Contes Coréens by LTI - HTML preview

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CONFUCIUS[3]




Un jour, Confucius, entouré de trois mille disciples, traversait une plaine au milieu de laquelle s’élevait un arbre couvert de fruits. Deux femmes assises, l’une à droite, l’autre à gauche de l’arbre, mangeaient de ces fruits. Celle qui se trouvait au couchant était belle, bien faite et blanche de visage ; celle qui se trouvait au levant était jaune et des moins attrayantes.

« Quelle belle femme! dit Confucius en montrant la première.

— Oui, s’écria l’autre, mais quand tu devras passer un fil dans les quatre-vingt-dix ouvertures d’une petite baie, tu te rappelleras la femme de l’orient et non celle de l’occident.

— Elle est laide! murmura Confucius. En outre, elle semble un peu folle ».

Lorsque Confucius arriva à la porte de l’empereur de Chine, celui-ci lui tendit une petite baie piquante percée de quatre-vingt-dix trous et lui dit :

« Si tu es vraiment un sage, fais passer un fil dans ces quatre-vingt-dix ouvertures ».

Alors Confucius se souvint de la femme assise au levant et il retourna vers elle. Il la retrouva sous le même arbre ; mais sa compagne avait disparu.

« Me voici, je viens te prier de m’aider. »

La femme prit alors la baie, la trempa dans le miel puis elle attacha un fil de soie ténu à la patte d'une petite fourmi. L’insecte, pour manger le miel, se glissa de trou en trou et fit ainsi passer le fil dans les quatre-vingt-dix ouvertures.

« Tu as deviné ce que me demandait le souverain, dit Confucius. Tu as résolu un problème difficile. Qui es-tu? Ou as-tu étudié?

— Je n’ai étudié nulle part et pourtant je connais tout, car je suis une servante du ciel. J’ai été envoyée vers toi, parce que le ciel désire que son élu Confucius réponde à toutes les questions que les hommes peuvent lui poser. »

Ayant parlé ainsi, la femme monta au ciel sous les yeux de Confucius.

Le sage se coucha sur le sol et, toute la durée de la nuit, il s’absorba dans les plus profondes méditations. Il faudrait à un mortel ordinaire des milliers de vies pour penser ce que Confucius pensa cette nuit-là.