Apocalypse en Krjoy by François TEPES - HTML preview

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- Introduction -

L’alien est parmi nous. Il a toujours été là, en nous et autour de nous. Nous exprimons ensemble sur la planète Terre une variété fantastique de manières d’être. Cette expression est le reflet d’une diversité cosmique plus luxuriante encore et richement nuancée.

Où se trouve ce cosmos ? En soi et autour de soi. L’observateur est indubitablement immergé dans l’arborescence fractale d’un monde, celui qu’il connaît, celui qu’il perçoit. Mais son paradigme (le schéma corporel intuitif de son monde) n’est que la ramification individuelle d’un univers holographique bien plus vaste… et nous sommes tous égaux en Cela.

La barrière entre l’inerte et le vivant est un leurre et la frontière entre les inconscients un confort d’esprit. Tous les règnes et toutes les espèces sont intriqués, profitant ensemble des mêmes mouvements. Brassage d’individus et de collectifs d’individus, telles des poupées russes plongées dans un Univers multidimensionnel en perpétuel évolution…

Nous sommes tous courts, longs ou carrés, zébrés ou bigarrés, et tous immanquablement nous nous copions :

«- Tiens, ça me plaît bien ça… tu m’le prêtes j’en fais une bouture ?

- Oui, ta demande est claire, prends !

- Trop bien, merci. Je fais vite…

- Oui, tu es contente et tu t’empresses »

Toutes nos histoires naissent de ce genre de brassages chroniques universels. Et en fin de conte, nous y trouvons tous notre compte, car chacun évolue selon ses expériences et voit sa zone de confort s’adapter en conséquence. En repoussant les frontières, l’expérience assure l’acquisition de savoir-être inédits, permettant de nouvelles projections et de nouvelles histoires…

« - C’est quoi cette merde ? Ça va pas du tout avec la couleur de mes yeux !!

- Oui, c’est vrai ! Quel couleur choisis-tu ?

- Puis c’est tout serré ce machin-là, chuis toute comprimée dans ce truc, me suis trompée de taille…

- Oui c’est évident. Quelle taille choisis-tu ?

- Attends, t’as vu ça ? Chuis toute boudinée là-dedans, on dirait une grosse saucisse…

- Oui tu as le sens de l’humour. Sélectionnes-tu à présent une autre hybridation ?

- Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu ? Pourquoi je dois toujours subir tout Cela ?

- Oui tu fais des choix de merde. Souhaites-tu une génétique plus adaptée, ou un clonage en particulier ? »

Pris dans le jeu de ces mouvements cycliques, un système individuel (ou un collectif plus élargit) a le choix de se diriger vers l’intérieur de lui-même en direction de son centre, ou à l’extérieur en déployant son périmètre de manifestation. Il peut dans sa verticalité utiliser une échelle pour descendre en son cœur et remonter le cours de son temps, ou dans son horizontalité projeter de nouvelles expressions face à un temps linéaire peuplé d’autres systèmes de facto étrangers.

Nous percevons côté pile une dimension intérieure dans laquelle tout système peut retrouver ses briques essentielles, introspection propice à modifier durablement certaines connexions entre elles. Et nous distinguons côté face une dimension extérieure, où chacun peut également choisir de nouveaux échanges et consentir à de nouvelles positions au sein d’un collectif plus élargit.

Cela dit, je souhaite inscrire ici une autre lecture, à insérer entre ces deux mouvements qui fonctionnent en miroir très certainement. Un système individuel (ou un collectif plus élargit) a toujours le choix d’agir selon le sens de la raison ou celui de l’affect. Basiquement, il peut tirer la couverture à soi ou la céder à un tiers. Mais vu de plus près, il existe aussi une troisième voie, un point d’équilibre : un jugement de valeur moral (l’observation de ce qui est bien et de ce qui est mal) provoque toujours un mouvement interne relatif à l’objet observé, produisant un flou de surface déformant subséquemment son image. Cette forme d’observation polarise nos projections mentales. À contrario, observer le même objet sans jugement de valeur permet de réaliser un arrêt sur image et un zoom net, éclairant ainsi sa profondeur.

Comme pour un jongleur cherchant l’équilibre sur son fil, la juxtaposition réflexive de ces lectures génèrent un espace-temps singulier, une dimension pédagogique propre à l’émergence de savoir-être inédits. Ces prodigieux exercices de grand écart entre choix de mouvement et de posture permettent l’identification des terrains les plus sûrs pour l’édification de ponts stables entre les paradigmes les plus sourds et les plus durs.

Dans la brève fiction présentée ici, je m’amuse à la croisée de ces choix. Je trouve les histoires d’aliens amusantes et joue à confronter la vision fractale des sciences d’aujourd’hui à la pensée antique et socratique.

Voici donc un teaser que vous ne verrez dans aucune salle de ciné :

« Les envahisseurs sont là, David les a vu !!

Ils sont cruels et sévissent dans nos belles institutions et nos plus grandes entreprises

Ils viennent des espaces froids et Krjoy est ici et maintenant leur proie

L’occupant est parmi nous déjà, reflétant nos envies, peurs et fantaisies

C’est en vérité une coquille vide qui réfléchit l’apparence de ses proies,

Et son regard calculateur reste livide et froid sans étincelle de vie

Ces envahisseurs sont inaptes au bonheur et méprisent toute forme de Joie

Contraints à la prédation, ils ont construit Prvimozk, haut-lieu de perversion

Les krjoyens les plus éveillés tentent de se rassembler, de contre-attaquer…

Ils se battent en leur for intérieur à la recherche de leur intégrité

Pouvez-vous les aider à chasser le parasite ? À déloger la vermine ?

Allons-nous réussir à vibrer tous ensemble notre réelle identité ?

Pouvons-nous seulement encore rayonner une quelconque noblesse »

La Lumière revient, les dinosaures appartiennent à un passé lointain, révolu, résolu, et nous le savons bien. Ils considéraient la gentillesse gratuite illogique et dangereuse, c’était pour eux une tare à exploiter, et cette tare les a emporté. Fin de l’histoire ?

Sur la Terre d’aujourd’hui, parmi nous, de nombreux usurpateurs portent publiquement et impunément le vernis de la perversion narcissique. Reflets d’un leadership charismatique toujours dévoué à la bonne cause d’un côté, et reflets d’une victime hypersensible injustement bafouée par l’ingratitude de ses pairs de l’autre. Judokas du verbe, procéduriers de la suffisance et du mépris, ils s’escriment à pervertir faits et croyances. Experts avérés en lessivage cérébral, ils manipulent leurs auditeurs dont ils détraquent les valeurs. Vanitas vanitatum et omnia vanitas. Mais qui trompent-ils encore ?

En observant un peu l’entourage d’une personne introvertie, douce et gentille, vous y découvrirez un de ces dinosaures énergivores. Évaluez l’impact de son groupe d’appartenance sur sa propre pensée créatrice et vous réaliserez qu’il est d’autant plus tangible qu’il est dense et concentré. Si alors vous connaissez cette personne inhibée, aidez-la à réécrire son histoire. Aidez-nous, aidez-vous, l’éveil des consciences est simplement contagieux.

Partagez parmi la foule un peu de votre essence et par-delà le masque des apparences vibrez et rayonnez votre noble appartenance. Osez l’impudence de questionner les étiquettes qui font violence, embrassant une éthique intimement plus en résonance. Les regards vides peuvent passer leur chemin, ils ont éteint leur chaudière. S’ils veulent se réchauffer, qu’ils rallument d’abord les fourneaux.

Dans cette formidable aventure de notre vie cosmique, nous nous tenons tous magistralement (ou maladroitement) les uns les autres, chacun à sa manière avec ses histoires de vie… et ni le temps ni la distance ne changeront rien à l’affaire, que l’on vienne de Mars, de Vénus, des Pléiades ou de la Terre.

« Un véhicule de croisière attend sagement de nouvelles instructions en orbite stationnaire, tu viens faire un tour ? »

Je prête ici la parole à Eric Berne, qui avait disséqué un martien :

« Le Martien se distingue des autres êtres humains par son approche et son point de vue. Il observe les événements sans idées préconçues. Son point de vue est celui d'un regard neuf. Il ne juge pas les gens d'après les intentions qu'ils affichent, il les comprend à partir de leurs comportements. Son impertinence lui inspire des questions pertinentes et pleines d'humour.

Sa technique consiste à mettre au jour l'endroit et l'envers. Du coup, il découvre deux pôles complémentaires et opposés. Il tient compte des deux. Le martien prend le contre pied de ce qui est généralement dit et examine si la nouvelle proposition qui en résulte est révélatrice, même si elle est iconoclaste »

François Tepes, pour les enfants de ZAGOR

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« Something kind of hit me today. I looked at you and wondered if you saw things my way » - D. Bowie