En l’an 1989, après l’obtention de mon diplôme des études supérieures (physique), j’ai décidé de concrétiser le savoir acquis pendant ces années à l’université, et ce en voulant montrer que mes connaissances en physique et mes convictions religieuses ne divergeaient pas, et cela dans un exposé intitulé ” La science moderne à la recherche de la vérité “. Mais après quelques années, en l’occurrence, en l’an 1993, j’ai remanié le texte original et je l’ai intitulé ” Transcendance : action de concilier la foi et la science “.
Je voudrais exprimer ma vive reconnaissance aux maîtres, El Bouti et R. Garaudy, sans qui cet exposé n’aurait vu le jour (étant guidé par leurs travaux). En effet, le but de ce présent travail étant juste de se convaincre qu’il y a un créateur et qu’il est unique et non de faire une étude historique et philosophique des courants de pensée qu’a connu l’humanité, je me suis permis de puiser dans l’œuvre de R.Garaudy “ Biographie du XX ème siècle “ et l’œuvre d’El Bouti “ Koubra El Yakiniat El Kawnia “.
De même, pour le chapitre sur le commencement de l’univers, l’œuvre de S.Weinberg fut d’un apport essentiel.
Qu’il me soit permis de déclarer que cet exposé n’engage que ma propre personne et n’exprime que mes convictions intimes. Je ne saurais prétendre détenir la vérité absolue. Ce travail représente une idée maladroitement exprimée par un candide. Néanmoins, la parole n’a -t-elle pas commencé par des balbutiements?
Alger le 15 juin 1993
Abdurrasheed Al Jazairi.
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POSITION DU PROBLEME
Le sujet que nous voulons aborder est si fondamental et si subtil qu’il faut s’armer de toutes les précautions possibles afin de le traiter avec habileté. Et pour ce faire, procéder aux développements nécessaires dans un esprit scientifique et donc logique pour ne pas s’échouer sur les rives de la spéculation.
Il s’agit de l’existence de l’être divin, créateur des cieux et de la terre, de l’observable et de l’inobservable. Notre but est de montrer que cet être existe et est unique, en partant de ce que nous a appris la science moderne.
En vérité nous allons nous baser essentiellement sur les mathématiques et la physique. Et c’est cet examen de l’essence intime des choses que nous voulons réparateur pour les âmes égarées, qui titubent dans le désarroi et le chaos.
Cependant, il est impératif de soulever le problème suivant : il ne s’agit en aucun cas d’une mise en équation mathématique de l’être divin. Dans la mesure où les mathématiques et les autres sciences ne sont que purs produits de l’esprit humain. Et sur ce, on s’approche de la vérité en scrutant les effets d’une présence divine sur l’univers. L’homme y compris.
La question qu’il faut se poser maintenant, est comment la science contemporaine pourrait-elle nous aider à percevoir ce qui ne peut pas être perçu par lèxpérience ?
Pour concevoir une réponse, il convient dèxpliquer et de montrer dans quel esprit la science se développe.
Cette dernière nous a appris que nous existons dans un monde 3
réel, et pour explorer les confins de ce réel, on est amené à utiliser ce que l’on appelle un appareil de mesure qui peut-être une oreille humaine, une camera ou un compteur Geiger-Müller, etc. Hélas, tout appareil de mesure est limité et ne peut nous fournir par voie de conséquence qu’une infime partie de la vérité: c’est ce qui constitue le connu. Mais alors, il n’est pas conseillé d’extrapoler à partir de faits expérimentaux obtenus du réel observable afin de comprendre tout le réel (lequel axe conceptuel a suivi la théorie des quanta). Il est préférable de procéder plutôt à la manière de la théorie de la relativité.
Einstein a pensé à définir au préalable quelques axiomes et bâtir ensuite une théorie universelle où le réel inobservable trouverait sa place.
Pour concrétiser ces deux approches, donnons un exemple. Soit un corps ayant la forme de la lettre (L), et projetons le suivant trois plans (voir figure).
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Si on regarde le corps normalement au plan de gauche, on verra un segment d’une certaine longueur. Si maintenant on le regardait normalement au plan de dessus, on verrait un segment de droite de longueur inférieure à la première. Quant à la vue de face, on retomberait sur la forme (L). Il va de soi que notre corps est un et n’a pas changé de forme, pourtant la mauvaise manière d’observer, en l’occurrence se contenter de voir le corps d’un seul côté, peut nous induire en erreur.
De même, la projection sur la terre (ombre) d’un avion volant selon une ligne droite épouserait les aspérités du sol.
Un troisième exemple ne sera que plus bénéfique ! En mécanique quantique, on définit l’état d’un système par l’objet mathématique vecteur d’état ou ket | ψ>. Définissons une base (| ψi>) i =1,n dans l’espace des états. Dans ce cas là, notre ket | ψ> ne sera qu’une combinaison linéaire des vecteurs de bases| ψi> i.e., | ψ> = C1 | ψ 1>
+…+ Cn | ψ n> . Cependant, au moment de la mesure on rencontre une difficulté, à savoir, l’impossibilité de mesurer ou de déterminer tous les Ci . Car mesurer | ψ> revient à le projeter sur l’un des états de la base et par conséquent on ne détermine qu’une seule des constantes Ci au détriment des autres. L’état sera réduit à l’un des
| ψi > ; c’est la réduction du paquet d’onde.
Cette manière de procéder pour se rendre compte du monde l’entourant, a “permis” à l’humanité, c'est à dire, la plupart des peuples depuis les anciennes époques de la barbarie jusqu’à nos jours, de commettre des erreurs conceptuelles graves. Elle passa par conséquent à côté de la vérité et sa splendeur. Cette vérité est qu’il existe un être supérieur qu’on appelle DIEU!
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Il est unique, et a créé cet univers avec toute sa magnificence, ainsi que sa stupéfiante organisation: du quark aux super-amas galactiques.
Cette vérité est immuable, mais sa projection sur des espaces différents est fonction des personnes ou des peuples, de l’environnement où ils vivent et de leurs philosophies.
Les athées par exemple, ont tronqué le réel en ne vénérant que le matériel et en dédaignant le spirituel. Pour eux tout est matière !
Cette vision restrictive des choses leur a permis de projeter la vérité divine sur leur espace pour trouver le néant. D’après eux, il n’y a point d’être divin qui puisse créer et gérer cet univers. En fait les athées se sont égarés !
Les animistes en ce qui les concerne, partant du fait qu’il doit y avoir un dieu, mais comme ils ne peuvent en aucun cas percevoir ce qui est sous-jacent au connu, ont supposé qu’il doive occuper un espace et prendre la forme d’un être qu’ils ont déjà rencontré dans ce bas monde. Les exemples les plus fréquents sont la vache, le feu, les statues, etc.
En passant chez les chrétiens nous constatons qu’ils ne veulent pas laisser choir l’idée que Jésus-Christ doit avoir nécessairement un père. Et qui peut assumer le rôle de père pour un surhomme autre que le créateur lui-même, en l’occurrence DIEU. De proche en proche ils sont arrivés à la conviction que DIEU s’est dégénéré en trois êtres : le père, le fils et le saint-esprit.
Dans ce qui suit, nous nous proposons de passer en revue la notion de transcendance perçue par les différentes civilisations.
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HISTOIRE DE LA TRANSCENDANCE
L‘atome, l’entité élémentaire formant les éléments chimiques, est constitué d’un noyau de charge positive autour duquel gravitent les électrons de charge négative, lesquels sont disposés sur des couches identifiées par un nombre quantique (n). Ces mêmes couches sont formées de sous-couches identifiées par les nombres quantiques (l) et (s):
l: représente le moment cinétique orbital dû à la rotation de l’électron autour du noyau.
s: représente le moment cinétique intrinsèque, comme si que l’électron tournait sur lui-même.
Evidemment chaque électron est soumis au champ électrique attractif du noyau et au champ électrique des autres électrons, qui sont à leur tour influencés par notre électron. De surcroît, l’électron étant en mouvement dans le champ électrique du noyau, voit un champ magnétique dépendant de (l), ce qui aboutit à une interaction dite spin-orbite.
A l’instar de l’électron dans un atome, l’homme vit en interaction avec ses semblables et la nature, ainsi qu’avec DIEU qui l’a créé et l’a mis là parmi ses semblables en l’entourant d’un certain nombre de conditions extérieures formant la nature.
En l’occurrence, l’homme interagit horizontalement avec les hommes et la nature, et verticalement avec son créateur.
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Roger Garaudy avait signalé que l’homme devrait être défini dans un espace à deux dimensions:
a / Transcendance
Reconnaissance de la dépendance de l’homme à l’égard de DIEU créateur.
b / Communauté
Sentiment en chaque personne humaine d’être responsable du destin de tous les autres.
Nous pensons que cette famille {transcendance; communauté}
n’est pas génératrice et ne peut définir le vecteur homme. La dimension ainsi définie n’est pas une dimension en soi, mais l’état de la grandeur représentant cette dimension.
Par exemple, dans un espace réel à deux dimensions, nous avons l’ordonnée relative à la transcendance et les valeurs positives prises par l’abscisse représentant la communauté ainsi définie.
De même, Malek Bennabi avait introduit les notions de chose et d’idée, et put définir deux genres de civilisations: Une civilisation où les idées sont centrées autour des choses comme la civilisation occidentale, et une civilisation où les choses sont centrées autour des idées, comme les civilisations musulmane, chinoise ou indienne.
Afin d’étayer cette thèse, Malek Bennabi donne l’exemple de Robinson Crusoe - héros de l’œuvre de Daniel Foe - et Hayy Ibn Yaqdhan - héros de l’œuvre d’Ibn Tofail -. Robinson Crusoe, vivant seul sur l’île, mis toutes ses idées autour des choses (projets concrets), comme ce fut le cas de la construction d’une “table”.
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Pour Hayy, tout commence par la mort de sa mère adoptive, la gazelle. Ne trouvant pas la raison de son extinction, il développa ses réflexions d’âme en immortalité de l’âme, jusqu’à la perception du divin.
En effet, cette ligne de démarcation existe entre la civilisation occidentale de Gorgias, d’Adam Smith et de Pierce dont le barycentre est près du matériel, et les civilisations dont le barycentre est près du spirituel, à l’instar de la civilisation d’El Kindi, d’El Ghazali, d’ Ibnou Sina, de Patanjali, et de Lao-Tseu...
Cependant, nous ne pensons pas que la famille {idée, chose}
puisse générer le vecteur homme n’en plus. En effet, Robinson Crusoe, pour fabriquer sa table a dû la concevoir dans sa tête, il a dû tracer un schéma -ce qui constitue l’idée-table- pour la concrétiser par la suite, et fabriquer la chose-table à la manière de Mozart qui composait ses oeuvres dans sa tête avant de les écrire.., ou Einstein qui résolvait ses problèmes avant même de “coucher ses idées sur le papier “.
Par ailleurs, Hayy pour méditer et concevoir ses idées d’âmes, d’immortalité et de créateur, est parti d’une chose, la gazelle morte devant lui et gisant à même le sol sans présenter aucune blessure. La frontière entre idée et chose est alors floue et insaisissable. Ceci implique la dépendance de cette famille; mais alors elle ne peut pas définir le vecteur homme.
A notre humble avis, l’homme qui existe et ses semblables dans la nature, en présence de son créateur, peut être à juste titre définit par deux dimensions :
- L’Interaction Verticale (V): c’est la transcendance, en adoptant la définition de R.Garaudy.
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-L’Interaction Horizontale (H): c’est l’interaction avec les hommes et la nature.
Le point représentation de l’homme dans ce plan est assujetti à se déplacer dans ce dernier, sa position étant une combinaison de (V) et (H). Tout cela s’opère à la manière de l’espace et du temps en relativité. En effet, ces derniers perdent toute signification individuelle et existent liés pour donner l’espace-temps, entité qui constitue l’univers.
A l’instar aussi, des particules quantiques qui se comportent tantôt en onde, tantôt en corpuscule sans pour autant briser cette dualité onde-corpuscule.
Voyons cela de plus près!
Par le biais de la révélation, l’homme reçoit les commandements de son créateur qui le guide et lui apprend les meilleures méthodes à suivre pour vivre heureux et satisfait, c’est à dire, comment se comporter vis à vis de la nature et de son prochain :
“ La religion est le comportement ” - Islam-et lui apprend que la vie est sacrée,
“ Tu ne tuera point “ - Les dix commandements -
“ Ne point couper d’arbre (a été déclaré pendant les guerres)..”-Islam –
“ Si le jour du jugement dernier vous surprend en train de planter un arbuste, vous le plantez quand-même “ - Islam -
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Donc la dimension (V) ou l’interaction de l’homme avec son créateur par le biais de la révélation, influence l’interaction (H) de l’homme avec ses semblables et la nature.
L’homme interagit aussi selon (H) pour influencer (V).
Comment cela se fait-t-il ?
En contemplant la nature, sa splendeur, son organisation : les astres, le système solaire, les météores qui déchirent le voile nocturne, la succession du jour et de la nuit, la terre et sa rotondité, ses volcans, sa faune, sa flore et la finitude spatio-temporelle de l’homme, l’incline à chercher hors de lui un principe immuable, un ordonnateur de l’univers à savoir DIEU. Sa vie parmi ses semblables, les dépassements qui peuvent surgir, le despotisme et l’injustice l’incite à espérer un jour où cette injustice sera levée. Il oriente son regard vers le ciel, vers DIEU. Ceci montre l’influence de (H) sur (V).
Notons enfin, quelques particularités de la dimension (H) : l’homme porte en lui ses propriétés intrinsèques ( tout comme l’électron a son spin s) et interagit avec d’autres hommes dans une zone de la nature bien déterminée ( ceci nous rappelle le noyau qui fait intervenir un champ dépendant de l ); cet homme est sur une sous-couche (l,s).
On pourrait appeler cette interaction, “Culture “. En termes familiers, la culture est l’effort de l’homme pour s’humaniser en cherchant continuellement toutefois, de nouvelles fins et cela d’une façon codifiée afin d’exhiber une bijection ou relation bi-univoque entre le sens et la parole, le sens et le comportement, etc. Et ceci dans le souci de chercher le beau, le bien et donc la stabilité de la structure.
De là, nous voyons le Targui vivant au désert s’habiller d’une façon telle qu’il puisse faire face à la chaleur et aux vents de sable.
Ou le japonais vivant sur ses îles rocheuses et volcaniques 9
manipuler avec dextérité les choses pour aboutir à son ikebana et son koregami. Il est à noter que cette définition de la culture, englobe celle de Pierre Bourdieu, R.Garaudy et Jean Lacroix.
De surcroît, l’homme dans un effort de découvrir les lois qui régissent notre univers, découvre la manière de vivre sur cette terre en tirant profit des phénomènes qui l’entourent.
Citons comme exemple, les lois qui régissent les astres, qui furent utilisées par les Babyloniens, les Egyptiens, les Chinois et les Musulmans pour organiser leurs vies. De même, les lois de la physique nucléaire qui ont servi à fabriquer des bombes atomiques par les Américains, les Russes, les Chinois et les Indiens. Chaque pays puise dans le réservoir universel : la Civilisation. Et cela en dépit de la diversité des cultures.
Mais alors, si la culture correspond aux sous-couches (l, s), la civilisation correspondra à la couche (n) qui les regroupera.
Nous allons maintenant exposer cette dimension transcendance à travers les âges et les civilisations.
MAYA
La civilisation maya est supposée établie dès l’an 2000 av J.C
au Yucatán, et probablement fondée sur une théocratie. Les villes étaient conçues avec un centre religieux où s’élève un temple.
La religion des mayas est basée sur le culte du soleil et des divinités agraires, comme le dieu de la pluie.
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PERSE
Au VIème siècle, un prophète (présumé) apparut en Perse. Il s’appelait Zoroastre ou Zarathoustra. Ce dernier professa une doctrine dualiste - Mazdéisme - qui mettra en duel Angra-Mainyu ( Ahrima ) l’esprit mauvais, féminin et paire, à Ahura-Mazda le dieu bon, masculin et impair, qui le vaincra à la fin des temps.
Cette doctrine constitue une nouvelle manière de vivre les rapports avec le divin :
“ Quel artiste a créé la lumière et les ténèbres ?
Qui a fait les eaux et les plantes?
Qui a mis en route les vents et les nuées ?
Qui a mis l’amour au cœur du père lorsqu’il lui naît un fils? “ INDE
Shri Aurobindo (1872 - 1950) affirme que la pensée védique peut diriger l’humanité vers les plus hautes destinées. Ces védas 11
sont des livres hindous saints :
Rigveda - Samaveda - Yajurveda et Atharveda, qui mènent vers la recherche de l’un.
“ Par qui la chair de l’homme fut-elle réunie?
....................................................................
De qui vient la mort ? De qui vient l’immortalité ?
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Ils le disent multiple, lui qui en réalité est un. “ Les védas ont été composés pendant la période s’étalant du XIV ème au X ème siècle avant notre ère. A partir du VII ème siècle avant notre ère, les upanishads apparurent. Ils traitent les équivalences micro-macrocosme, et affirment l’identification entre atman, âme individuelle et brahman l’âme universelle.
“ Ce dieu unique, présent en tous les êtres est le commencement, la fin et le présent de tout.
.........................………………………………...
La réalité unique et dernière de toute chose “ C’est une recherche de l’union avec DIEU.
Raim Mohan Rog, Debendranath Tagore et Vire Kamenda disent que l’âme parvient à l’union avec DIEU, non seulement par la concentration spirituelle, mais aussi par l’amour envers les hommes et les devoirs qu’il implique. Nous retrouvons la notion de communauté de R.Garaudy.
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EGYPTE
L’ancienne Egypte était une théocratie avec un gouvernement de prêtres. Sa religion était axée sur le culte des morts. L’existence terrestre n’est qu’un prélude à une vie éternelle.
“ Rends mon âme, Osiris, à sa nature divine.
Je vis après la mort une nouvelle vie. “
Dans l’ancien empire, on avait déjà l’idée d’un tribunal des morts où Re le dieu du soleil tenait le sceptre. Ce qui fut plus tard le rôle d’Osiris,
“ Les juges qui jugent les affligés, ils ne sont pas doux le jour où les pêcheurs sont jugés...”
Au cours du procès, le défunt pouvait se défendre non seulement en invoquant la pureté de ses actions, mais aussi au moyen de formules magiques susceptibles de faire échec à une sentence défavorable.
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PHILOSOPHIE OCCIDENTALE
Si on devait faire le bilan de la philosophie occidentale, nous pourrions dire qu’elle a déshabillé l’homme (par analogie avec la notion d’atome et d’atome habillé) et a opéré la rupture de sa structure en faisant abstraction de sa dimension transcendantale, en voulant peut-être réduire tout à un ensemble de concepts.
Avant Socrate, ou phase présocratique, il y avait deux courants de pensée :
Le premier courant s’occupait des grands systèmes (cosmogonies), et voulait expliquer l’univers. On trouve Pythagore qui passe pour l’inventeur du mot philosophie, laquelle représenterait l’effort vers la sagesse. De même, Parménide et les éléates, et Héraclite d’Ephèse le mélancolique qui dit :
“ Tout est un “
” La loi est d’obéir à la volonté de l’un “
” La sagesse consiste en une seule : connaître la pensée qui gouverne tout et partout “
On constate qu’il n’a pas perdu son penchant pour le transcendant.
Ceci s’explique par le fait qu’il ait vécu au carrefour des civilisations en Asie mineure.
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Le deuxième courant est constitué par les sophistes. Il est une réaction contre les grands systèmes, comme toute recherche de loi générale est stérile à leurs yeux. Les sophistes excluent toute autorité transcendante à l’affrontement des intérêts. Il y a deux noms importants :
- Protagoras d’Abdère, selon qui l’homme est la mesure de toute chose.
- Gorgias d’Elis qui renonce à toute science réelle. Ceci impliquant la négation de tout absolu.
“ Avoir les désirs les plus forts possibles et trouver les moyens de les satisfaire “.
Puis vinrent Socrate avec sa théorie du concept, son élève Platon avec sa distinction du visible et des idées.
Ce sera le tour ensuite, du liseur Aristote, élève de Platon avec sa distinction entre l’acte et la puissance, et, la matière et la forme.
Ils ont essayé de réconcilier l’homme avec les valeurs après le mal causé par les maîtres de la parole (sophistes).
Viendra la philosophie bloc, des stoïciens. Dont les fondateurs sont Zénon, Cléanthe et Chrysippe.
Mais ce sont les stoïciens de Rome qu’on connaît le plus : Sénèque, Epictète (esclave affranchi) et Marc Aurèle (empereur).
Selon les Stoïciens le monde est un grand être unique. DIEU est l’âme, l’animateur et l’ordonnateur du monde. Tout étant de l’ordre et voulu par DIEU : c’est une nécessité absolue.
La dimension transcendantale est bien ancrée dans l’homme, la 15
lui refuser entraîne un malaise et un désordre du système des valeurs. En vérité, la société occidentale l’a ressenti et le ressent toujours.
Le voilà A.Schopenhauer avec sa conception du monde basée sur un pessimisme profond. Il s’en évade par sa conception de l’art et de la morale et décrète qu’il n’y a pas d’instincts moraux dans l’homme.
Ou peut-être S.Kierkegaard, ce romantique qui tourne le dos à la science et met en doute la suffisance des morales et logiques.
Ceci n’empêche en rien, quelques philosophes de cultiver une conviction de plus en plus profonde que ce monde a son ordonnateur.
Baruch Spinoza fut excommunié par la synagogue et exclu par la communauté. Son livre le plus célèbre “ Ethique “, représente l’exposé des réflexions du philosophe. Revenant à la substance unique universelle de Parménide, il essaya de prouver qu’elle s’identifie à l’existence même de DIEU, infini et éternel.
Connaître la nature c’est connaître DIEU.
Emmanuel Kant, quant à lui, voulant répondre aux questions :
“ Que puis-je savoir ? “
” Que dois-je faire ? “
” Que m’est-il permis d’espérer ? “,
édifia sa philosophie dans ses oeuvres : critique de la raison pure, critique de la raison pratique et la religion dans les limites de la simple raison. D’après sa critique de la raison pure, la science est 16
aussi fondée sur la raison humaine et réalise le lien entre la sensibilité qui permet de constituer la matière de la réflexion, et l’entendement qui est la mise dans des moules, ou cadres universels de l’intuition, et élabore des idées non issues de l’expérience : DIEU, esprits...
L’un des plus illustres philosophes de toute la philosophie occidentale contemporaine par contre, est Edmund Husserl (1859 -
1938). Il est né en Moravie et a fait des études de mathématiques puis de logique. Il a mis au point la phénoménologie. Pour lui toute conscience est “ conscience - de “. Au-delà de cette définition, c’est une méthode que découvre Husserl. En effet, elle ne fait pas référence à une réalité objective, elle cherche à saisir sans système l’expérience du phénomène à l’état naissant : laisser paraître le réel dans son authenticité. L’homme ne commence à exister pleinement que lorsqu’il prend conscience de son insuffisance comme individu séparé.
Gaston Berger va au-delà de la réduction phénoménologique de Husserl pour restituer à l’homme sa dimension transcendantale.
Il a en outre subdivisé les gens en trois catégories :
- Les satisfaits, positivistes qui se contentent du donné
- Les résignés, pour qui le monde ne suffit pas.
- Les résolus, qui s’enferment dans l’expérience et refusent la transcendance.
Le malaise persiste et devient incontournable, surtout après les défaites. D’où les, ” monde cassé” de Gabriel Marcel et “ monde 17
disloqué “ de Merleau Ponty, ainsi que le désarroi de Heidegger devant son “ ciel vide et une terre en désordre ”.
En Russie, on constata l’émergence de Chestov et Berdiaev, alors qu’en Allemagne il y eut Heidegger et Jaspers, ainsi que Gabriel Marcel et J.P.Sartre en France. La crainte du chaos et ses conséquences amenant les gens à penser à leur existence et ses desseins. D’ailleurs, la philosoph