Entretiens / Interviews / Entrevistas by Marie Lebert - HTML preview

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= Comment vous est venu le désir d'écrire?

Mon désir d'écrire s'est manifesté très tard dans la vie et très lentement. J'aipublié mes premiers articles dans Agriculture et vie entre 40 et 50 ans,découvrant là une façon de m'exprimer différente de la parole, qui m'obligeait àaffiner ma pensée pour transmettre un message clair et agréable à lire.

Pour attirer l'attention des lecteurs j'ai inventé des histoires courtes àmorale écologique mais aussi fantastique. Ainsi sont nées toutes ces histoirespubliées ensuite sous le titre de Contes écologiques et fantastiques (Caen,Editions Charles Corlet, 1988 - réédités en 1995 à la suite des Extravaganteshistoires de Graundaru, ndlr).

A 60 ans j'ai souffert d'une crise aiguë de polyarthrite. Ne pouvant plustravailler ni me déplacer, j'ai écrit le Couguard et d'autres nouvelles,publiées sous le titre: Trois histoires étranges (Marigny, Editions Paoland,1995, ndlr) (prix Octave Mirebeau 1997). La même année sont parues Lesextravagantes histoires du Graundaru (Marigny, Editions Paoland, 1995, ndlr).

Mais il me restait quelque chose d'inassouvi: la poésie. Tous les essaiss'étaient soldés par un échec, blocage au deuxième vers et pas d'inspirationsauf des banalités, je n'étais pas mûr pour le faire. Puis un jour -

j'avaisalors 70 ans - grattant un plafond, travail ingrat, j'eus subitement uneinspiration, c'est ainsi qu'est né Les fleurs de mon jardin (poème qui n'est pasencore publié, ndlr). D'autres ont suivi presque dans interruption. C'est aprèsl'avoir écrite que j'ai découvert que Les peupliers et le saule pleureur étaitune fable.

Les autres ont été voulues. Ainsi sont nées Fables pour l'an 2000,entre septembre 1996 et avril 1999.

= Pourquoi des fables? Pourquoi l'an 2000?

Je m'explique dans la préface de mon recueil:

"Trois siècles après le grand La Fontaine, que peut-on ajouter à une oeuvreaussi pleine de nuances et de richesse psychologique?

Si depuis tous les temps, la nature humaine est restée toujours la même, parcontre la connaissance et la vision du monde ont beaucoup changé. Et le rôle desfables est de révéler aux hommes, un peu comme un miroir fantastique, cetteimage d'eux-mêmes que leurs habitudes journalières dissimulent à leur vue. Lafable permet aussi d'aborder les problèmes de société, comme de courtes comédiestrès proches de la nature. Mais depuis peu les hommes ont acquis un immensepouvoir: celui de détruire le monde, soit d'une façon violente, soit petit àpetit en l'empoisonnant et le surexploitant.

Arrivés en l'an 2000, après plus de cinq siècles d'humanisme rationnel etscientifique cherchant à faire reculer le mystère, voilà qu'ils découvrent (…)qu'ils n'en viendraient jamais à bout et qu'il fait partie de leur proprenature. (…) Le prochain millénaire sera-t-il celui de la révélation mystiquecomme certains l'ont prédit? Ou bien, la violence destructrice l'emportant, lemonde pourrait-il être détruit par les hommes eux-mêmes?

C'est peu probable, si chacun peut s'exprimer sans provoquer d'intransigeantesréactions et qu'enfin arrivés à la tolérance, les fabulistes puissent à leurmanière - sans être rejetés comme des moralistes démodés -

contribuer à traversl'humour, à une meilleure connaissance les uns des autres. N'oublions pas que LaFontaine a reçu les honneurs du Roi, qu'il n'avait pourtant pas plus ménagé queles autres dans le personnage du Lion.

Les éditeurs ont aussi leur rôle à jouer afin que la culture soit la plusdiversifiée possible, pour repousser le mythe de la culture unique et mondialequi nous menace.

Le troisième millénaire c'est demain. C'est une page blanche dont le début estdéjà écrit, mais où le présent n'étant toujours qu'un court passage entre deuxinfinis, rend si difficile la réflexion humaine."

= Avez-vous une fable préférée?

Ma fable préférée est Les borgnes. Puis viennent La République des grenouilleset Les animaux malades de la violence. Mais à chacun de retirer la conclusionqui lui convient à chacune des fables, car toute opinion est respectable. Seulest intolérable de vouloir l'imposer aux autres d'une façon contrainte oudétournée.

= Que représente l'internet pour vous?

Internet représente pour moi un formidable outil de communication qui nousaffranchit des intermédiaires, des barrages doctrinaires et des intérêts desmédias en place. Soumis aux mêmes lois cosmiques, les hommes, pouvant mieux seconnaître, acquerront peu à peu cette conscience du collectif, d'appartenir à unmême monde fragile pour y vivre en harmonie sans le détruire.

Internet est absolument comme la langue d'Esope, la meilleure et la pire deschoses, selon l'usage qu'on en fait, et j'espère qu'il ne permettra dem'affranchir en partie de l'édition et de la distribution traditionnelle qui,refermée sur elle-même, souffre d'une crise d'intolérance pour entrer à reculonsdans le prochain millénaire (voir à ce sujet la fable Le poète et l'éditeur,ndlr).

= Quel est votre meilleur souvenir de l'année 1999?

La démonstration faite par vous de la possibilité de publier les Fables pourl'an 2000 sur internet (publiées sur le site des éditions du Choucas en décembre1999, avec un design de Nicolas Pewny, ndlr). Mes meilleurs instants de bonheursont aussi ceux qui naissent après avoir terminé l'écriture d'une fable ou d'unpoème.

= Et votre pire souvenir?

Mon pire souvenir est celui de ma post-réanimation après un pontage coronarienen juillet.

= Quels sont vos souhaits pour l'an 2000 et les années suivantes?

Une meilleure tolérance et une plus grande pluralité des cultures.

*Entretien du 26 janvier 2001

= Quoi de neuf depuis notre premier entretien?

J'ai rencontré le président du Centre régional des lettres de Basse-Normandie,qui s'est vivement intéressé aux Fables pour les années 2000. Il a proposé uneaide de la région Basse-Normandie pour une édition imprimée sous forme derecueil. Le travail est très avancé et la publication pourrait avoir lieu auprintemps.

= Pourquoi avoir modifié le titre, devenu Fables pour les années 2000 au lieu de Fables de l'an 2000?

Tout simplement parce que, les ayant écrites avant l'an 2000, je pensaisqu'elles seraient publiées avant le changement de millénaire, et que maintenanten voilà pour mille ans avant le prochain. Cela donne le vertige au-delà detoute imagination.

= Avez-vous quelque chose à ajouter à vos propos de 1999 relatifs à l'internet?

Non. Sauf qu'il serait indispensable pour moi d'y être raccordé le plus vitepossible pour mes besoins en documentation et aussi pour la communication.

= Les jours du papier sont-ils comptés?

Non, pas du tout! Le papier est un support qui va subsister encore trèslongtemps et qui garde certains avantages. Il est cependant gourmand en matièrepremière, le bois. Les autres supports sont complémentaires, et présentent desavantages, surtout pour la circulation et la reproduction à longue distance.

= Quelle est votre opinion sur le livre électronique?

Je ne l'ai pas encore utilisé. Je pense qu'il a cependant beaucoup d'intérêt. Iléconomise le papier. Je l'imagine dans les bibliothèques pour la lecture aupublic. L'usage et le temps nous apporteront une réponse, mais l'informatiquen'a pas fini de nous étonner.

= Comment définissez-vous le cyberespace?

Le cyberespace est un moyen pour supprimer l'espace.

= Et la société de l'information ?

La société de l'information est un moyen de satisfaire l'appétit deconnaissances et de curiosité qu'ont les hommes de par le monde.

MURIEL GOIRAN [FR]

[FR] Muriel Goiran (Rhône-Alpes)

#Libraire à la librairie Decitre

En région Rhône-Alpes, les huit librairies Decitre sont particulièrementdynamiques dans le domaine des nouvelles technologies et de l'internet. Decitrepropose aussi une librairie en ligne de 430.000 titres.

*Entretien du 8 juin 1998

= Que représente l'internet pour vous?

C'est pour l'instant juste un moyen de communication de plus (mail) avec nosclients des magasins et nos clients bibliothèques et centres de documentation.Nous avons découvert son importance en organisant DOCForum, le premier forum dela documentation et de l'édition spécialisée, qui s'est tenu à Lyon en novembre1997 (la prochaine édition est fixée en novembre 1999). Il nous est apparuclairement qu'en tant que libraires, nous devions avoir un pied dans le Net.

= Quel est l'apport de l'internet dans votre vie professionnelle?

Internet est très important pour notre avenir. Nous allons mettre en ligne notrebase de 400.000 livres français à partir de fin juillet 1998, et elle sera enaccès gratuit pour des recherches bibliographiques (l'achat des livres serapayant bien sûr!). Ce ne sera pas une n-ième édition de la base de PlanèteLivre, mais notre propre base de gestion, que nous mettons sur internet.

MARCEL GRANGIER [FR, EN]

[FR] Marcel Grangier (Berne)

#Responsable de la section française des services linguistiques centraux del'Administration fédérale suisse

[Entretien 14/01/1999 // Entretien 25/01/2000]

*Entretien du 14 janvier 1999

= Quel est l'apport de l'internet dans un service de traduction?

Travailler sans internet est devenu tout simplement impossible: au-delà de tousles outils et commodités utilisés (messagerie électronique, consultation de lapresse électronique, activités de services au profit de la profession destraducteurs), internet reste pour nous une source indispensable et inépuisabled'informations dans ce que j'appellerais le "secteur non structuré" de la toile.Pour illustrer le propos, lorsqu'aucun site comportant de l'informationorganisée ne fournit de réponse à un problème de traduction, les moteurs derecherche permettent dans la plupart des cas de retrouver le chaînon manquantquelque part sur le réseau.

= Comment voyez-vous l'expansion du multilinguisme sur le web?

Le multilinguisme sur internet peut être considéré comme une fatalité heureuseet surtout irréversible. C'est dans cette optique qu'il convient de creuser latombe des rabat-joie dont le seul discours est de se plaindre d'une suprématiede l'anglais. Cette suprématie n'est pas un mal en soi, dans la mesure où ellerésulte de réalités essentiellement statistiques (plus de PC par habitant, plusde locuteurs de cette langue, etc.). La riposte n'est pas de "lutter contrel'anglais" et encore moins de s'en tenir à des jérémiades, mais de multiplierles sites en d'autres langues. Notons qu'en qualité de service de traduction,nous préconisons également le multilinguisme des sites eux-mêmes.

La multiplication des langues présentes sur internet est inévitable, et ne peutque bénéficier aux échanges multiculturels. Pour que ces échanges prennent placedans un environnement optimal, il convient encore de développer les outils quiamélioreront la compatibilité. La gestion complète des diacritiques ne constituequ'un exemple de ce qui peut encore être entrepris.

*Entretien du 25 janvier 2000

= En quoi consiste votre site web?

Conçu d'abord comme un service intranet, notre site web se veut au serviced'abord des traducteurs opérant en Suisse, qui souvent travaillent sur la mêmematière que les traducteurs de l'administration fédérale, mais également, parcertaines rubriques, au service de n'importe quel autre traducteur où qu'il setrouve. Les dictionnaires électroniques ne sont qu'une partie de l'ensemble, etd'autres secteurs documentaires ont trait à l'administration, au droit, à lalangue française, etc., sans parler des informations générales. Le site abritepar ailleurs les pages de la CST (Conférence des services de traduction desétats européens).

= En quoi consiste exactement votre activité professionnelle?

Je suis responsable de la section française des services linguistiques centraux(SLC-f) de la Chancellerie fédérale suisse, c'est-à-dire en charge des questionsorganisationnelles de la traduction pour l'ensemble des services linguistiquesdu gouvernement suisse.

= Que pensez-vous des débats liés au respect du droit d'auteur sur le web?

Le problème est réel même si la solution n'est pas évidente. On peut toutefoisregretter que la lutte contre ce genre de fraude finira par justifier, avecd'autres dérives, une "police du WWW" malheureusement bien éloignée de l'espritdans lequel la toile a été créée.

= Comment voyez-vous l'évolution vers un internet multilingue?

Nous y sommes, à l'internet multilingue: reste à le consolider et à veiller àl'égalité des chances d'accès, ce qui prendra probablement un peu plus de temps.

[EN] Marcel Grangier (Bern)

#Head of the French Section of the Swiss Federal Government's Central Linguistic Services

[Interview 14/01/1999 // Interview 25/01/2000]

*Interview of January 14, 1999 (original interview in French)

= How did using the Internet change your professional life?

To work without the Internet is simply impossible now. Apart from all the toolsused (e-mail, the electronic press, services for translators), the Internet isfor us a vital and endless source of information in what I'd call the"non-structured sector" of the Web. For example, when the answer to atranslation problem can't be found on websites presenting information in anorganized way, in most cases search engines allow us to find the missing linksomewhere on the network.

= How do you see the growth of a multilingual Web?

We can see multilingualism on the Internet as a happy and irreversibleinevitability. So we have to laugh at the doomsayers who only complain about thesupremacy of English. Such supremacy isn't wrong in itself, because it's mainlybased on statistics (more PCs per inhabitant, more people speaking English,etc.). The answer isn't to "fight English," much less whine about it, but tobuild more sites in other languages. As a translation service, we also recommendthat websites be multilingual.

= How do you see the future?

The increasing number of languages on the Internet is inevitable and can onlyboost multicultural exchanges. For this to happen in the best possiblecircumstances, we still need to develop tools to improve compatibility. Fullycoping with accents and other characters is only one example of what can bedone.

*Interview of January 25, 2000 (original interview in French)

= Can you tell us about your website?

Our website was first conceived as an Intranet service for translators inSwitzerland, who often deal with the same kind of material as the federalgovernment's translators. Some parts of it are useful to any translators,wherever they are. The electronic dictionaries (Dictionnaires électroniques) areonly one section of the website. Other sections deal with administration, law,the French language and general information.

The site also hosts the pages ofthe Conference of Translation Services of European States (COTSOES).

= What exactly is your professional activity?

I'm head of the French Section of the Swiss Federal Government's CentralLinguistic Services, which means I'm in charge of organising translation mattersfor all the linguistic services of the Swiss government.

= What do you think of the debate about copyright on the Web?

There's a problem here and the solution isn't obvious. It's a pity the battleagainst this kind of fraud will eventually justify, along with other abuses, a"Web police," which sadly is very far from the spirit in which the Web wascreated.

= How do you see the growth of a multilingual Web?

We now have a multilingual Internet. We have to build it up and ensure it's easyto access, which'll probably take a bit longer.

BARBARA GRIMES [EN, FR]

[EN] Barbara Grimes (Hawaii)

#Editor of Ethnologue: Languages of the World

The Ethnologue is a catalogue of more than 6,700 languages. A paper version anda CD-ROM are also available.

[Interview 18/08/1998 // Interview 15/01/2000]

*Interview of August 18, 1998

= How did using the Internet change your professional life?

We have found the Internet to be useful, convenient, and supplementary to ourwork. Our main use of it is for e-mail. It is a convenient means of makinginformation more widely available to a wider audience than the printedEthnologue provides.

On the other hand, many people in the audience we wish to reach do not haveaccess to computers, so in some ways the Ethnologue on the Internet reaches alimited audience who own computers. I am particularly thinking of people in theso-called "third world".

= How do you see the growth of a multilingual Web?

Multilingual web pages are more widely useful, but much more costly to maintain.We have had requests for the Ethnologue in a few other languages, but we do nothave the personnel or funds to do the translation or maintenance, since it isconstantly being updated.

*Interview of January 15, 2000

= Can you tell us about the Ethnologue?

It is a catalog of the languages of the world, with information about where theyare spoken, an estimate of the number of speakers, what language family they arein, alternate names, names of dialects, other sociolinguistic and demographicinformation, dates of published Bibles, a name index, a language family index,and language maps.

= What exactly is your professional activity?

I am the editor of the 8th to 14th editions, 1971-2000.

= What do you think of the debate about copyright on the Web?

Any copyrights should be respected, just as with print matter.

= What is your best experience with the Internet?

Receiving corrections and new reliable information.

= And your worst experience?

Unkind criticism or that which does not include corrections.

[FR] Barbara Grimes (Hawaii)

#Directrice de publication de l'Ethnologue, une encyclopédie des langues Cette encyclopédie très documentée, qui en est à sa 14e édition, existe enversion web, sur CD-Rom et en version imprimée. Elle répertorie 6.700 langues,avec de multiples critères de recherche. Barbara F. Grimes en est la directricede publication.

[Entretien 18/08/1998 // Entretien 15/01/2000]

*Entretien du 18 août 1998 (entretien original en anglais)

= Quel est l'apport de l'internet dans votre vie professionnelle?

L'internet nous est utile, c'est un outil pratique qui apporte un complément ànotre travail. Nous l'utilisons principalement pour le courrier électronique.C'est aussi un moyen commode pour mettre notre documentation à la dispositiond'une audience plus large que celle de l'Ethnologue imprimé.

D'un autre côté, l'Ethnologue sur l'internet n'atteint en fait qu'une audiencelimitée disposant d'ordinateurs.

Or, dans les personnes que nous souhaitonsatteindre, nombreux sont ceux qui n'ont pas accès à des ordinateurs. Je penseparticulièrement aux habitants du dit "Tiers-monde".

= Envisagez-vous des pages web multilingues?

Les pages web multilingues sont de plus en plus utiles, mais elles sont plusonéreuses à gérer. Nous avons eu des demandes nous demandant l'accès àl'Ethnologue dans plusieurs autres langues, mais nous n'avons pas le personnelni les fonds pour la traduction ou la réactualisation, indispensables puisquenotre site est constamment mis à jour.

*Entretien du 15 janvier 2000 (entretien original en anglais)

= En quoi consiste exactement l'Ethnologue?

Il s'agit d'un catalogue des langues dans le monde, avec des informations surles endroits où elles sont parlées, une estimation du nombre de personnes quiles parlent, la famille linguistique à laquelle elles appartiennent, les autresnoms utilisés pour ces langues, les noms de dialectes, d'autres informationssocio-linguistiques et démographiques, les dates des Bibles publiées, un indexdes noms de langues, un index des familles linguistiques et des cartesgéographiques relatives aux langues.

= Quelle est exactement votre activité?

Je suis la directrice de publication de l'Ethnologue, depuis 1971 et jusqu'en2000 (8e-14e éditions).

= Que pensez-vous des débats liés au respect du droit d'auteur sur le web?

Tous les copyrights doivent être respectés, de la même façon que pour l'imprimé.

= Quel est votre meilleur souvenir lié à l'internet?

Le fait de recevoir des corrections et de nouvelles informations fiables.

= Et votre pire souvenir?

Des critiques peu aimables sans proposition de corrections.

MICHAEL HART [EN, FR, ES]

[EN] Michael Hart (Illinois)

#Founder of Project Gutenberg, the oldest digital library on the Internet Project Gutenberg, set up by Michael Hart in 1971 when he was a student at theUniversity of Illinois (USA), was the Internet's first information provider.From the beginning, its mission has been to put at everybody's disposal, free,as many books as possible whose copyright has expired. It is now the biggestdigital library on the Web in terms of the number of books (3,700 e-texts inJuly 2001) that have been patiently digitized in text format by 600 volunteersfrom all over the world. Some old documents are typed line by line, mainlybecause the originals are unclear, but most works are scanned using OCR

(opticalcharacter recognition) software. Then they are read and corrected twice,sometimes by two different people. At first they were just books in English, butnow ones in other languages are being digitized.

[Interview 23/08/1998 // Interview 23/07/1999]

*Interview of August 23, 1998

= How do you see the relationship between the print media and the Internet?

We consider e-text to be a new medium, with no real relationship to paper, otherthan presenting the same material, but I don't see how paper can possiblycompete once people each find their own comfortable way to e-texts, especiallyin schools.

= How did using the Internet change your professional life?

My career couldn't have happened without the Internet, and neither could ProjectGutenberg have happened.

I presume you know that Project Gutenberg was the firstinformation provider on the Net.

= What are your new projects?

My own personal goal is to put 10,000 Etext on the Net, and if I can get somemajor support, I would like to expand that to 1,000,000 and to also expand ourpotential audience for the average Etext from 1.x% of the world population toover 10%, thus changing our goal from giving away 1,000,000,000,000 Etexts to1,000

time as many, a trillion and a quadrillion in US terminology.

*Interview of July 23, 1999

= What do you think of the debate about copyright on the Web?

The kind of copyright debate going on is totally impractical. It is run by andfor the "Landed Gentry of the Information Age." Information Age? For whom? Noone has said more against copyright extensions that I have, but Hollywood andthe big publishers have seen to it that our Congress won't even mention it inpublic.

= What are exactly these copyright extensions?

Nothing will expire for another 20 years. We used to have to wait 75 years. Nowit is 95 years. And it was 28 years (+ a possible 28 year extension, only onrequest before that) and 14 years (+ a possible 14 year extension before that).So, as you can see, this is a serious degrading of the public domain, as amatter of continuing policy.

= How do you see the growth of a multilingual Web?

We will eventually have a really good Babelfish (AltaVista's translationsoftware). I am publishing in one new language per month right now, and willcontinue as long as possible.

= What is your best experience with the Internet?

The notes I get that tell me people appreciate that I have spent my life puttingbooks, etc., on the Internet.

Some are quite touching, and can make my wholeday.

= And your worst experience?

Getting called on the Chancellor's carpet because Oxford University call him andreally shook him up… but I had a team of 6 lawyers, half from the Universityof Illinois, who backed me up, so we made Oxford back down. You might say thatwas a good memory, but I hate that kind of politicking… the Chancellor was TomCruise's uncle, so that was fun.

[FR] Michael Hart (Illinois)

#Fondateur du Projet Gutenberg, la plus ancienne bibliothèque numérique surl'internet Créé par Michael Hart en 1971 alors qu'il était étudiant à l'Universitéd'Illinois (Etats-Unis), le Projet Gutenberg s'est donné comme mission de mettreà la disposition de tous le plus grand nombre possible d'oeuvres du domainepublic. La plus ancienne bibliothèque numérique sur l'internet est aussi la plusimportante puisqu'elle propose en téléchargement libre et gratuit 3.700 oeuvres(chiffres de juillet 2001) patiemment numérisées en mode texte par 600volontaires de nombreux pays. Un total de 1.000 nouveaux livres devrait êtretraité en 2001. Si certains documents anciens sont parfois saisis ligne aprèsligne, le plus souvent parce que le texte original manque de clarté, les oeuvressont en général scannées en utilisant un logiciel OCR (optical characterrecognition), puis elles sont relues et corrigées à double reprise, parfois pardeux personnes différentes. D'abord essentiellement anglophones, les collectionsdeviennent peu à peu multilingues. Michael Hart se définit lui-même comme un foude travail dédiant toute sa vie à son projet, qu'il voit comme étant à l'origined'une révolution néo-industrielle.

[Entretien 23/08/1998 // Entretien 23/07/1999]

*Entretien du 23 août 1998 (entretien original en anglais)

= Comment voyez-vous la relation entre l'imprimé et l'internet?

Nous considérons le texte électronique comme un nouveau médium, sans véritablerelation avec le papier.

Le seul point commun est que nous diffusons les mêmesoeuvres, mais je ne vois pas comment le papier peut concurrencer le texteélectronique une fois que les gens y sont habitués, particulièrement dans lesétablissements d'enseignement.

= Quel est l'apport de l'internet dans votre vie professionnelle?

Ma carrière n'aurait pas existé sans l'internet, et le Projet Gutenberg n'auraitjamais eu lieu… Vous savez sûrement que le Projet Gutenberg a été le premiersite d'information sur l'internet.

= Comment voyez-vous l'avenir?

Mon projet est de mettre 10.000 textes électroniques sur l'internet. Si jepouvais avoir des subventions importantes, j'aimerais aller jusqu'à un millionet étendre aussi le nombre de nos usagers potentiels de 1,x%

à 10% de lapopulation mondiale, ce qui représenterait la diffusion de 1.000 fois unmilliard de textes électroniques au lieu d'un milliard seulement.

*Entretien du 23 juillet 1999 (entretien original en anglais)

= Que pensez-vous des débats liés au respect du droit d'auteur sur le web?

Les débats actuels sont totalement irréalistes. Ils sont menés par"l'aristocratie terrienne de l'âge de l'information" et servent uniquement sesintérêts. Un âge de l'information? Et pour qui? J'ai été le principal opposantaux extensions du copyright (loi du 27 octobre 1998, ndlr), mais Hollywood etles grands éditeurs ont fait en sorte que le Congrès ne mentionne pas mon actionen public.

= En quoi consiste exactement cette loi?

Le copyright a été augmenté de 20 ans. Aupararant on devait attendre 75 ans, onest maintenant passé à 95

ans. Bien avant, le copyright durait 28 ans (plus uneextension de 28 ans si on la demandait avant l'expiration du délai) et il avaitlui-même remplacé un copyright de 14 ans (plus une extension de 14 ans si on lademandait avant l'expiration du délai). Comme vous le voyez, on assiste à unedégradation régulière et constante du domaine public.

= Comment voyez-vous l'évolution vers un internet multilingue?

J'espère que nous aurons un jour un bon Babelfish (le service de traductionautomatique d'Altavista, ndlr).

Pour notre bibliothèque numérique, j'introduisune nouvelle langue par mois maintenant, et je vais poursuivre cette politiqueaussi longtemps que possible.

= Quel est votre meilleur souvenir lié à l'internet?

Le courrier que je reçois me montre combien les gens apprécient que j'aie passéma vie à mettre des livres sur l'internet. Certaines lettres sont vraimentémouvantes, et elles me rendent heureux pour toute la journée.