascendantes doivent être exercées sur les centres décisionnels pour que des mesures descendantes soient implémentées. A cet effet, les femmes rurales en accédant à l’épargne et au crédit sont très actives dans des associations locales et des réseaux qui sont des institutions de construction du changement social. Nos entretiens révèlent que 51% des femmes sont membres de réseaux locaux où des actions de plaidoyer sont réalisées.

Malgré la faible capacité de réseautage, les femmes enquêtées en général ont une bonne compréhension de l’importance de l’intégration des réseaux régionaux et nationaux pour la défense de leurs droits. Elles ont évoqué diverses raisons pour justifier leur appartenance à des réseaux avec 45,65% pour des raisons économiques, 35,87% pour des raisons sociales et 18,48%

pour des raisons liées aux droits humains.

L’enseignement a tiré de ces données est l’importance des raisons d’adhésion aux réseaux mais aussi les facteurs qui l’entrainent. De même, plus le ratio de la dimension sociale est fort (35,87%

pour la dimension sociale), plus la résistance relative au changement social est forte. Mais force est de constater que le ratio de la dimension économique qui est de 45,65% révèle que les femmes considèrent que le changement social est plus favorisé par les aspirations économiques. Ainsi, de

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leurs avis, l’accès à l’épargne et au crédit peut être considéré comme un facteur incontournable dans la transformation sociale.

En outre, la dimension économique de la pauvreté est plus perçue que sa dimension sociale par les femmes. Cela positionne l’inclusion financière dans la panoplie des stratégies du changement social et de la transformation des relations de genre.

En ce sens l’épargne et le crédit, en milieu rural contribue à l’instauration d’une équité de genre dans la mesure où ils renforcent les pouvoirs économiques des femmes.

Les femmes positionnent en dernière lieu les droits humains dans les dimensions de la pauvreté.

La lutte contre les violences faites aux femmes reste une préoccupation majeure dont elles parlent dans toutes les trois réseaux. En effet, la lutte contre l’excision est posée par la majorité des femmes comme une exigence sociale qui doit mobiliser davantage les femmes. Sur la base des représentations des femmes rurales, l’amélioration du potentiel économique à partir de l’accès à l’épargne et au crédit contribue au renforcement de leur pouvoir pour une diminution voire une élimination des violences qu’elles subissent. En ce sens, l’accès à l’épargne et au crédit agit positivement dans le changement social et les relations de genre.

ii)

La participation des femmes aux actions citoyennes

Les actions citoyennes peuvent jouer un rôle moteur sur les transformations sociales, économiques et politiques. Elles se déploient dans une mobilisation collective à travers des associations vectrices de changement social. En ce sens, les actions citoyennes complètent les politiques publiques et les actions lancées par les partenaires techniques comme les ONG.

Le rapport n’étant plus de force brute mais plutôt sous tendu par des plaidoyers pertinents fondés sur des principes de droits universels portés par les associations féminines. Pour ainsi dire, dans le champ de l’équité de genre ces associations devraient être au premier plan pour que des mesures énergiques soient prises en leur faveur.

L’inclusion financière de proximité, à travers les associations de femmes, pourrait contribuer au développement d’une conscience collective afin d’impulser un plaidoyer à la base. En étudiant le potentiel associatif des femmes nos entretiens révèlent que 50,56% des participantes à l’étude sont membres d’organisations communautaires de base outre que les GEC. Mais, ces dernières considèrent qu’en adhérant aux GEC, elles ont une meilleure compréhension du rôle qu’elles pourraient jouer dans les institutions socioéconomiques locales. Elles font en effet des organisations locales des cadres de participation citoyenne pour mieux s’affirmer dans la société.

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En outre, nos entretiens révèlent que 53,89% des femmes membres de GEC participent à des journées qui leur sont dédiées. Il s’agit principalement de la quinzaine de la femme qui est célébrée dans tous les villages avec l’appui des ONG. Les femmes acceptent volontairement de se mobiliser durant cette quinzaine mais elles ne sont pas porteuses d’un programme de plaidoyer construit conventuellement et de manière autonome. Elles avouent ce pendant que leur adhésion au GEC a renforcé leur culture citoyenne et que la réalisation d’activité économique a beaucoup développé chez elles l’estime de soi et la confiance en soi. Ainsi, de leur avis, le pouvoir économique acquis avec l’accès à l’épargne et au crédit à une influence sur leur volonté d’intégrer des réseaux citoyens et d’avoir une place dans leur société.

A cet effet, nous pouvons considérer que l’accès aux services financiers favorise au niveau local l’émergence d’un leadership féminin fort capable de soutenir l’autonomisation des femmes.

Par ailleurs, la défense de leurs droits et la sensibilisation des autorités sont les raisons dominantes avec respectivement 54,42% et 22,89%.En outre, seules 27,22% des femmes enquêtées ont une fois participée à des marches de contestation pour l’amélioration de leur condition sociale et économique. Elles affirment également avoir participé à des actions citoyennes d’intérêt local. Elles déclarent participer dans ces actions dans le but de ne pas accepter que leur société se fasse sans elles. Nous notons ainsi les prémices d’un éveil de conscience avec l’intégration des femmes dans les dynamiques associatives locales. Elles s’impliquent dans des actions comme l’hygiène, la salubrité, le reboisement, la gestion des écoles, le développement sanitaire et la lutte contre les feux de brousses.

Pour les femmes, leur fonction sociale doit être perçue de la même manière au foyer qu’à l’échelle communautaire. Le sentiment d’appartenance à une communauté développe chez elles une aspiration profonde à une équité de genre.

Mais elles estiment que le potentiel d’action dans la marche de la société est déterminé par leur pouvoir économique. En ce sens, elles affirment que l’accès à l’épargne et au crédit ainsi que les réalisations économiques favorisent leur intégration dans d’autres champs de la société en l’occurrence la participation à des actions citoyennes.

Ces actions citoyennes reposent sur une mobilisation collective qui engendre des transformations sociales. Ainsi, l’inclusion financière favorise la mobilisation collective et la participation citoyenne des femmes rurales.

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iii)

Intégration des gouvernements locaux par les femmes

La participation des femmes dans la sphère politique est une manifestation de la prise en compte de leurs droits citoyens, civils et politiques.

Toutefois, il est important que les femmes adhèrent aux partis politiques pour d’une part bénéficier de l’avantage de la parité absolue et d’autre part s’impliquer dans la mise en œuvre d’une équité de genre politique.

Durant notre enquête, nous avons constaté que 35% des femmes ont milité dans des partis politiques. Mais ces dernières n’ont pas encore conscience de l’importance du pouvoir politique dans leur autonomisation. Ainsi, les raisons de leur adhésion aux partis politiques reflètent un suivisme et non une volonté d’accéder au pouvoir local.

Cependant les femmes affirment que l’accès à l’épargne et au crédit à travers l’empowerment économique est considéré dans la société comme l’octroi de responsabilité politique. Selon leur représentation, l’empowerment économique a une influence sur la capacité des femmes à conquérir un pouvoir au niveau local.

Au niveau des GEC visités, durant notre étude, seules 16% des femmes sont conseillères municipales au niveau des gouvernements locaux. Mais elles avouent n’avoir aucune responsabilité dans le conseil et que leurs capacités d’influences sont faibles. Ainsi les représentations qu’elles se font sur le pouvoir politique acquis avec une inclusion économique et sociale ont été analysées dans notre recherche.

Nos entretiens révèlent que les représentations des femmes membres de GEC sur le pouvoir politique peuvent être rangées dans trois catégories distinctes :

- Les 30% des femmes pensent que pour avoir un pouvoir politique, il faut avoir un pouvoir économique c’est-à-dire accéder à l’épargne, au crédit et aux activités génératrices de revenus et à un revenu acceptable. Pour elles, le pouvoir économique prédispose la femme à diriger et à asseoir un leadership. En ce sens, elles lient l’inclusion financière et la capacité d’accéder aux pouvoirs politiques.

- Le deuxième groupe de femmes (48%) considère que la femme ne doit pas décider au même titre que les hommes. Elles pensent que la soumission acceptée tacitement au sein du foyer doit se prolonger dans la sphère publique. Ces dernières reconnaissent qu’elles doivent se limiter à conseiller les hommes pour la prise en compte de mesures spécifiques aux femmes.

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- Enfin, 22% des femmes enquêtées considèrent que la soumission doit se limiter au niveau privé avec une obligation de respect des traditions. Mais au niveau de la sphère politique, les femmes doivent négocier avec les hommes pour que leurs droits soient garantis sans que ne soient générés des conflits.

Ces trois positions montrent que l’inclusion financière n’est pas suffisante pour susciter chez les femmes la quête du pouvoir politique avec l’autonomie sociale. En effet, les croyances et les traditions s’interfèrent sur les représentations des femmes sur le pouvoir politique qui est une des composantes de leur autonomisation. Cela constitue une contrainte à l’expression de la volonté des femmes de conquérir une équité de genre dans la sphère politique.

Toutefois, il existe des velléités d’une aspiration à la modernité qui peut servir de leviers à l’inclusion financière pour impulser une conscience pour l’accès au pouvoir politique.

En effet, les 30% des femmes considèrent que le pouvoir économique, découlant de la création d’AGR et de l’amélioration des revenus, peut favoriser l’accès à un pouvoir politique.

iv)

Représentation des femmes sur l’équité de genre

Les sociétés modernes sont de plus en plus exigeantes dans la configuration des relations entre les hommes et les femmes ainsi que des rôles et des responsabilités qui leurs sont attribués.

Dans le cadre de cette recherche, nous nous intéressons surtout à l’équité de genre induite par une inclusion financière différenciée afin que les femmes aient le pouvoir de choisir et d’agir. Il s’agit pour nous, d’identifier les représentations des femmes sur l’équité de genre. Notre recherche a dégagé les représentations des femmes sur l’équité de genre dans la perspective de cerner leur niveau de conscience et leurs aspirations aux changements dans les relations sociales.

Les résultats montrent, chez les femmes rurales membres de GEC, trois positions sur l’équité de genre à travers l’inclusion financière.

Nous constatons que 32% des femmes souhaiteraient que l’inclusion financière puisse réaliser dans la communauté une équité de genre au niveau de tous les pavés socioéconomiques. Ce premier groupe de femmes défend une position selon laquelle, l’inclusion financière soit un instrument de conquête du pouvoir et d’une place dans la société.

Une deuxième position concerne 44% de femmes qui limitent l’équité de genre à travers une inclusion financière uniquement dans le domaine économique. C’est à dire la création d’AGR et l’amélioration des revenus. Ces femmes limitent l’inclusion financière à sa capacité de leur donner des possibilités d’accéder aux AGR, d’améliorer leurs revenus et de réaliser leur bien-être et celui de leurs familles. Ainsi, ces femmes font une nette distinction entre le champ social

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où elles acceptent la subordination aux hommes et le champ économique dans lequel elles ont des aspirations de changement équitable.

Enfin, nous avons une dernière position assez catégorique avec 24% des femmes qui sont contre l’équité de genre et l’orientation de l’inclusion financière dans une perspective de changement de la configuration des relations sociales et économiques au sein de la famille et de la communauté. Ce point de vue de nature enracinée, dans le respect de la divergence d’opinions montre que certaines femmes acceptent tacitement la dépendance et la soumission comme des valeurs sociales. Toutefois, les deux autres positions, exaltent à leurs manières une représentation positive d’un changement social et économique à travers l’inclusion financière. En effet, nous retrouvons deux variables :

- Une équité de genre partielle se traduisant sur le plan économique sans déstabilisée des structures sociales qui hiérarchisent les rapports entre les hommes et les femmes. Dans ces représentations, les femmes en situation de pauvreté aspirent à une promotion économique tout en gardant la soumission et la dépendance aux hommes dans le système social ;

- L’équité de genre intégrale celle-là distributive aux femmes d’un statut amélioré se traduisant au plan social, économique et politique.

L’équité de genre partielle est largement majoritaire dans les représentations des femmes rurales dans le contexte du Sénégal.

Cela nous amène à une réflexion sur l’approche genre, en général, qui ne devrait pas se positionner dans tous les contextes dans une optique de déconstruction sociale absolue. Mais l’équité de genre économique, à travers l’accès des femmes aux services financiers, aux activités rémunérées et non rémunérées, aux ressources et aux opportunités est à tout point de vue une aspiration forte des femmes rurales en situation de pauvreté.

En outre, l’ancrage des traditions est présent dans les stratégies d’inclusion socioéconomiques, en général et d’autonomisation des femmes en particulier. Cette situation réveille ainsi des

« paradoxes » dans l’équité de genre qui militent en faveurs d’une application tenant compte des réalités socioculturelles. En réalité, l’adhésion des femmes aux GEC et leur accès aux services financiers agit positivement sur le changement social et les aspirations des femmes à l’équité de genre.

En effet, l’accès à une activité économique et aux revenus favorise une aspiration au pouvoir qui lui-même est un des pivots du processus d’autonomisation des femmes. Mais, en face, l’équité

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de genre se heurte aux poids de la traduction et la persistance d’un déterminisme culturel qui accepte la subordination et la dépendance des femmes.

Conclusion

L’objectif de ce papier était d’analyser l’impact des services financiers de proximité sur l’évolution des capacités réelles d’actions des femmes rurales. En réalité, les capacités réelles d’actions constituent un ensemble de pouvoirs combinés contribuant à l’amélioration du statut social des femmes.

Dans les pays en voie de développement, l’inclusion financière est une stratégie avancée pour lutter contre l’extrême pauvreté. A l’échelle des zones rurales, il existe des dispositifs d’inclusion financière dans des formes informelles du fait de l’absence des banques classiques et des IMF.

Ainsi, l’inclusion financière des femmes rurales reste une priorité dans la lutte contre la pauvreté.

La situation de pauvreté des femmes rurales est appréhendée à travers le dénuement matériel et l’absence de capacités d’action pour améliorer leur statut social (Kabeer, 2005). Ainsi, l’inclusion financière, en tant que stratégie de lutte contre la pauvreté devrait visée au niveau des femmes pauvres l’amélioration des revenus et l’octroi de pouvoirs. En nous appuyant sur les modèles d’analyse de l’autonomisation des femmes de Kabeer (2005) et Mayoux (2006), cette recherche a été réalisée pour analyser l’impact de l’inclusion financière sur les capacités réelles d’action des femmes rurales. En s’inscrivant dans les logiques du pragmatisme, elle a valorisé les représentations, les connaissances, et les pratiques des femmes rurales à partir d’une enquête de terrain qui a couvert 3 régions administratives, 9 collectivités territoriales, 36 GEC et 180

femmes.

A travers une méthode qualitative, l’étude a révélé que l’inclusion financière de proximité garantit aux femmes rurales un accès à l’épargne et au crédit qui sont à un niveau acceptable pour soutenir leur empowerment économique. Globalement, les GEC permettent aux femmes rurales d’accéder à l’épargne et au crédit avec une épargne variant de 20 560 000 à 22 424 000 francs CFA sur un cycle de 12 mois dans neuf collectivités territoriales. En outre, un microcrédit est garanti aux femmes rurales pour sous-tendre leur empowerment et le montant moyen de crédit par femme est de 251 457 francs CFA. Ce montant moyen de crédit, dans le contexte rural des pays en voie de développement, peut effectivement contribuer à l’amélioration du bien-être des femmes rurales et de leurs familles.

Par ailleurs, l’inclusion financière favorise effectivement une évolution des capacités réelles d’action et une amélioration du statut social des femmes rurales. En ce sens, l’inclusion financière de proximité a un impact positif sur la réduction de l’extrême pauvreté des femmes rurales.

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En outre, la réduction de l’extrême pauvreté des femmes rurales est en relation avec l’équité sociale et territoriale que l’Etat du Sénégal a intégrée dans ses priorités majeures depuis 2012.

L’évolution des capacités réelles d’actions des femmes rurales par une inclusion financière participe également au processus de leur autonomisation. En effet, les représentations des femmes traduisent un éveil de conscience avec une aspiration à la participation aux prises de décision et à la capacité de négociation avec les hommes. En outre, les aspirations au changement dans les relations de genre se manifestent à la fois aux plans social, économique et politique.

La capacité d’action des femmes rurales en situation de pauvreté évolue donc avec l’inclusion financière pour être le soubassement de leur reconnaissance sociale. Egalement, la conscience des femmes rurales sur la nécessité d’un changement dans les relations de genre accroit les aspirations au pouvoir en l’occurrence « le pouvoir choisir et le pouvoir agir » abordé par Mayoux (2006) et Kabeer (2005).

Toutefois, le potentiel d’action et les aspirations, suscités par l’inclusion financière ne sont pas encore à un niveau élevé pour favoriser une déconstruction des relations de genre. Ainsi, nous avons dégagé des implications de politiques économiques et sociales afin d’orienter l’inclusion financière dans une perspective d’accroissement du potentiel d’action des femmes en situation de pauvreté.

Il est nécessaire, à tout point de vue, de prendre en charge les aspirations des femmes rurales à travers des réformes sur les stratégies d’équité de genre notamment dans l’accès au foncier, la couverture médicale spécifique et le soutien des activités économiques. En outre, l’accompagnement institutionnel des dispositifs d’inclusion financière, avec une implication des collectivités territoriales et une harmonisation des interventions, pourrait améliorer l’efficacité des stratégies de lutte contre la pauvreté. Cependant, la formation et l’alphabétisation fonctionnelle pourrait agir positivement sur le potentiel d’actions et le statut social des femmes rurales. En ce sens, il reste important de faire un diagnostic des besoins en compétences en vue de construire des offres de formation adaptées au contexte des territoires.

Par ailleurs, cette recherche héberge des perspectives qui lui serviront de compléments à d’autres études. En effet, une meilleure maitrise des conditions d’évolution du potentiel d’actions et des aspirations des femmes pourrait être envisagée par leur analyse au niveau des femmes prises en charge par les IMF à travers des programmes d’autonomisation. Notre étude n’a pris en compte que les femmes rurales membres des groupes d’épargne pour le changement.

En outre, une analyse des déterminants de comportement entrepreneurial pourrait contribuer au renforcement des entreprises initiées par les femmes. En effet, le potentiel d’action et les

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aspirations des femmes dépendent de la capacité entrepreneuriale qui doit être considérée dans l’empowerment économique.

LISTE DES FIGURES

Figure 1: les barrières de l'inclusion financières en Afrique ................................................................. 14

Figure 2 : Taux de bancarisation de la population de plus de 15 ans .................................................... 16

Figure 3 : L’analphabétisme de la population adulte par groupes d’âges quinquennaux selon le sexe au

Sénégal .................................................................................................................................................. 29

Figure 4 : Comparaison du niveau de l’analphabétisme entre Dakar et les régions de l’étude ............. 30

Figure 5 : Problèmes d’accès aux soins de santé rencontrés par les femmes ........................................ 34

Figure 6 : Effectif des fonctionnaires étudiés selon le genre et le classe d’âge..................................... 41

Figure 7 : Evolution des taux de représentation des femmes et des hommes à l’Assemblée Nationale 41

Figure 8 : Evolution de la parité femme/homme au Sénégal dans les collectivités locales .................. 42

Figure 9 : Modèle conceptuel de la recherche ....................................................................................... 63

Figure 10 : Répartition des femmes selon la situation matrimoniale .................................................... 66

Figure 11 : Répartition des femmes selon le nombre d’enfants ............................................................ 67

Figure 12 : Niveau d’instruction des femmes........................................................................................ 67

Figure 13 : Répartition des femmes selon leur motivation de leur comportement d’épargne dans les GEC

............................................................................................................................................................... 69

Figure 14 : Contribution des GEC dans la capacité de négociation des femmes .................................. 72

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Proportion des personnes non utilisatrices de compte par milieu de résidence selon les

principales causes .................................................................................................................................. 15

Tableau 2 : Niveau de l’analphabétisme de la population adulte par groupes d’âges quinquennaux selon

le milieu de résidence au Sénégal .......................................................................................................... 30

Tableau 3 : Echantillon de femmes enquêtées par région ..................................................................... 64

Tableau 4 : Répartition des femmes selon l’âge .................................................................................... 65

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