Entretiens / Interviews / Entrevistas by Marie Lebert - HTML preview

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= Que pensez-vous des débats liés au respect du droit d'auteur sur le web?

Quelles solutions pratiques suggérez-vous?

En tant qu'universitaire, je suis bien sûr un des parasites de notre société, etdonc tout à fait en faveur de l'accès libre à la totalité de l'information. Entant que co-propriétaire d'une petite start-up, je suis conscient du coût quereprésente la collecte et la présentation de l'information, et de la nécessitéde faire payer ce service d'une manière ou d'une autre.

Pour équilibrer ces deux tendances, je pense que l'information à l'état brut -et certaines ressources à l'état brut: langages de programmation ou moyensd'accès à l'information de base comme les navigateurs web -

doivent êtredisponibles gratuitement. Ceci crée un marché et permet aux gens de lesutiliser. Par contre l'information traitée et les systèmes vous permettantd'obtenir et structurer très exactement ce dont vous avez besoin doivent êtrepayants. Cela permet de financer ceux qui développent ces nouvellestechnologies.

Prenons un exemple: à l'heure actuelle, un dictionnaire n'est pas disponiblegratuitement. Les sociétés éditrices de dictionnaires refusent de les mettrelibrement à la disposition des chercheurs et de toute personne intéressée, etelles avancent l'argument que ces dictionnaires ont demandé des siècles detravail (j'ai eu plusieurs discussions à ce sujet avec des sociétés dedictionnaires). Mais de nos jours les dictionnaires sont des instrumentsstupides: on doit connaître le mot avant de le trouver! J'aimerais avoir unoutil qui me permette de donner une définition approximative, ou peut-être unephrase ou deux incluant un espace pour le mot que je cherche, ou mêmel'équivalent de ce mot dans une autre langue, et que la réponse me revienne avecle(s) mot(s) que je cherche. Un tel outil n'est pas compliqué à construire, maisil faut d'abord le dictionnaire de base. Je pense que ce dictionnaire de basedevrait être en accès libre. Par contre on pourrait facturer l'utilisation dumoteur de recherche ou du service permettant d'entrer une information -partielle ou non - qui soit très "ciblée", afin d'obtenir le meilleur résultat.

Voici un deuxième exemple. On devrait avoir accès librement à la totalité duweb, et à tous les moteurs de recherche "de base" du type de ceux qu'on trouveaujourd'hui. Pas de copyright et pas de licence. Mais si on a besoin d'un moteurde recherche qui procure une réponse très "ciblée" et très fiable, je pensequ'il ne serait pas déraisonnable que ce service soit facturé.

Le créateur d'une encyclopédie ne va naturellement pas aimer ma proposition.Mais je lui suggérerais d'équiper son encyclopédie d'un système d'accèsperformant. Sans ce système, l'information brute donnée par cette encyclopédien'est qu'un stock d'informations et rien d'autre, et ce stock peut aisément seperdre dans une masse considérable d'informations qui augmente tous les jours.

*Entretien du 2 septembre 2000 (entretien original en anglais)

= Quoi de neuf depuis notre dernier entretien?

Je vois de plus en plus de petites sociétés utiliser d'une manière ou d'uneautre les technologies liées aux langues, pour procurer des recherches, destraductions, des rapports ou d'autres services permettant de communiquer. Lenombre de créneaux dans lesquels ces technologies peuvent être utiliséescontinue de me surprendre, et cela va des rapports financiers et leurs mises àjour aux communications d'une société à l'autre en passant par le marketing.

En ce qui concerne la recherche, la principale avancée que je vois est due àKevin Knight, un collègue de l'ISI (Institut des sciences de l'information del'Université de Californie du Sud), ce dont je suis très honoré.

L'été dernier,une équipe de chercheurs et d'étudiants de l'Université Johns Hopkins (Maryland)a développé une version à la fois meilleure et plus rapide d'une méthodedéveloppée à l'origine par IBM (et dont IBM

reste propriétaire) il y a douze ansenviron. Cette méthode permet de créer automatiquement un système de traductionautomatique, dans la mesure où on lui fournit un volume suffisant de textebilingue. Tout d'abord la méthode trouve toutes les correspondances entre lesmots et la position des mots d'une langue à l'autre, et ensuite elle construitdes tableaux très complets de règles entre le texte et sa traduction, et lesexpressions correspondantes.

Bien que la qualité du résultat soit encore loin d'être satisfaisante - personnene pourrait considérer qu'il s'agit d'un produit fini, et personne ne pourraitutiliser le résultat tel quel - l'équipe a créé en vingt-quatre heures unsystème (élémentaire) de traduction automatique du chinois vers l'anglais. Ceciconstitue un exploit phénoménal, qui n'avait jamais été réalisé avant. Lesdétracteurs du projet peuvent bien sûr dire qu'on a besoin dans ce cas de troismillions de phrases disponibles dans chaque langue, et qu'on ne peut se procurerune quantité pareille que dans les parlements du Canada, de Hong-Kong oud'autres pays bilingues.

Ils peuvent bien sûr arguer également de la faiblequalité du résultat. Mais le fait est que, tous les jours, on met en ligne destextes bilingues au contenu à peu près équivalent, et que la qualité de cetteméthode va continuer de s'améliorer pour atteindre au moins celle des logicielsde traduction automatique actuels, qui sont conçus manuellement. J'en suisabsolument certain.

D'autres développements sont moins spectaculaires. On observe une améliorationconstante des résultats dans les systèmes pouvant décider de la traductionopportune d'un terme (homonyme) qui a des significations différentes (parexemple père, pair et père, ndlr). On travaille beaucoup aussi sur la recherched'information par recoupement de langues (qui vous permettront bientôt detrouver sur le web des documents en chinois et en français même si vous tapezvos questions en anglais). On voit également un développement rapide dessystèmes qui répondent automatiquement à des questions simples (un peu comme lepopulaire AskJeeves utilisé sur le web, mais avec une gestion par ordinateur etnon par des êtres humains).

Ces systèmes renvoient à un grand volume de textepermettant de trouver des "factiodes" (et non des opinions ou des motifs ou deschaînes d'événements) en réponse à des questions telles que: "Quelle est lacapitale de l'Ouganda?", ou bien: "Quel âge a le président Clinton?", ou bien:"Qui a inventé le procédé Xerox?", et leurs résultats obtenus sont plutôtmeilleurs que ce à quoi je m'attendais.

= Quelle est votre opinion sur le livre électronique?

Je ne crois pas au livre électronique. Encore plus que d'assister à un concerten public ou d'aller voir un film au cinéma, j'aime l'expérience physiqued'avoir un livre sur les genoux et de prendre plaisir à son odeur, son contactet son poids. Les concerts à la télévision, les films à la télévision et leslivres électroniques font qu'on perd un peu de ce plaisir. Et, pour les livresparticulièrement, je ne suis pas prêt à cette perte. Après tout, dans mondomaine d'activité, il est beaucoup plus facile et beaucoup plus économique dese procurer un livre qu'une place de concert ou de cinéma. Tous mes souhaitsvont aux fabricants de livres électroniques, mais je suis heureux avec leslivres imprimés. Et je ne pense pas changer d'avis de sitôt, et me ranger dansla minorité qui utilise les livres électroniques. Je crains beaucoup moins ladisparition des livres que je n'ai craint autrefois la disparition des cinémas.

= Comment définissez-vous le cyberespace?

Pour moi, le cyberespace est représenté par la totalité des informationsauxquelles nous pouvons accéder par l'internet et les systèmes informatiques engénéral. Il ne s'agit bien sûr pas d'un espace, et son contenu est sensiblementdifférent de celui des bibliothèques. Par exemple, bientôt mon réfrigérateur, mavoiture et moi-même seront connus du cyberespace, et toute personne disposantd'une autorisation d'accès (et d'une raison pour cela) pourra connaîtreprécisément le contenu de mon réfrigérateur et la vitesse de ma voiture (ainsique la date à laquelle je devrai changer les amortisseurs), et ce que je suis entrain de regarder maintenant.

En fait, j'espère que la conception de la publicité va changer, y compris lesaffiches et les présentations que j'ai sous les yeux en marchant, afin que cettepublicité puisse correspondre à mes connaissances et à mes goûts, toutsimplement en ayant les moyens de reconnaître que "voici quelqu'un dont lalangue maternelle est l'anglais, qui vit à Los Angeles et dont les revenus sontde tant de dollars par mois". Ceci sera possible du fait de la nature dynamiqued'un cyberespace constamment mis à jour (contrairement à une bibliothèque), etgrâce à l'existence de puces informatiques de plus en plus petites et bonmarché.

Tout comme aujourd'hui j'évolue dans un "espace social" (socialspace) qui est unréseau de normes sociales, d'expectations et de lois, demain, j'évoluerai aussidans un cyberespace composé d'informations sur lesquelles je pourrai me baser(parfois), qui limiteront mon activité (parfois), qui me réjouiront (souvent,j'espère) et qui me décevront (j'en suis sûr).

= Et la société de l'information?

Une société de l'information est une société dans laquelle la majorité des gensa conscience de l'importance de cette information en tant que produit de base,et y attache donc tout naturellement du prix. Au cours de l'histoire, il s'esttoujours trouvé des gens qui ont compris combien cette information étaitimportante, afin de servir leurs propres intérêts. Mais quand la société, danssa majorité, commence à travailler avec et sur l'information en tant que telle,cette société peut être dénommée société de l'information. Ceci peut sembler unedéfinition tournant un peu en rond ou vide de sens, mais je vous parie que, pourchaque société, les anthropologues sont capables de déterminer quel est lepourcentage de la société occupé au traitement de l'information en tant queproduit de base. Dans les premières sociétés, ils trouveront uniquement desprofesseurs, des conseillers de dirigeants et des sages. Dans les sociétéssuivantes, ils trouveront des bibliothécaires, des experts à la retraiteexerçant une activité de consultants, etc.

Les différentes étapes de la communication de l'information - d'abord verbale,puis écrite, puis imprimée, puis électronique - ont chaque fois élargi (dans letemps et dans l'espace) le champ de propagation de cette information, en rendantde ce fait de moins en moins nécessaire le réapprentissage et la répétition decertaines tâches difficiles. Dans une société de l'information très évoluée, jesuppose, il devrait être possible de formuler votre objectif, et les servicesd'information (à la fois les agents du cyberespace et les experts humains)oeuvreraient ensemble pour vous donner les moyens de réaliser cet objectif, oubien se chargeraient de le réaliser pour vous, et réduiraient le plus possiblevotre charge de travail en la limitant au travail vraiment nouveau ou au travailnécessitant vraiment d'être refait à partir de documents rassemblés pour vousdans cette intention.

CHRISTIANE JADELOT [FR, EN]

[FR] Christiane Jadelot (Nancy)

#Ingénieur d'études à l'INaLF (Institut national de la langue française) Laboratoire du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), l'INaLF apour mission de développer des programmes de recherche sur la langue française,tout particulièrement son lexique. Les données, traitées par des systèmesinformatiques spécifiques et originaux, constamment enrichies et renouvelées,portent sur tous les registres du français: langue littéraire (du 14e au 20esiècle), langue courante (écrite, parlée), langue scientifique et technique(terminologies), et régionalismes. Ces données, qui constituent un matériaud'étude considérable, sont progressivement mises à la disposition de tous ceuxque la langue française intéresse (enseignants et chercheurs, mais aussiindustriels, secteur tertiaire et grand public), soit par des publications, soitpar la consultation de banques et bases de données.

Le domaine de compétence de Christiane Jadelot est la lexicographieinformatisée. Elle est actuellement chargée de la mise en ligne de la huitièmeédition du Dictionnaire de l'Académie française (1932-1935).

[Entretien 08/06/1998 // Entretien 10/08/1999]

*Entretien du 8 juin 1998

= Quel est l'historique du site web de l'INaLF?

Les premières pages sur l'INaLF ont été mises sur l'internet au milieu del'année 1996, à la demande de Robert Martin, directeur de l'INaLF. Je peux enparler, car j'ai participé à la mise sous internet de ces pages, avec des outilsqui ne sont pas comparables à ceux que l'on utilise aujourd'hui. J'ai en effettravaillé avec des outils sous Unix, qui n'étaient pas très facilesd'utilisation. Nous avions peu d'expérience de la chose, à l'époque, et lespages étaient très verbeuses. Mais la direction a senti la nécessité urgente denous faire connaître par l'internet, que beaucoup d'autres entreprisesutilisaient déjà pour promouvoir leurs produits.

Nous sommes en effet "Unité derecherche et de service" et nous avons donc à trouver des clients pour nosproduits informatisés, le plus connu d'entre eux étant la base textuelleFrantext. Il me semble que la base Frantext était déjà sur internet (depuisdébut 1995, ndlr), ainsi qu'une maquette du tome 14 du TLF (Trésor de la languefrancaise, dictionnaire en 16 volumes publié par le CNRS entre 1971 et 1994, etdont le 14e volume a été consultable en ligne pendant quelque temps, ndlr). Ilétait donc nécessaire de faire connaître l'ensemble de l'INaLF par ce moyen.Cela correspondait à une demande générale.

= Quel est l'apport de l'internet dans votre vie professionnelle?

J'ai commencé à utiliser vraiment l'internet en 1994, je crois, avec un logicielqui s'appelait Mosaic. J'ai alors découvert un outil précieux pour progresserdans mes connaissances en informatique, linguistique, littérature… Tous lesdomaines sont couverts. Il y a le pire et le meilleur, mais en consommateuraverti, il faut faire le tri de ce que l'on trouve. J'ai surtout apprécié leslogiciels de courrier, de transfert de fichiers, de connexion à distance.J'avais à cette époque des problèmes avec un logiciel qui s'appelait Paradox etdes polices de caractères inadaptées à ce que je voulais faire. J'ai tenté machance et posé la question dans un groupe de News approprié. J'ai reçu desréponses du monde entier, comme si chacun était soucieux de trouver une solutionà mon problème! Je n'étais pas habituée à ce type de solidarité. Les habitudesen France sont plutôt de travailler avec des cloisons étanches.

= Comment voyez-vous l'avenir?

Je pense qu'il faut équiper de plus en plus de laboratoires avec du matériel depointe, qui permette d'utiliser tous ces médias. Nous avons des projets endirection des lycées et des chercheurs. Le ministère de l'Education nationale apromis de câbler tous les établissements, c'est plus qu'une nécessité nationale.J'ai vu à la télévision une petite école dans un village faisant l'expérience del'internet. Les élèves correspondaient avec des écoles de tous les pays, ceci nepeut être qu'une expérience enrichissante, bien sûr sous le contrôle des adultesformés pour cela. Voilà ma petite expérience. Je me suis équipée maintenant àdomicile dans un but plus ludique, en espérant convaincre ma fille d'utiliser aumieux tous ces outils.

*Entretien du 10 août 1999

= Que pensez-vous des débats liés au respect du droit d'auteur sur le web?

L'INaLF est au coeur des problèmes de droits d'auteur et d'éditeur avec sa basede textes Frantext. Il me semble que les règles devraient s'assouplir, car pourle moment cette base a un accès restreint, ce qui est dommageable pour sadiffusion et la diffusion de la langue française en général.

= Comment voyez-vous l'évolution vers un internet multilingue?

Personnellement je n'ai pas d'état d'âme par rapport à l'usage de la langueanglaise. On doit la prendre comme un banal outil de communication. Cela dit,les sites doivent proposer un accès par l'anglais et par la langue du paysd'origine.

= Quel est votre meilleur souvenir lié à l'internet?

Mon meilleur souvenir est celui évoqué en 1998, lorsque, pour mon problème depolices de caractères, qui était très local, j'ai reçu des réponses du mondeentier!

= Et votre pire souvenir?

Celui d'avoir envoyé un courrier électronique à une personne qui n'était pasdestinataire. Ce mode de communication doit être utilisé avec prudence parfois.Il va plus vite que la pensée elle-même, et peut être utilisé de manière trèsperverse, après coup, par le destinataire.

[EN] Christiane Jadelot (Nancy, France)

#Researcher at the INALF (Institut national de la langue française - National Institute of the French Language)

The purpose of the INaLF — part of the France's National Centre for ScientificResearch (Centre national de la recherche scientifique, CNRS) — is to designresearch programmes on the French language, particularly its vocabulary. TheINaLF's constantly expanding and revised data, processed by special computersystems, deal with all aspects of the French language: literary discourse(14th-20th centuries), everyday language (written and spoken), scientific andtechnical language (terminologies), and regional languages. This data, which isan very important study resource, is made available to people interested in theFrench language (teachers and researchers, business people, the service sectorand the general public) through publications and databases.

Christiane Jadelot is an expert in computerized lexicography. She is currentlyin charge of putting the eighth version of the Dictionnaire de l'Académiefrançaise (Dictionary of the French Academy) (1932-1935) online.

[Interview 08/06/1998 // Interview 10/08/1999]

*Interview of June 8, 1998 (original interview in French)

= What is the history of the INaLF website?

At the request of Robert Martin, the head of INaLF, our first pages were postedon the Internet in mid-1996.

I helped set up these web pages with tools thatcannot be compared to the ones we have nowadays. I was working with tools onUnix, which were not very easy to use. We had little practical experience then,and the pages were very cluttered. But the INaLF thought it was very importantto make ourselves known through the Internet, which many firms were alreadyusing to sell their products. As we are a "research and services" organization,we have to find customers for our computer products, the best known being thetext database Frantext. I think Frantext was already on the Internet (sinceearly 1995), and there was also a draft version of volume 14 of the TLF (Trésorde la langue française). So we had to publicize INaLF activities in this way. Itmet a general need.

= How did using of the Internet change your professional life?

I began to really use it in 1994, with a browser called Mosaic. I found it avery useful way of improving my knowledge of computers, linguistics,literature… everything. I was finding the best and the worst, but as adiscerning user, I had to sort it all out and make choices. I particularly likedthe software for e-mail, file transfers and dial-up connections. At that time Ihad problems with a programme called Paradox and character sets that I couldn'tuse. I tried my luck and threw out a question in a specialist news group. I gotanswers from all over the world. Everyone seemed to want to solve my problem! Iwasn't used to this kind of support. The French are more used to working alone,without reaching out.

= What do you see the future?

I think we have to equip more and more laboratories with high-tech hardware andsoftware so we can use all these new media. We have got projects for schools andresearch centers. The French education ministry has promised to give all schoolscable line access, which is a pressing national need. I saw a TV programme abouta small rural primary school's experience of the Internet. The pupils werecommunicating by e-mail with schools all over the world. This is very enriching,especially when supervised by specially-trained teachers. So that is how I seethe Internet. Now I am equipped at home, more for fun, and I hope to convince mydaughter to use all these tools to the fullest.

*Interview of August 10, 1999 (original interview in French)

= What do you think of the debate about copyright on the Web?

With its text database Frantext, the INaLF is greatly affected by problems ofcopyright and publisher's rights. I think the rules should be more flexible. Atthe moment, use of the database is restricted, which reduces its influence andthe spread of French in general.

= How do you see the growth of a multilingual Web?

Personally I have no problem about the use of English, which has to be regardedas a shared communication tool. But websites should offer access both in Englishand in the language of their country of origin.

= What is your best experience with the Internet?

It was the one I recalled in 1998, when I got responses from all over the worldto my very trivial question about type-faces.

= And your worst experience?

When I sent an email to someone by mistake. Sometimes this communication toolhas to be used carefully.

It goes faster than the human brain and can then beused by the recipient in a very ugly way.

GERARD JEAN-FRANCOIS [FR]

[FR] Gérard Jean-François (Caen)

#Directeur du centre de ressources informatiques de l'Université de Caen Directeur du centre de ressources informatiques de l'Université de Caen (CRIUC),Gérard Jean-François est chargé de l'exploitation et du développement destechnologies de la communication pour la recherche et la pédagogie.

*Entretien du 13 mars 2001

= Pouvez-vous décrire l'activité de votre organisme?

L'Université de Caen Basse-Normandie compte 24.000 étudiants. Elle est unique,donc pluridisciplinaire pour la région. De ce fait, elle est répartie sur unedouzaine de sites. Les activités principales sont évidemment l'enseignement etla recherche.

= En quoi consiste exactement votre activité professionnelle?

Mon activité professionnelle consiste à effectuer la veille technologique et àmettre en place les moyens nécessaires à l'activité de l'établissement. Cesmoyens sont essentiellement le réseau de communication, les serveurs et leséquipements individuels. Sur ces équipements sont mis en place les services(messageries, bases de données, visioconférence…) nécessaires aux utilisateurs(étudiants, enseignants/chercheurs, personnels techniques et administratifs).

= Et votre activité liée à l'internet?

Par rapport à internet, je me dois de fournir l'accès internet à l'ensemble del'établissement mais également de rendre visible l'établissement sur internet,ceci dans le strict respect de la législation en appliquant toutes les mesuresde sécurité qui incombent à mon rôle de responsable sécurité du systèmeinformatique.

= Comment voyez-vous l'avenir?

Pour l'avenir, les évolutions suivantes se précisent à l'horizon :

- les développements techniques pour la prise en compte des différents médias,

- la "démocratisation" de l'internet, qui amènera la mise en place de réseauxprofessionnels,

- la multiplication des problèmes de sécurité liés à la dématérialisation del'information.

= Utilisez-vous encore beaucoup de documents papier?

Pour mon activité professionnelle, j'utilise encore le papier pour travaillerhors de mon bureau, de même que pour des livres autres que techniques. En effet,si des documents techniques (qui sont des bases de données) sont facilementconsultables sous forme électronique, il n'en est pas de même pour des ouvragesde fond. Au sujet de la presse, il est hors de question de la supprimer pour lalecture, mais pour l'archivage oui.

= Le papier a-t-il encore de beaux jours devant lui?

La réponse est oui mais les usages changeront.

= Quelle est votre opinion sur le livre électronique?

Le livre électronique, c'est quoi? Le livre électronique tel qu'il existeactuellement est une base de données documentaires qui permet si on le souhaitede télécharger le contenu et ensuite de l'éditer. Les écrans étant ce qu'ilssont et ce qu'ils resteront longtemps, on ne peut pas espérer lire n'importe oùet n'importe quand un texte de quelque difficulté qu'il soit. Pour des documentsne comportant que des images, cela peut en être autrement.

= Quel est votre avis sur les débats relatifs au respect du droit d'auteur surle web?

A mon avis, il n'y a pas de débat. Si on met quelque chose sur le web,c'est-à-dire ouvert à tout le monde, cela signifie qu'on l'offre gratuitement àtout le monde. Si on veut en faire du commerce, les moyens existent poursécuriser les accès et les copies, il faut tout simplement les mettre en oeuvre.A l'heure actuelle (et c'est peut-être une bonne chose) on n'a que deuxalternatives, ou bien on met ses créations dans un tiroir et on vend, ou bien onoffre.

= Quelles sont vos suggestions pour une meilleure accessibilité du web auxaveugles et mal-voyants?

Les progrès techniques concernant les réseaux devraient permettre de mettre surle web davantages de documents sonores. Une piste qui peut avoir de l'avenir:prendre les textes des pages web et les synthétiser sous forme sonore sur sonpropre PC.

= Comment définissez-vous le cyberespace?

Le cyberspace peut être considéré comme l'ensemble des informations qui sontaccessibles sans aucune restriction sur le réseau internet.

= Et la société de l'information?

Il n'y a pas de société de l'information particulière. De tout temps, elle atoujours existé. Ce qu'il faut noter, c'est son évolution continue. Gutenbergl'a fait évoluer, de même internet.

= Quel est votre meilleur souvenir lié à l'internet?

La remarque faite par un internaute d'Outre-Atlantique qui, ayant examiné unephoto, nous a averti qu'elle était à l'envers.

= Et votre pire souvenir?

Pas vraiment de mauvais souvenirs, simplement une amertume envers les mauvaisusages qui en sont faits.

JEAN-PAUL [FR, EN]

[FR] Jean-Paul (Paris)

#Webmestre des cotres furtifs, un site hypermédia qui raconte des histoires en3D

Webmestre des cotres furtifs, Jean-Paul - qui a choisi son prénom commepseudonyme - s'est toujours intéressé à l'écriture, imprimée ou chantée, avantde centrer son intérêt sur les nouvelles formes qu'annoncent le numérique et latechnique de l'hyperlien, l'architecture par liens, le système descorrespondances dans un réseau où sinon les parfums du moins "les couleurs etles sons se répondent"…

Depuis 1999, il anime des soirées publiques sur lethème de l'hypertexte à La Maroquinerie (Paris). En 2000, il fait partie de lagrande aventure du Samarkande: www.thewebsoap.net, un feuilleton hypermédiacollectif de onze auteurs diffusé en direct sur la toile.

Les cotres furtifs (un cotre est un bateau à voile) ont commencé à émettre le 20octobre 1998. "L'image et le son font partie intégrante de chaque récit, avec unsystème d'échos de l'un à l'autre, mais le parti-pris est de laisser la prioritéaux mots." Ils en sont à leur version 2, offrant "deux entrées sur deuxhistoires qui se croisent comme le ruban de Möbius". La version 3 est en vue,"consacrée à un avatar de Clément Ader".

[Entretien 05/08/1999 // Entretien 25/06/2000 // Entretien 03/12/2000 //

Entretien 03/06/2001]

*Entretien du 5 août 1999

= Comment voyez-vous l'avenir?

L'internet va me permettre de me passer des intermédiaires: compagnies dedisques, éditeurs, distributeurs… Il va surtout me permettre de formaliser ceque j'ai dans la tête (et ailleurs) et dont l'imprimé (la micro-édition, enfait) ne me permettait de donner qu'une approximation. Puis les intermédiairesprendront tout le pouvoir. Il faudra alors chercher ailleurs, là où l'herbe estplus verte…

Pour s'en tenir à la cyber-littérature, ou littérature numérique ou comme onvoudra l'appeler, son avenir est tracé par sa technologie même : il estmaintenant impossible à un(e) auteur(e) seul(e) de manier à la fois les mots,leur apparence mouvante et leur sonorité. Maîtriser aussi bien Director,Photoshop et Cubase, pour ne citer que les plus connus, c'était possible il y adix ans, avec les versions 1. Ça ne l'est plus. Dès demain (matin), il faudrasavoir déléguer les compétences, trouver des partenaires financiers aux reinsautrement solides que Gallimard, voir du côté d'Hachette-Matra, Warner,Pentagone, Hollywood.

Au mieux, le statut du… écrivaste ? multimédiaste ? sera celui du vidéaste, dumetteur en scène, du directeur de produit : c'est lui qui écope des palmes d'orà Cannes, mais il n'aurait jamais pu les décrocher seul. Soeur jumelle (et nonpas clone) du cinématographe, la cyber-littérature (= la vidéo + le lien) seraune industrie, avec quelques artisans isolés dans la périphérie off-off (auxdroits d'auteur négatifs, donc).

= Qu'est-ce exactement qu'un cotre?

Il est ainsi appelé parce qu'il semble couper l'eau : "Cotre, Cutte