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Cette édition a été reproduite par Light of the World Publication Company. Ce livre vise à apporter la lumière sur les véritables controverses en jeu, comme en témoignent les luttes inchangées et les multiples dilemmes moraux. Le récit et les illustrations sont spécialement conçus et intégrés pour informer le lecteur des évolutions pertinentes dans les domaines historique, scientifique, philosophique, éducatif, politico-religieux, socio-économique, juridique et spirituel. En outre, des schémas et des corrélations clairs et incontestés peuvent être découverts, ce qui permet de percevoir le réseau, le fonctionnement en corrélation et le chevauchement d’écoles de pensée antithétiques, mais harmonieuses.
La longue trajectoire de coercition, de conflit et de compromis de la Terre a préparé la plate-forme pour l'émergence d'une Nouvelle Ère. Des questions brûlantes accompagnent l'avènement de cette nouvelle ère attendue, accompagnée de ses superstructures, systèmes de gouvernance, régimes fondés sur les droits et idéaux de liberté et de bonheur. Modelée sur la supercherie de rampante, la répression stratégique et les objectifs du nouvel ordre mondial, ce e-book établit un lien entre les réalités modernes, les mystères spirituels et la révélation divine. Il retrace l'évolution chronologique allant d'une catastrophe nationale à la domination mondiale, la destruction d'un ancien système et la création d'un nouveau; éclairant succinctement sur l’amour, la nature humaine et même une intervention surnaturelle.
Maintes et maintes fois, des événements remarquables ont façonné le cours de la vie et de l'histoire, tout en préfigurant l'avenir. Vivant à une époque de grande turbulence et d’incertitude, l’avenir n’est que faiblement compris. Heureusement, ce travail permet une vision panoramique du passé et du futur, en soulignant les moments critiques du temps qui s’est écoulé dans l'accomplissement de la prophétie.
Bien que leur naissance soit dans des conditions peu encourageantes, dans des creusets exténuants, plusieurs individus sont résolus à persévérer dans la vertu et à sceller leur foi, laissant ainsi une marque indélébile. Leurs contributions ont façonné la modernité et ont ouvert la route pour un point culminant et merveilleux, et un changement imminent. Par conséquent, cette littérature sert à la fois d'inspiration et d'outil pratique pour une compréhension pénétrante et profonde derrière des questions sociales, de la religion et de la politique. Chaque chapitre raconte à la fois le monde et la condition humaine, enveloppée dans l'obscurité, assiégée de toutes parts dans des affrontements vifs, et poussé par des programmes sinistres, cachés et arrière-pensées. Ici, ceux-ci sont exposés sans vergogne à la vue de tous. Néanmoins, chaque page rayonne de rayons resplendissants de courage, de délivrance et d'espoir.
En fin de compte, c’est notre fervent désir que chaque lecteur fasse l'expérience de l'amour et accepte la vérité. Dans un monde imprégné de mensonges, d'ambiguïtés et de manipulations, la vérité restera à jamais comme l'attente quintessentielle dans l'âme. La vérité engendre la vie, la beauté, la sagesse et la grâce; aboutissant à un objectif renouvelé, à une vigueur et à une transformation authentique, mais personnelle, de perspective et de vie.
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle AVANT-PROPOS
L'auteur a retracé dans les quatre premiers volumes, les origines et les développements essentiels de la Réformation du seizième siècle sur le continent; il en vient maintenant à la Réformation d'Angleterre.
On trouvera dans les notes l'indication des principales sources auxquelles il a puisé.
La plupart :-, ont connues; il en est pourtant qui ont été peu ou point explorées; de ce nombre sont les State papers (Papiers d'État), tirés des Archives du Royaume Uni, publiés par ordre de la reine d'Angleterre et par les soins d'une commission, dont l'illustre Robert Peel a été le premier président. Les trois derniers ministres de l'intérieur, les très honorables : sir James Graham, sir George Grey, et S. H.
Walpole, ont fait don à l'auteur des divers volumes de ce grand et important recueil ; quelquefois même ils les lui ont communiqués avant la publication, le tome septième en particulier, dont il a fait un grand usage. Il témoigne ici sa sincère reconnaissance à ces nobles amis des lettres.
On rencontrera dans ce volume quelques mots qui ne sont pas consacrés par l'autorité de l'Académie française, hiérarchisme, sacramentalisme, par exemple.
L'auteur a cru que l'emploi de ces termes qui existent dans d'autres langues était facile à justifier. La langue française, si parfaite à tant d'égards, n'est pas très riche en expressions théologiques; cela se comprend; et cela excuse peut-être une hardiesse que l'auteur s'interdirait dans toute autre matière.
L'histoire de la Réformation du seizième siècle, reçue sur le continent avec bienveillance, a eu un nombre de lecteurs plus considérable encore dans les États britanniques et les États-Unis. L'auteur regarde les rapports que cet ouvrage a formés entre lui et plusieurs chrétiens éloignés, comme une précieuse récompense de ses travaux. Ce nouveau volume sera-t-il reçu dans ces contrées aussi favorablement que les autres? Un étranger racontant à des Anglo-Saxons l'histoire de la Réformation religieuse de l'Angleterre a quelques désavantages ; mais quoique l'auteur eût préféré renvoyer ses lecteurs aux travaux des écrivains anglais, anciens ou modernes, tous plus capables que lui d'accomplir cette tâche, il n'a pas cru qu'il lui fût permis de s'y soustraire.
L'histoire de la Réforme anglaise ne pouvait manquer en aucun temps, dans une histoire générale de la Réformation du seizième siècle ; elle le peut à cette heure moins que jamais.
D'abord, la Réformation d'Angleterre a été et même est encore calomniée par des écrivains de partis divers, qui n'y voient qu'une transformation extérieure, politique, et qui en méconnaissent ainsi la nature spirituelle. L'histoire a appris à l'auteur que ce fut essentiellement une transformation religieuse, et que c'est dans des hommes de foi qu'il faut la chercher, et non pas seulement, comme on le fait 2
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle ordinairement, dans les caprices du prince, dans l'ambition des seigneurs, et dans la servilité des prélats. Un récit fidèle de cette grande rénovation montrera peut-être qu'en dehors des mesures de Henri VIII, il y avait quelque chose, — tout, pour ainsi dire, — car il y avait l'essentiel de la Réformation, ce qui en a fait une œuvre divine et impérissable.
Un second motif nous a fait sentir la nécessité d'une histoire véritable de la Réforme anglaise. Un parti actif de l'Église épiscopale relève avec ardeur, avec persévérance et avec talent les principes du catholicisme romain, prétend les imposer à l'Église réformée d'Angleterre, et attaque incessamment les bases du christianisme évangélique.
Un grand nombre de jeunes gens des universités, séduits par le mirage trompeur que quelques-uns de leurs maîtres placent devant leurs yeux, se jettent dans des théories cléricales et superstitieuses, et courent risque de tomber tôt ou tard, comme déjà tant d'autres l'ont fait, dans le gouffre toujours béant de la papauté. Il faut donc rappeler les principes réformateurs qui furent proclamés dès le commencement de cette grande transformation. La position nouvelle que la cour romaine prend en Angleterre, et ses agressions hardies, sont une troisième considération qui nous semble démontrer l'importance actuelle de cette histoire. Il est bon de rappeler que le christianisme primitif de la Grande-Bretagne repoussa avec persévérance l'invasion de la papauté, et qu'après la victoire définitive de cette domination étrangère, les voix les plus nobles parmi les rois, parmi les grands, parmi les prêtres, parmi le peuple, protestèrent courageuse ment contre elle. Il est bon de montrer que, tandis que la Parole de Dieu reconquérait au seizième siècle, dans la Grande-Bretagne, ses droits inaliénables, la papauté, agitée par des intérêts tout politiques, rompait elle-même la chaîne dont elle avait si longtemps enlacé l'Angleterre. On verra, dans ce volume, le gouvernement anglais se prémunir, par exemple sous Édouard III, contre les envahissements de Rome. [1]
On a prétendu de nos jours, et ce ne sont pas seulement des ultramontains qui l'ont fait, que la papauté étant une puissance purement spirituelle, il ne faut lui opposer que des armes spirituelles. Si la première partie de ce raisonnement était vraie, personne ne serait plus empressé que nous à en proclamer la conclusion. A Dieu ne plaise qu'aucun État protestant refuse jamais aux doctrines catholiques-romaines la plus complète liberté! Sans doute nous désirons qu'il y ait réciprocité ; nous demandons que l'ultramontanisme ne jette plus en prison d'humbles fidèles qui cherchent leur consolation et celle de leurs amis dans les saintes Écritures.
Mais quand même un déplorable fanatisme continuerait à ramener dans le dix-neuvième siècle les scènes lugubres du moyen âge, nous persisterions à demander que la plus complète liberté, non-seulement de conscience, mais de culte, fût garantie dans les États protestants aux catholiques-romains. Nous le demanderions à cause de la justice, dont l'injustice de nos adversaires ne peut nous faire oublier 3
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle les immuables lois ; nous le demanderions pour le triomphe final de la vérité ; car si nos réclamations ne sont pas utiles, peut-être qu'avec le secours de Dieu notre le véritable représentant de cette opposition, l'auteur a signalé plus spécialement dans ce volume la date de 1353, qui est celle de la loi la plus importante promulguée par ce prince ; toutefois, la loi de 1393 est la plus connue et l'auteur lui a emprunté quelques expressions.
Exemple le sera. Quand il y a deux mondes en présence, dans l'un desquels se trouve la lumière et dans l'autre les ténèbres, ce sont les ténèbres qui doivent s'évanouir devant la lumière, et non la lumière qui doit céder aux ténèbres. Il y a plus; nous voudrions que loin de gêner en rien les catholiques anglais, on les aidât au contraire à être encore plus libres qu'ils ne le sont, à récupérer des droits dont l'évêque romain les a dépouillés dans des temps posté rieurs à l'établissement de la papauté, par exemple l'élection des évêques et des pasteurs, qui appartient au clergé et au peuple. En effet, Cyprien écrivant à un évêque de Rome (Corneille), demandait pour la légitimité de l'élection épiscopale trois éléments : “ H La vocation de Dieu, le suffrage du peuple, et le consentement des Co évêques (co episcoporum).
[2] » Et le concile de Rome de l'an 1080 disait lui-même : “ H Il faut que le clergé et le peuple, avec le consentement du siège apostolique ou du métropolitain, se choisissent un pasteur se Ion Dieu*. »
Dans les jours où nous sommes, qui se distinguent par une grande liberté, l'Église sera l-elle moins libre qu'elle ne l'était au moyen âge? Mais si nous ne craignons pas de réclamer pour les catholiques les droits de l'Église des premiers siècles, et une liberté plus grande que celle qu'ils ont à cette heure, même dans les pays de la papauté, faudra-t-il dire pour cela que l'État, soit sous Edouard III, soit plus tard, n'eût dû opposer aucune barrière aux invasions romaines ? S'il est dans l'esprit et dans l'essence de la papauté de franchir les limites religieuses et d'entrer dans le domaine politique, alors pourquoi trouver étrange que l'État cherche à se défendre quand on vient l'attaquer sur son propre terrain ? L'État n'aurait-il aucune précaution à prendre contre un pouvoir qui a prétendu être souverain de l'Angleterre, qui en a donné en conséquence la couronne à un monarque français, qui a obtenu d'un roi anglais le serment de vasselage, et qui pose comme premier dogme son infaillibilité, et son immutabilité?
Si le pape veut porter atteinte, de manière quelconque, aux droits de l'État, alors que l'État lui résiste avec une sagesse éprouvée et une inébranlable fermeté.
Gardons-nous d'un ultra-spiritualisme qui oublie les enseignements de l'histoire et méconnaît les droits des peuples et des rois. S'il se trouve chez des théologiens, c'est une erreur; si chez des hommes d'État, c'est un danger.
Enfin, et cette considération relève nos espérances, il est un quatrième motif qui donne à cette heure une importance particulière à l'histoire que nous allons raconter. La Réformation entre maintenant dans une phase nouvelle. Le 4
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle mouvement du seizième siècle s'était ralenti pendant le dix-septième et le dix-huitième, et ce fut souvent à des Églises plongées dans la mort que l'historien dut alors raconter cette grande vivification. Il n'en est plus de même. Un mouvement nouveau et plus vaste succède, après trois siècles, à celui que nous décrivons dans ces volumes. Les principes de la régénération religieuse que Dieu accomplit il y a trois cents ans, sont portés maintenant jusqu'au bout du monde, avec une grande énergie. La tâche du seizième siècle se représente au dix-neuvième ; mais plus dégagée du pouvoir séculier, plus spirituelle, plus universelle ; et c'est principalement de la race anglo-saxonne que Dieu se sert pour accomplir cette œuvre œcuménique. La Réforme anglaise acquiert donc de nos jours une importance spéciale.
L'œuvre commencée au temps des apôtres, renouvelée au temps des réformateurs, doit être reprise partout de nos jours avec un saint enthousiasme; et cette œuvre est bien simple et bien belle, car elle consiste à établir, dans l'Église et sur la terre, le trône de Jésus-Christ.
La foi évangélique ne place pas sur le trône de l 'Église la raison humaine ou la conscience religieuse, comme quelques-uns le veulent. Elle y place Jésus Christ, qui est à la fois la science enseignée et le docteur qui l'enseigne ; qui explique sa Parole, par sa Parole, et par les lumières de son Saint-Esprit; qui rend par elle témoignage à la vérité, c'est à dire à sa Rédemption, et enseigne les lois essentielles qui doivent régir la vie intérieure de ses disciples. La foi évangélique fait appel à l'intelligence, au cœur et à la volonté de chaque chrétien, mais pour leur imposer le devoir de se soumettre à l'autorité divine de Jésus-Christ, d'écouler, de croire, d'aimer, de comprendre et d'agir, comme Dieu le demande.
La foi évangélique ne place pas sur le trône de l'Eglise la puissance civile, le magistrat séculier. Elle y place Jésus-Christ, qui a dit : Je suis Roi ; qui communique à ses sujets le principe de la vie, qui établit son royaume ici-bas, le conserve, le développe, et qui dirigeant toutes les choses humaines, fait maintenant la conquête progressive du monde, en attendant qu'il exerce en personne son divin empire dans le royaume de sa gloire.
La foi évangélique, enfin, ne place pas sur le trône de l'Église les prêtres, les conciles, les docteurs et leurs traditions, — ce vice-Dieu (Veri Dei vicem gerit in terris, comme dit la glose romaine), ce pontife infaillible, qui renouvelant les erreurs des païens, attribuent le salut aux opérations du culte et aux œuvres méritoires de l'homme. Elle y place Jésus Christ, le grand Pontife de son peuple, le Dieu-homme, qui par un acte do son libre amour a porté à notre place dans son sacrifice expiatoire la peine du péché, a enlevé la malédiction de dessus nos têtes, et s'est fait par là même le créateur d'une race nouvelle.
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle Telle est l'œuvre essentielle du christianisme, que l'âge apostolique transmit aux réformateurs, et qu'il transmet maintenant aux chrétiens du dix-neuvième siècle.
Tandis que les pensées d'un grand nombre s'égarent au milieu des rites, des prêtres, des élucubrations de l'homme, des fables pontificales, des rêveries philosophiques, et s'agitent dans la poussière de ce monde, la foi évangélique s'élève jusqu'aux cieux, et se prosterne devant Celui qui est assis sur le trône.
La Réformation, c'est Jésus-Christ. A qui irions-nous, Seigneur, si ce n'est à toi [3]?
» Que d'autres suivent leurs propres imaginations, se prosternent devant des superstitions traditionnelles, ou baisent les pieds d'un homme pécheur... ô Roi de gloire ! Nous te voulons Toi seul !
Genève, Eaux-Vives, janvier 1853.
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle TABLE DES MATIERES
LIVRE XVIII. LA RENAISSANCE DE L'ÉGLISE .............................................. 128
LIVRE XIX. Le Nouveau Testament en anglais et la cour de Rome. ................... 215
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
LIVRE XVII. L'ANGLETERRE AVANT LA RÉFORME.
CHAPITRE I.
Introduction. — œuvre du seizième siècle. — Unité et diversité — Nécessité de considérer l'ensemble de l'histoire religieuse de l'Angleterre. — Établissement du christianisme dans la Grande-Bretagne. — Formation du catholicisme ecclésiastique dans l'empire romain. — C'est le christianisme spirituel que la Bretagne reçoit. —Esclavage et conversion de Succat. — Sa mission en Irlande. —
Pélage. — Les Anglo-Saxons rétablissent le paganisme en Angleterre —Colomba à Iona. — Doctrine évangélique. — Presbytérat et épiscopat dans la Grande-Bretagne.
— Missions continentales des Bretons. — Une négligence.
CHAPITRE II.
Missions romaines dans l'Angleterre païenne. — Premiers succès. — Appréciation.
— L'archevêque romain entreprend de soumettre les chrétiens bretons. — Première agression : Dionoth. — Seconde agression : Assemblée de Wigornia. — Les Bretons consultent une solitaire —Troisième agression : Massacre près de Bangor. —
Apostasie des Saxons et vision de saint Pierre. — Oswald en Écosse. — Conquête et missions d'Oswald, dans le Northumberland. — L'évêque Aïdan et le roi Oswald. —
Succès des missionnaires d’Iona.
CHAPITRE III.
Le palais des rois du Northumberland. — Wilfrid à Rome, puis à la cour. — Finan et Colman. — La lutte commence. — Circonstances qui décident Rome à agir. — Le synode de Streanch-Hall. — Discours d'Oswy, de Wilfrid, de Colman. — Victoire de Rome. — Zèle de Wilfrid et d'Oswy. — Cadeaux du pape. — Théodore, archevêque, soumet l'Angleterre à Rome. — Discorde dans le camp romain. — Fin de Wilfrid. —
Chute d'Adamnan d’Iona. — Chute de Naïtam, roi des Pictes. — Le moine Ecgbert et ses visions. — Chute d’Iona.
CHAPITRE IV.
Le protestant écossais Clément. — Sa lutte avec Boniface. — Concile de Soissons. —
Le protestantisme vaincu. — Autres Bretons sur le continent. — Scot Érigène. —
Rationalisme panthéiste. — Le roi Alfred et la Bible. — Ténèbres et romanisme dans la Grande-Bretagne. — Guillaume le Conquérant. — Il se soumet les évêques.
—Il maintient sa suprématie vis-à-vis du pape. — Excès de la césaro-papie sous Guillaume le Roux
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle CHAPITRE V.
Époque du triomphe de la papauté en Angleterre. — Anselme. —Thomas Becket. —
Humiliation d’Henri II. — Le pape nomme un archevêque de Cantorbéry. — Colère de Jean sans Terre. — Le roi vassal du pape. — Protestantisme national de la Magna Charta. —Menaces de Rome. — Moqueries des prêtres. — Résistance des barons. — Le roi, vassal du pape, pille l'Angleterre. — Culte et doctrines de la papauté établis
CHAPITRE VI.
Commencement de la réaction protestante. — Grosse-Tète. — Soumission à l'Écriture, résistance au pape. — Sewal. — La nation anglaise grandit. — Premières répressions légales. — Édouard III et Bradwardin. — Conversion de Bradwardin. —
Son influence et sa théologie. — Statut de provision. — Statut de prémunir. —
Colère des Romains. — Appréciation
CHAPITRE VII.
Puissance et excès des moines. — Le pape réclame la suzeraineté de l'Angleterre. —
Un étudiant d'Oxford. — Enseignements de Wiclef. — Débats parlementaires. —
Résistances de Wiclef au pape. —Accord de Bruges. — Prédication de Wiclef. —
Comparution devant la Convocation. — Lancaster, Perey et Courtenay. —
Désordres. —Wiclef déclare le pape un Antéchrist. — Brefs du pape contre lui. —
Citation et délivrance. — Protestation. — Phase politique, phase religieuse. —
Mission des pauvres prêtres. — Persécution. — Maladie de Wiclef et les quatre régents
CHAPITRE VIII.
Traduisant la Bible. — Succès de cette traduction. — Attaque des moines. —
Quatrième phase : la théologie. — Il rejette la transsubstantiation. —
Condamnation de Wiclef. — Sa résistance et son appel au roi. — Révolte de Wat-Tyler. — Un synode, convoqué par Courtenay, condamne dix propositions de Wiclef.
— Sa pétition aux communes. — Comparution de Wiclef à Oxford. — Il est cité à Rome — Sa réponse. — Le Trialogue. — Il se prépare au martyre. — Sa mort à Lutterworth. — Caractère, doctrines, prophétie de Wiclef.
CHAPITRE IX.
Triomphe des doctrines de Wiclef après sa mort. — Pétition et conclusions des Wicléfites. — Opposition d'Arondel et du roi Richard — Persécutions de Henri IV. —
Le premier martyr. — Constitution d'Arondel. — Évangélisme de lord Cobham. —
Cobham devant Henri V. — Devant la cour ecclésiastique. — Sa confession. — Sa condamnation. — Sa mort. — Les lollards.
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle CHAPITRE X.
Le lollardisme et l'humanisme. — Anglais à Florence, Italiens en Angleterre. — Les Tudors. — Henri VII, sa mère et ses fils. — Érasme et Thomas More. — Mondanité et ascétisme. — Jean Colet et sa table — Visite à Eltham. — L'Octave de l'Angleterre. — Mariage d'Arthur et de Catherine d'Aragon. — Mort d'Arthur. —
Fiançailles de Henri avec la veuve de son frère. — Sa protestation. — Mort d’Henri VII. — Avènement d’Henri VIII. — Érasme appelé. — Jules II et Th. Cromwell. —
Mariage d’Henri et de Catherine. — Fêtes à la cour. —Tournois CHAPITRE XI.
Le pape pousse Henri à la guerre. — Sermon de Colet. — Campagne d’Henri. —
Mariage de Louis XII et de Marie Tudor. — Anne Boleyn. —Fètes. — Mort de Louis.
— Mariage de Marie et de Suffolk. Anne Boleyn et Marguerite de Valois. — Les lettres en Angleterre. —More et Henri. — Wolsey veut une réforme. — Colet et Érasme. —Prédication du doyen. — On l'accuse. — École de Saint-Paul. — Les Troyens et les Grecs.
CHAPITRE XII.
Thomas Wolsey. — Son premier exploit. — 11 gagne Henri. — Wolsey archevêque,
— cardinal, — grand chancelier, — légat. — Son ostentation. — Système d'espionnage. — Vertus d'apparat. — Première lutte entre l'Église et l'État. — Un caractère hiérarchique.
CHAPITRE XIII.
Les loups et les brebis. — Richard Hun cité et justifié. – Guet-apens nocturne. —
Enquête. — Aveux. — Condamnation posthume- Hun réhabilité. — Une barque entre Londres et Gravesend. — Une fête de famille à Ashford. — Brown arrêté. —
Sa torture et sa confession. — Brown à Ashford. — Son martyre et sa fille. —
Guerre aux humanistes. — Érasme. — Sa carrière est finie. — L'an 1517 et le seizième siècle. — Érasme à Etale
LIVRE XVIII. LA RENAISSANCE DE L'ÉGLISE.
CHAPITRE I.
Quatre puissances réformatrices. — Laquelle réforma l'Angleterre_ — Réforme papale? — Réforme épiscopale? — Réforme royale? —Ce qu'il faut pour que la Réforme soit légitime. — Part de la' puissance royale. — Part de l'autorité épiscopale. — La haute et la basse Église. — Événements politiques. — Le Nouveau Testament grec et latin. — Pensées d'Érasme. — Enthousiasme et colère. — Vœu d'Érasme. — Clameurs des piètres. — Leur attaque à la cour. — Étonnement 11
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle d'Érasme. — Ses travaux pour cette œuvre. — Edouard Lee, son caractère. — La tragédie de Lee. — Conspiration.
CHAPITRE II
Effets du Nouveau Testament dans les universités. — Conversations. — Un fellow de Cambridge. — Bilney achète le Nouveau Testament. — Le premier passage. —
Sa conversion. — Le protestantisme issu de l'Évangile. — La vallée de la Severn. —
Un fils des Roses rouges à Oxford. — Tyndale étudie les Écritures. — Les trames commencent. — Fryth. — Enseignement de l'helléniste, du canoniste et du mathématicien. — La conversion est-elle possible? — La vraie consécration. — La Réformation a commencé.
CHAPITRE III
Alarme du clergé. — Les deux jours. — Le docteur Man.— La vraie présence réelle.
— Les martyrs de Conventry. — Standish prêche à Saint-Paul. — Standish à la cour. — Sa défaite. — Dessein ambitieux de Wolsey. — Première ouverture. —
Ambition d’Henri. — Conférence de Th. Boleyn et de François I. - La tiare promise à Wolsey. — Ses intrigues avec Charles et François CHAPITRE IV
Tiens à table. — Les Écritures. — Les images. — L'ancre de la foi. —Un camp romain. — Prédications, la foi et les œuvres. — Tyndale accusé par les prêtres. —
Ils arrachent ce qu'il plante. — Il veut traduire l'Écriture. — Conversion au manoir.
— On l'attaque dans les cabarets. — Comparution devant le chancelier. — Un vieux docteur le console. — Un scolastique veut le ramener. — Retraite et travail. —Son secret s'évente. — Ses adieux au manoir
CHAPITRE V.
Les écrits de Luther en Angleterre. — Consultation des évêques. — Publication de la bulle de Léon X. — Les livres de Luther brûlés. — Lettre d’Henri VIII. — Il entreprend d'écrire contre Luther. — Cri d'alarme. — Tradition et sacramentalisme.
— Prudence de Th. More. — Le livre remis au pape. — Le défenseur de la foi. —
Joie d’Henri.
CHAPITRE VI.
Machinations de Wolsey pour parvenir à la papauté. — Il gagne Charles-Quint. —
Alliance entre le roi d'Angleterre et l'Empereur. —Wolsey brigue la place de général en chef. — Traité de Bruges. —Henri se croit roi de France. — Victoires de François ter. — Mort de Léon X.
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle CHAPITRE VII.
Les justes hommes du Lincolnshire. — Leurs conventicules. —Agnès et Morden. —
Bibliothèque circulante. — Conversations polémiques. — Sarcasmes. — Ordonnance royale et terreur. — Dépositions et condamnations. — Quatre martyres. — Un conclave. — Charles console Wolsey
CHAPITRE VIII.
Caractère de Tyndale. — Il arrive à Londres. — Il prêche. — Le drap et l'aune. —
L'évêque de Londres donne audience à Tyndale. — Il est renvoyé. — Un marchand chrétien de Londres. — Un esprit d'amour dans la Réformation. — Tyndale chez Monmouth. — Fryth traduit avec lui le Nouveau Testament. — Sollicitations de l'évêque de Lincoln. — Persécution à Londres. — Résolution de Tyndale. — Il part.
— Son indignation contre les prélats. — Ses espérances.
CHAPITRE IX.
Bilney à Cambridge. — Conversions. — Un porte-croix. — Un fermier du Leicestershire. — Un repas d'étudiants. — La chasse du diable. — Un « papiste obstiné. » — Les « sophistes. » — Latimer attaque Stafford. — Oraison contre Melanchthon. — Un essayeur. — Un hérétique se confesse à un catholique. — Le confesseur converti par le pénitent. — Transformation de Latimer. — Bilney prêche la grâce. — Musique et prière. — Nature du ministère. — Caractère et prédication de Latimer. — Les travaux de la charité. — Mondanité et brutalité. — Clark et Dalaber
CHAPITRE X.
Mort d'Adrien, ambition de Wolsey. — Intrigues. — Jules de Médicis élu. —
Irritation et dissimulation de Wolsey. — Sa haine contre Charles-Quint. — Charles offre à Henri la couronne de France. — Mission de Pace. — Réforme de Wolsey en Angleterre. — Réprimande du roi. — Effets de Pavie en Angleterre. — Wolsey décide Henri contre Charles. — Impôt et révolte. — Les chrétiens évangéliques et le clocher de Tenterton
CHAPITRE XI.
Tyndale à Hambourg. — Saint Matthieu et saint Marc. — Ennuis et pauvreté. —
Tyndale vit-il Luther? — Tyndale à Cologne. — Le Nouveau Testament s'imprime.
— Soudaine interruption. — Cochlée caché à Cologne. — Les manuscrits de Rupert.
— Découverte de Cochlée. — Ses recherches. — Son effroi. — Rincke et la prohibition du sénat. — Consternation et décision de Tyndale. — Cochlée écrit en Angleterre. — Tyndale remonte le Rhin. — Il imprime à Worms deux éditions du Nouveau Testament. — Prière de Tyndale
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle CHAPITRE XII.
Cambridge. — Paul ressuscité. — Prédications de Latimer. — Un écolier de Norfolk.
— Une merveilleuse transformation. — Une nouvelle vie. — La grâce et la liberté.
— Prédication de Buckingham contre la Bible. — Résolution de Latimer. — Il fustige le prieur. —Agitation des prêtres. — Persécution. — Latimer prêche devant l'évêque d'Ely. — Un sermon contre Luther. — La chaire interdite à Latimer. — Le plus zélé de tons les prélats. — Foi de Latimer. —Barnès le restaurateur des lettres.
— Il lutte avec Stafford. — Bilney prie pour sa conversion. — Son caractère partagé.
— Il donne sa chaire à Latimer. — Caractère de Fryth. — Les évangéliques veulent attaquer l'erreur. — Le dimanche de Noël 1525. — Barnès attaque Wolsey. — On le dénonce. — Rétractation refusée. — Grand mouvement évangélique à Cambridge.
— L'Allemagne et les Allemands. — La « nouvelle Jérusalem. » — Wolsey place à Oxford des hommes de Dieu. — Quelques navires
LIVRE XIX. LE NOUVEAU TESTAMENT EN ANGLAIS ET LA COUR DE
ROME.
CHAPITRE I.
L'Église et l'État. — Henri VIII fut-il le réformateur de son peuple ? — L'Église est créée par l'Esprit de Dieu. — Nécessité de la liberté. —Le Testament de Christ et la cour de Rome. — Les Nouveaux Testaments arrivent. — Le curé de Tous-les-Saints.
— Dissémination des Écritures. — Ce qu'on y trouve. — Le Testament, la Loi, l'Évangile. —Le gendre de Th. More. — Le Testament vendu à Oxford. — Henri VIII et son valet de chambre. — Une séance dans le cabinet du roi. — La Supplique des mendiants. — Comment on ruine un État. — Jugement du roi. — La procession de la Chandeleur. — Supplique des cimes du Purgatoire CHAPITRE II.
Conseil et résolution des évêques. — Les inquisiteurs à Oxford : Garret se sauve. —
Dalaber cache les Testaments. — Garret retourne à Oxford. — Il est saisi et s'échappe. — Entrevue de Garret et de Dalaber. — Dalaber à genoux lit Matth. X.
— Le Magnificat. — Alarme des romanistes. — L'amour des frères à Oxford. —
Souper et prière. — Cauchemar et promenade de Dalaber. — On a visité sa chambre. —Dalaber et son anneau devant le prieur. — On le met à la torture. —
Prière et résolution. — Garret saisi. — Plusieurs fellows d'Oxford sont emprisonnés.
— La cave du poisson salé. — Deux fellows absous. — Condamnation de tous les autres
CHAPITRE III.
Cambridge. — Souveraineté du moi humain dans le catholicisme. — Barnès publiquement arrêté. — Recherches inutiles. — Barnès conduit à Londres. —
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle Barnès devant Wolsey. — Question sur les évêques. — Wolsey se justifie. — Il menace Barnès du feu. — Apologie. — Abjurer ou être brûlé. — Chute de Barnès. —
Barnès et les cinq marchands hanséatiques à Saint-Paul. — Richard Bayfield. —
Oxford ; état misérable des prisonniers. — La communion par la foi. — Mort de quatre des prisonniers. — Wolsey ordonne l'élargissement des autres CHAPITRE IV.
Lettre de Luther. — Colère d’Henri. — Sa réponse. — Réplique de Luther. —
Nouvelles persécutions. — Barnès distribue en prison le Nouveau Testament et s'enfuit. — Ordonnance contre les Nouveaux Testaments. — W. Roye à Caïphe. —
On découvre une troisième édition du Nouveau Testament. — Hacket poursuit l'éditeur à Anvers. —Triomphe de la liberté et de la loi. — Plaintes de Hacket. —
Saisie. — L'an 1526 en Angleterre
CHAPITRE V.
Wolsey forme le dessein du divorce. — Preuves. — Le roi n'a pas de fils. —
Refroidissement et trouble d’Henri. — Conférence du cardinal et du confesseur. —
Wolsey demande le divorcé à Henri. — Secondes instances. — Wolsey propose au roi Marguerite de Valois. —Examen. — Première mention publique par l'évêque de Tarbes. —Agitation et consolation du roi. — Effroi et plaintes de Catherine. —Ruse contre ruse. — Éclat de la reine
CHAPITRE VI.
Anne Boleyn chez Marguerite de Valois. — Anne, dame d'honneur de Catherine. —
Inclination de lord Perey. — Wolsey les sépare. —Siège de Rome et Cromwell. —
Intercession de Wolsey pour la papauté. — Il demande Renée de France pour Henri.
— Il échoue. —Anne reparaît à la cour. — Elle repousse les hommages du roi. —
Lettre d’Henri. —.JI se résout à hâter le divorce. — Deux motifs qui portent Anne à refuser la couronne. — Opposition de Wolsey
CHAPITRE VII
Prédication de Bilney. — On l'arrête. — prédication et emprisonnement d'Arthur. —
Interrogatoire de Bilney. = Lutte entre le juge et l'accusé. — Chute de Bilney. — Ses tourments. — Deux disettes. — Arrivée de la quatrième édition du Nouveau Testament. — Grande joie
CHAPITRE VIII.
La papauté intercepte l'Evangile. — Henri consulte More. — Consultation ecclésiastique. — Les universités. — Clarke. — La sainte nonne (lu Kent. — Wolsey se décide à faire la volonté du roi. — Mission auprès du pape. — Quatre documents.
— Embarras de Charles-Quint. — François-Philippe à Madrid. — Accablement et 15
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle résolutions de Charles. — Il se détourne de la Réformation. — Entrevue d'Angelis et du pape. — Knight arrive à Rome. — Pratiques et fuite. — Traité du pape avec l'Empereur. — Le pape s'échappe. — Trouble d’Henri VIII. — Ordres de Wolsey. —
Ses supplications.
CHAPITRE IX.
Les envoyés d'Angleterre à Orviéto. — Leur discours au pape. —Clément gagne du temps. — Les Anglais chez Quatri Santi. — Ruse du pape. — Knight la découvre et revient. — Les transformations de l'Antéchrist. Les Anglais obtiennent un nouveau document. — Nouvelle ruse. — Demande d'un second cardinal-légat. — Nouvel expédient du pape. — Fin de la campagne.
CHAPITRE X.
Désappointement en Angleterre. — Déclaration de guerre à Charles-Quint. —
Wolsey veut le faire déposer par le pape. — Nouveau projet. — Envoi de Fox et de Gardiner. — Leur arrivée à Orviéto. — Leur première entrevue avec Clément. — Le pape lit un livre d’Henri. —Menaces de Gardiner et promesse de Clément. — Le Fabius moderne. —Nouvelle entrevue et nouvelles menaces. — Le pape n'a pas la clef. —Proposition de Gardiner. — Difficultés et délais des cardinaux. — Gardiner porte les derniers coups. — Revers de Charles-Quint en Italie. — Terreur et concession du pape. — La commission est accordée. — Wolsey exige l'engagement.
— Une porte de derrière. — Angoisses du pape
CHAPITRE XI.
Rapport de Fox à Henri et Anne. — Impression de Wolsey. — Il demande la décrétale. — Une petite manœuvre du cardinal. — Il met sa conscience à l'aise. —
Gardiner échoue à Rome. — Nouvelle perfidie de Wolsey. — Colère du roi contre le pape. — More prédit la liberté religieuse. — Immoralité du socialisme romain. —
Érasme appelé. — Dernier élan de Wolsey. — Efforts énergiques à Rome. —
Clément accorde tout. — Wolsey triomphe. — Union de Rome et de l'Angleterre LIVRE XX. LES DEUX DIVORCES.
CHAPITRE I.
Progrès de la Réformation. — Les deux divorces. — Instances auprès d'Anne. — Les lettres du Vatican. — Henri à Anne. — Seconde lettre d’Henri. — Troisième. —
Quatrième. — Effroi de Wolsey. —Ses démarches infructueuses. — Il tourne. — La suette. — Craintes d’Henri. — Nouvelles lettres à Anne. — Anne malade; sa paix.
—Henri lui écrit. —Terreur de Wolsey. — Campeggi n'arrive pas. — Chacun dissimule à la cour
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle CHAPITRE II.
Coverdale et l'inspiration. — Il entreprend de traduire les Écritures. — Sa joie et ses cantiques. — Tyball et les laïques. — Coverdale prêche à Bompstead. — Réveil à Colchester. — Les sociétés in- 4. Complètes et l'Église du Nouveau Testament. —
Persécution. — Mon- mouth arrêté et relâché
CHAPITRE III
Revirement politique. — Nouvelles instructions du pape à Campeggi. — Ses retards. — Il s'ouvre à François I. — Une prédiction. — Arrivée de Campeggi. —
Inquiétude de Wolsey et joie du roi. —Un projet du cardinal. — Réception de Campeggi. — Première entrevue avec la reine. — Avec le roi. — Efforts inutiles pour que Campeggi donne la décrétale. — La conscience du nonce. — Opinion publique. — Mesures prises par le roi. — Son discours aux lords et aux notables. —
Fêtes. — Wolsey recherche l'appui français. — Nouvelle contrariété CHAPITRE IV.
Vraie catholicité. — Wolsey. — Affaire de Harman. — West envoyé à Cologne. —
Travaux de Tyndale et de Fryth. — Rincke à Francfort. — Il fait une découverte. —
Tyndale à Marbourg. — West retourne en Angleterre. — Ses tourments dans le cloître
CHAPITRE V.
Une nécessité pour la Réformation. — Instances de Wolsey à Da Casale. — Une audience de Clément VII. — Position cruelle du pape. — Un baiser de Judas. — Un nouveau bref. — Bryan et Vannes envoyés à Rome. — Henri et Du Bellay. — Motifs de Wolsey contre le bref. — Excitation à Londres. — Métamorphose. — Décadence de Wolsey. — Ses angoisses
CHAPITRE VI.
Maladie du pape. — Désir de Wolsey. — Conférence sur les membres du conclave.
— Instruction de Wolsey. — Le pape se rétablit. — Discours des envoyés anglais au pape. — Clément veut abandonner l'Angleterre. — Les Anglais demandent au pape de renier le bref. —Alarme de Wolsey. — Intrigues. — Clairvoyance de Bryan. —
Menaces d’Henri. — Nouveaux efforts de Wolsey. — H demande l'appel à Rome et se rétracte. — Wolsey et Du Bellay à Richmond. —Le navire de l'Angleterre.
CHAPITRE VII.
Discussion entre les évangéliques et les catholiques. — Union de la science et de la vie. — Les laïques : Tewkesbury. — Sa comparution devant la cour épiscopale. — Il est mis à la torture. — Deux classes d'adversaires. — Un duel théologique. —
L'Écriture et l'Église. — Affranchissement des esprits. — Mission dans les Pays-17
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle Bas. — Embarras de Tyndale. — Tonstall veut acheter les livres. — Ruse de Packington. — Tyndale part pour Anvers. — Son naufrage. — Il arrive à Hambourg.
— Il y trouve Coverdale.
CHAPITRE VIII.
Les séances royales. — Séance du 18 juin ; protestation de la reine. — Séance du 21
juin. — Sommations au roi et à la reine. — Discours de Catherine. — Elle sort. —
Impression sur l'assistance. — Déclaration du roi. — Réclamation de Wolsey. —
Querelle entre les évêques —Nouvelle séance, débats peu édifiants. — Apparition à la vierge du Kent. — Wolsey est frotté par Henri. — Wiltshire chez Wolsey. —
Conférence secrète de Catherine et des deux légats.
CHAPITRE IX
Le procès commence. — Citation de Catherine. — Douze articles. —Audition des témoins. — Arthur et Catherine ont été époux. —Campeggi s'oppose à l'argument du droit divin. — Autres arguments. —On demande aux légats la sentence. — Leurs tergiversations. —Changement dans les esprits. — Séance définitive. — Attente générale. — Renvoi pour les féries des moissons et des vendanges. — Campeggi pallie cette impertinence. — Indignation du roi. — Violence de Suffolk. — Réponse de Wolsey. — Il est perdu. — Accusations générales. — Le cardinal se tourne vers la vie épiscopale.
CHAPITRE X.
Anne Boleyn à Hever. — Elle lit l'Obéissance du chrétien. — Elle est rappelée à la cour. — Miss Gainsford et George Zouch. — Le livre de Tyndale convertit Zouch. —
Zouch à la chapelle royale. — Le livre confisqué. — Anne chez Henri. — Le roi lit le livre. — Prétendue influence du livre sur Henri. — La cour à Woodstock. — Le parc et ses esprits. — Estime d’Henri pour Anne.
CHAPITRE XI.
Embarras du pape. — Les triomphes de Charles le décident. — Il appelle la cause à Rogne. — Accablement de Wolsey. — Colère d’Henri. — Ses craintes. — Wolsey obtient un adoucissement. — Ar-' rivée des deux légats à Grafton. — Wolsey accueilli par Henri. —Wolsey et Norfolk à (liner. — Henri chez Anne. — Conférence entre le roi et le cardinal. — Joie et douleur de Wolsey. — Le souper d'Enston. —
Audience de congé de Campeggi. — Disgrâce de Wolsey —Campeggi à Douvres. —
Les courtisans l'accusent. — Il quitte l'Angleterre. — Wolsey prévoit sa ruine et celle de la papauté.
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle CHAPITRE XII.
Une rencontre à Waltham. — La jeunesse de Th. Cranmer. — Ses premiers enseignements. — Il étudie pendant trois ans l'Écriture. — Ses fonctions d'examinateur. — Le souper de Waltham. — Une vue nouvelle sur le divorce. — Fox la communique à Henri. — Chagrin de Cranmer. — Sa conférence avec le roi. —
Cranmer chez les Boleyns.
CHAPITRE XIII.
Wolsey à la chancellerie. — Les ducs le dénoncent. — Il refuse de rendre le grand sceau. — Son désespoir. — Il remet le sceau. — Ordre de partir. — Son inventaire.
— Alarme. — La scène du départ. —Message favorable du roi. — Joie de Wolsey. —
Son fou. — Arrivée à Esher
CHAPITRE XIV.
Th. More élu chancelier. — Le gouvernement laïc, un des grands faits de la Réforme. — Wolsey accusé d'avoir subordonné au pape la couronne d'Angleterre. —
Il implore la clémence du roi. — Sa condamnation. — Cromwell à Esher. — Son caractère. — Il part pour Londres. — Sir Chr. Hales le recommande au roi. —
Entrevue de Henri et de Cromwell dans le parc. — Une nouvelle théorie. —
Cromwell élu membre du parlement. — Ouverture par Th. More. —On attaque les abus ecclésiastiques. — Réformes prononcées par la convocation. — Trois bills. —
Rochester les attaque. — Résistance des communes. — Luttes. — Henri sanctionne les trois bills. —Alarme du clergé et troubles
CHAPITRE XV.
L'heure suprême. — Fanatisme de More. — Débats de la convocation. —
Proclamation royale. — L'évêque de Norwich. — Sentences condamnées. — Latimer s'oppose. — Le Nouveau Testament brûlé. — La persécution commence. — Hitton.
— Bayfield. — Tonstall et Packington. — Bayfield arrêté. — Le recteur Patmore. —
La tour des Lollards. — John Tyndale et Th. Patmore. — Un musicien. — Le peintre Freese. — Pancartes et martyre de Benet. — Thomas More et John Petit. —
Bilney
CHAPITRE XVI.
Terreurs de Wolsey. — Acte d'accusation des pairs. — Cromwell le sauve. —
Maladie du cardinal. — L'ambition lui revient. — Ses pratiques dans le Yorkshire.
— Northumberland l'arrête. — Son départ. — Arrivée du gouverneur de la Tour. —
Wolsey à l'abbaye de Leicester. — Paroles de persécution. — Il meurt. — Trois mouvements, la suprématie, la sainte Écriture et la foi.
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle CHAPITRE XIV.
Th. More élu chancelier. — Le gouvernement laïc, un des grands faits de la Réforme. — Wolsey accusé d'avoir subordonné au pape la couronne d'Angleterre. —
Il implore la clémence du roi. — Sa condamnation. — Cromwell à Esher. — Son caractère. — Il part pour Londres. — Sir Chr. Hales le recommande au roi. —
Entrevue de Henri et de Cromwell dans le parc. — Une nouvelle théorie. —
Cromwell élu membre du parlement. — Ouverture par Th. More. —On attaque les abus ecclésiastiques. — Réformes prononcées par la convocation. — Trois bills. —
Rochester les attaque. — Résistance des communes. — Luttes. — Henri sanctionne les trois bills. —Alarme du clergé et troubles
CHAPITRE XV.
L'heure suprême. — Fanatisme de More. — Débats de la convocation. —
Proclamation royale. — L'évêque de Norwich. — Sentences condamnées. — Latimer s'oppose. — Le Nouveau Testament brûlé. — La persécution commence. — Hitton.
— Bayfield. — Tonstall et Packington. — Bayfield arrêté. — Le recteur Patmore. —
La tour des Lollards. — John Tyndale et Th. Patmore. — Un musicien. — Le peintre Freese. — Pancartes et martyre de Benet. — Thomas More et John Petit. —
Bilney
CHAPITRE XVI.
Terreurs de Wolsey. — Acte d'accusation des pairs. — Cromwell le sauve. —
Maladie du cardinal. — L'ambition lui revient. — Ses pratiques dans le Yorkshire.
— Northumberland l'arrête. — Son départ. — Arrivée du gouverneur de la Tour. —
Wolsey à l'abbaye de Leicester. — Paroles de persécution. — Il meurt. — Trois mouvements, la suprématie, la sainte Écriture et la foi. .
CHAPITRE XIV.
Th. More élu chancelier. — Le gouvernement laïc, un des grands faits de la Réforme. — Wolsey accusé d'avoir subordonné au pape la couronne d'Angleterre. —
Il implore la clémence du roi. — Sa condamnation. — Cromwell à Esher. — Son caractère. — Il part pour Londres. — Sir Chr. Hales le recommande au roi. —
Entrevue de Henri et de Cromwell dans le parc. — Une nouvelle théorie. —
Cromwell élu membre du parlement. — Ouverture par Th. More. —On attaque les abus ecclésiastiques. — Réformes prononcées par la convocation. — Trois bills. —
Rochester les attaque. — Résistance des communes. — Luttes. — Henri sanctionne les trois bills. —Alarme du clergé et troubles
CHAPITRE XV.
L'heure suprême. — Fanatisme de More. — Débats de la convocation. —
Proclamation royale. — L'évêque de Norwich. — Sentences condamnées. — Latimer 20
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle s'oppose. — Le Nouveau Testament brûlé. — La persécution commence. — Hitton.
— Bayfield. — Tonstall et Packington. — Bayfield arrêté. — Le recteur Patmore. —
La tour des Lollards. — John Tyndale et Th. Patmore. — Un musicien. — Le peintre Freese. — Pancartes et martyre de Benet. — Thomas More et John Petit. —
Bilney
CHAPITRE XVI.
Terreurs de Wolsey. — Acte d'accusation des pairs. — Cromwell le sauve. —
Maladie du cardinal. — L'ambition lui revient. — Ses pratiques dans le Yorkshire.
— Northumberland l'arrête. — Son départ. — Arrivée du gouverneur de la Tour. —
Wolsey à l'abbaye de Leicester. — Paroles de persécution. — Il meurt. — Trois mouvements, la suprématie, la sainte Écriture et la foi. .
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle LIVRE XVII. L'Angleterre avant la Réforme
CHAPITRE I
Introduction. — œuvre du seizième siècle. — Unité et diversité — Nécessité de considérer l'ensemble de l'histoire religieuse de l'Angleterre. — Établissement du christianisme dans la Grande-Bretagne. — Formation du catholicisme ecclésiastique dans l'empire romain. — C'est le christianisme spirituel que la Bretagne reçoit. —Esclavage et conversion de Succat. — Sa mission en Irlande. —
Pélage. — Les Anglo-Saxons rétablissent le paganisme en Angleterre —Colomba à Iona. — Doctrine évangélique. — Presbytérat et épiscopat dans la Grande-Bretagne.
— Missions continentales des Bretons. — Une négligence Les puissances célestes qui depuis les premiers âges du christianisme avaient sommeillé dans l'humanité se réveillent au seizième siècle, et ce réveil enfante les temps modernes. L'Église est créée de nouveau et de cette création émanent les grands développements des lettres, des sciences, de la morale, de la liberté, de l'industrie, qui caractérisent de nos jours les nations de la chrétienté. Rien de tout cela n'eût existé sans la Réformation. Il faut à l'humanité, quand elle entre dans une ère nouvelle, le baptême de la foi. Au seizième siècle Dieu donna à l'homme cette consécration d'en haut, en le ramenant de la profession extérieure et du mécanisme des œuvres à la foi extérieure et vivante.
Ce ne fut pas sans luttes que cette transformation s'opéra. Ces luttes offrirent d'abord une remarquable unité. Au jour de l'attaque, une seule et même pensée anima tous les esprits; après la victoire ils se divisèrent. L'unité de la foi subsista, mais la diversité des nationalités amena dans l'Église la diversité des formes ; nous allons en voir un grand exemple. La Réformation, qui avait commencé sa marche triomphante en Allemagne, en Suisse, en France et dans quelques autres contrées continentales, devait recevoir une force nouvelle par la conversion d'une île célèbre longtemps connue par son zèle pour Rome. Cette île allait joindre son drapeau au faisceau d'armes du protestantisme; mais ce drapeau devait conserver ses propres couleurs. Quand l'Angleterre se réforma, ce fut une puissante individualité qui vint se rattacher à la grande unité.
Si nous recherchons les traits qui caractérisent la Réformation de la Grande-Bretagne, nous trouvons que plus qu'aucune autre elle eut un caractère social, national et véritablement humain ; il n'est aucun peuple où la Réformation ait produit au même degré cette moralité, cet ordre, cette liberté, cet esprit public, cette activité, qui sont les éléments essentiels de, la grandeur d'une nation. Autant la papauté a abaissé la péninsule Ibérique, autant l'Évangile a élevé les îles Britanniques. L'étude que nous commençons offre donc un intérêt tout particulier.
Cette étude pour être utile, doit avoir un caractère d'universalité. Vouloir resserrer 22
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle l'histoire d'un peuple dans l'espace de quelques années, et même d'un siècle, serait ôté à cette histoire la vérité et la vie. Nous aurions ainsi des traditions, des chroniques, des légendes; nous n'aurions pas d'histoire. L'histoire est un organisme merveilleux, dont aucune partie ne doit être retranchée. Pour comprendre ce qui est, il faut connaître ce qui a été. L'humanité, comme l'homme lui-même, a une enfance, une jeunesse, un âge mûr, une vieillesse. L'humanité ancienne ou païenne, qui avait passé son enfance dans l'Orient au milieu des peuples anti-helléniques, eut sa jeunesse dans l'époque animée des Grecs, son âge viril dans les temps sérieux de la grandeur de Rome, et sa vieillesse sous la décadence de l'empire. L'humanité moderne a passé par des âges analogues ; elle parvient, lors de la Réformation, à celui de l'homme fait. Nous allons parcourir rapide ment les destinées de l'Église d'Angleterre, dès les premiers temps du christianisme. Ces longues et lointaines préparations sont un des caractères distinctifs de sa réformation. .. ' < Cette Église passa avant le seizième siècle par deux grandes phases.
La première fut celle de sa formation ; la seconde celle de sa déformation.
Dans sa formation, elle fut apostolique orientale. Dans sa déformation, elle fut successivement papiste nationale et papiste royale.
Après ces deux degrés de décadence, vint la dernière et grande phase de la Réformation. Des navires partis de l'Asie Mineure, de la Grèce, d'Alexandrie, ou des colonies grecques des Gaules, se dirigeaient, au second siècle de l'ère chrétienne, vers les rives sauvages de la Bretagne. Au milieu de marchands avides, occupés à calculer les bénéfices qu'ils faisaient sur les produits de l'Orient dont leurs bâtiments étaient chargés, se trouvaient quelques hommes pieux, venus des bords du Méandre ou de l'Hermus, qui s'entretenaient paisiblement de la naissance, de la vie, de la mort, de la résurrection de Jésus de Nazareth ; et se réjouissaient de sauver par cette bonne nouvelle quelques-uns des païens vers lesquels ils se rendaient. Il paraît que quelques Bretons, prisonniers de guerre, ayant appris à connaître Christ pendant leur captivité, apportèrent aussi à leurs compatriotes la connaissance de ce Sauveur.
Il se peut enfin que des soldats chrétiens, des Corneilles de ces armées impériales, dont les postes avancés arrivaient jusqu'au midi de l'Ecosse, désireux de conquêtes plus durables, récitassent aux peuples qu'ils avaient soumis, les Ecritures de Matthieu, de Jean et de Paul. Il importe peu de savoir si l'un des premiers convertis fut, comme on le dit, un prince nommé Lucius. Ce qui est certain, c'est que la nouvelle du Fils de l'Homme, crucifié et ressuscité sous Tibère, se répandit dans ces îles avec plus de rapidité que la domination même des empereurs, et qu'avant la fin du second siècle, des Églises adoraient Jésus-Christ au-delà des murs d'Adrien, dans ces montagnes, ces bocages, ces Hébrides, que les druides remplissaient depuis des siècles de leurs mystères et de leurs sacrifices, et que les aigles romaines elles-23
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle mêmes n'avaient jamais atteints.[4] Ces Églises se formèrent d'après le type de l'Orient ; les Bretons se fussent sans doute refusé à recevoir le type de cette Rome dont ils détestaient le joug.
La première chose que les chrétiens bretons reçurent de la capitale de l'empire, fut la persécution. Mais Dioclétien, en frappant dans la Grande-Bretagne les disciples de Jésus-Christ, en augmenta le nombre*. Plusieurs chrétiens de la partie méridionale de l'île se réfugièrent en Ecosse, y construisirent d'humbles demeures, et, connus sous le nom de Guidées, y prièrent pour le salut de ce peuple. En voyant la sainteté de ces hommes de Dieu, des païens abandonnèrent en grand nombre leurs chênes sacrés, leurs grottes mystérieuses, leurs autels sanglants, et obéirent aux douces paroles de l'Évangile. Après la mort de ces pieux réfugiés, leurs cellules furent transformées en temples \ En 305, Constance Chlore, parvenu au trône des Augustes, mit fin à la persécution.
Le christianisme qui fut apporté à ces peuples par des marchands, des soldats, des évangélistes, sans être le catholicisme ecclésiastique qui commençait alors dans l'empire romain, n'était sans doute pas l'évangélisme primitif des apôtres. L'Orient et Je Midi ne pouvaient donner au Nord que ce qu'ils avaient eux-mêmes. Or, à la période créatrice et miraculeuse de l'Église, avait succédé la période humaine. Après les manifestations extraordinaires de l'Esprit-Saint, qui avaient produit le siècle apostolique, l'Église avait été laissée aux forces intimes de la Parole et du Consolateur. Mais les chrétiens ne comprirent point en général la vie spirituelle à laquelle ils étaient appelés. Dieu avait voulu leur donner une religion divine; et ils en vinrent peu à peu à l'assimiler presque aux religions humaines.
Au lieu de dire, dans l'esprit de l'Évangile : la Parole de Dieu d'abord, et par elle la doctrine et la vie; la doctrine et la vie d'abord, et par elles les formes ; ils en vinrent à dire : les formes d'abord, et par les formes le salut. Ils attribuèrent aux évêques un pouvoir qui n'appartient qu'à la sainte Écriture ; au lieu de ministres de la Parole, ils voulurent avoir des prêtres ; au lieu d'un sacrifice intérieur, un sacrifice fait sur l'autel; au lieu d'une Église vivante, des temples magnifiques. Ils se mirent à chercher dans les hommes, dans les cérémonies, dans les lieux saints, ce qu'ils devaient trouver dans la Parole et dans la foi vivante des enfants de Dieu. Ainsi, au christianisme évangélique succéda le catholicisme, et le catholicisme à son tour, par une dégénération graduelle, produisit plus tard la papauté.
Ce fut en Orient, en Afrique, en Italie que s'accomplit surtout cette fatale transformation. La Grande Bretagne en fut d'abord relativement exempte. Au milieu des invasions sauvages des Scots et des Pictes, qui, s'élançant des contrées païennes de l'Ecosse et de l'Irlande, et se jetant dans de légers na vires, portaient partout l'épouvante et réduisaient en esclavage des troupes de prisonniers, nous dé couvrons çà et là quelque chrétien, humble et intérieur, qui reçoit le salut, non par 24
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle un sacramentalisme clérical, mais par l'œuvre du Saint-Esprit dans Je cœur. La fin du quatrième siècle nous en fournit un illustre exemple.
Sur les rives pittoresques de la Clyde, non loin de Glasgow, au village chrétien de Bonavern, maintenant Kil-Patrick, s'ébattait alors un jeune garçon à l'âme tendre, doué d'un esprit vif, d'une infatigable activité. Né vers l'an 372, à Boulogne, dit-on, il avait été nommé Succat Son père, Cal pornius, diacre de l'église de Bonavern, homme simple et pieux, et sa mère Conchessa, sœur du célèbre Martin de Tours *, supérieure aux femmes de son siècle, s'étaient appliqués à faire pénétrer dans son cœur les doctrines chrétiennes ; mais Succat ne les avait point comprises. Plein de vigueur, il aimait le plaisir et se plaisait à entraîner après lui les jeunes gens de son âge.
Au milieu de ses dissipations, il tomba dans une faute grave. Plus tard, ses parents ayant quitté l'Écosse, et s'était établis avec leurs enfants dans l'Armorique (Bretagne gauloise), un malheur vint porter la désolation sous leur toit. Un jour que Succat se trouvait près de la mer, avec deux de ses sœurs, des pirates irlandais, conduits par O'Neal, l'enlevèrent ainsi que Lupita et Tigris ses sœurs, les transportèrent malgré leurs cris dans une barque et les vendirent en Irlande à un chef de ces peuplades païennes. Succat fut envoyé aux pâturages pour garder les pourceaux. [5] Alors seul dans ces campagnes désertes, sans prêtres, sans temples, le jeune esclave se rappela ces Écritures de Dieu, que sa pieuse mère lui avait souvent récitées; il sentit la faute qu'il avait commise et qui pesait lourdement nuit et jour sur son âme coupable ; il poussa des soupirs, il versa des pleurs. Repentant, il se tourna vers le doux Sauveur, dont Conchessa lui avait tant parlé, il tomba à ses pieds dans cette ile païenne, et crut sentir les bras d'un père qui relevait l'enfant prodigue. Succat naquit alors d'en haut, mais par un agent tellement spirituel, tellement intérieur, qu'il ne savait ni d'où il venait ni où il allait.
L'Évangile fut écrit du doigt de Dieu sur la table de son cœur. “ H J'avais seize ans, dit-il, et je ne connaissais pas le vrai Dieu ; mais le Seigneur, dans cette terre étrangère, ouvrit mon esprit incrédule, et, quoique tard; je me rappelai mes péchés et me convertis de tout mon cœur au Seigneur mon Dieu, qui regarda à ma bassesse, eut pitié de ma jeunesse et de mon ignorance, et me consola comme un père console son enfant *. » Ces paroles d'un esclave gardant ses troupeaux au milieu des prairies d'Érin, nous font connaitre le christianisme qui, au quatrième et au cinquième siècle, convertit beaucoup d'âmes dans les îles Bri tanniques. Rome y établit plus tard le règne du prêtre et le salut par les signes, indépendamment des dispositions du cœur; mais la religion primitive de ces îles célèbres fut le christianisme vivant, dont le contenu est la grâce de Jésus-Christ, et dont la puissance est la grâce du Saint-Esprit.
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle Le berger des bords de la Clyde faisait alors les expériences qu'ont faites après lui, dans ces mêmes îles, tant de chrétiens évangéliques. “ H L'amour de Dieu croissait de plus en plus en moi, dit-il, avec la foi et la crainte de son nom. L'Esprit me poussait tellement, que dans un seul jour, je faisais jusqu'à cent prières. Et même pendant la nuit, dans les forêts et sur les montagnes où je gardais mon troupeau, la pluie, la neige, la gelée et les souffrances que j'endurais me poussaient à chercher Dieu. Il n'y avait point en moi cette, nonchalance que j'y vois à cette heure; l'Esprit bouillonnait dans mon cœur.» [6]
L'évangélisme vivait alors aux îles Britanniques dans la personne de cet esclave et chez d'autres chrétiens créés d'en haut comme lui et avant lui. Deux fois captives et deux fois délivré, Succat, de retour dans sa famille, sentit dans son cœur un irrésistible appel. Il faut qu'il aille porter l'Évangile à ces païens de l'Irlande, au milieu desquels il a trouvé Jésus-Christ. En vain, ses parents et ses amis s'efforcent-ils de le retenir ; cet ardent désir le poursuit dans ses rêves; il croit entendre pendant la nuit des voix sortant des forêts d'Erin, qui lui crient : “ H
Viens, ô saint enfant, et demeure de nouveau parmi nous ! » Il se réveille tout en larmes, et le cœur plein des plus vives émotions. [7] Il s'arrache des bras de ses parents; il s'élance, non comme il faisait autrefois, quand, avec ses compagnons de jeu, il allait escalader la cime de quelques monts, mais avec un cœur plein de la charité de Christ ; il part. “ H Cela ne se fit pas dans ma propre force, dit-il, ce fut Dieu qui surmonta tout. »
Succat, que l'on appela plus tard Patrick, et au nom duquel, comme à celui de saint Pierre et d'autres serviteurs de Dieu, on a rattaché bien des superstitions, retourna en Irlande, mais sans passer par Rome, comme l'a prétendu un historien du douzième siècle \ Toujours vif, prompt, ingénieux, il rassemblait dans les champs ces peuplades païennes, en battant des timbales, puis il leur racontait, dans leur propre langue, l'histoire du Fils de Dieu. Bientôt ces simples récits exercèrent sur ces esprits grossiers leur divine puissance. Beaucoup d'âmes se convertirent par la prédication de la Parole de Dieu, et non par des sacrements extérieurs ou par l'adoration des images. Le fils d'un seigneur, que Patrick nomma Bénignus, apprenait de lui à prêcher l'Evangile et devait un jour lui succéder. Dubrach Mac Valubair, barde de la cour, chantait, non plus des hymnes druidiques, mais des cantiques adressés à Jésus-Christ. Patrick ne fut pas complétement à l'abri des erreurs de son siècle ; peut-être crut-il à de pieux miracles, mais en général c'est l'Evangile que nous rencontrons dans les premiers temps de l'Eglise britannique.
Un jour l'Irlande sentira sans doute de nouveau la puissance du Saint-Esprit qui la convertit alors par le ministère d'un Ecossais.
Peu avant l'évangélisation de Patrick en Irlande, un Breton, nommé Pélage, s'étant rendu en Italie, en Afrique et jusqu'en Palestine, y avait soutenu une doctrine étrange. Voulant combattre le relâche ment moral dans lequel la plupart des 26
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle chrétiens de ces contrées étaient tombés et qui contrastait, ce semble, avec la rigidité britannique, il avait nié le péché originel, exalté le libre arbitre et prétendu que si l'homme faisait usage de toutes les forces de sa nature, il atteindrait la perfection. On ne voit pas qu'il ait enseigné ces doctrines dans sa patrie ; mais du continent, où il les avait répandues, elles revinrent dans la Grande-Bretagne.
Alors les Églises britanniques “ H refusèrent de recevoir ce dogme per vers, dit leur historien, et de blasphémer ainsi la grâce de Jésus - Christ.[8] » Elles ne paraissent pas avoir eu la doctrine stricte de saint Augustin; elles croyaient bien que l'homme a besoin d'un changement intérieur, et qu'une force divine seule peut l'accomplir; mais comme les Églises d'Asie, dont elles étaient issues, elles semblent avoir accordé quelque chose à la force naturelle dans l'œuvre de la conversion; et Pélage, dans une bonne intention, paraît-il, était allé encore plus loin. Quoi qu'il en soit, ces Eglises, étrangères à cette controverse, n'en connaissaient pas toutes les subtilités ; deux évêques gaulois, Germain et Loup, vinrent donc à leur aide, et “ H ceux qui avaient été pervertis rentrèrent dans la voie de la vérité \ »
Peu après, des événements d'une haute importance se passèrent dans la Grande-Bretagne, et la lumière de la foi disparut devant une nuit profonde. En 430, Hengist, de Horsa, et leurs Anglo-Saxons, appelés par les habitants, que désolaient les irruptions des Pictes et des Scots, tournèrent presque aussitôt leur glaive contre le peuple qui avait imploré leur secours, et l'est et le midi de la Grande Bretagne furent remplis de pillage et de sang. Le christianisme fut généralement refoulé avec les Bretons dans le pays de Galles et les montagnes de Cornouailles et du Northumberland. De nombreuses familles bretonnes restèrent, il est vrai, au milieu des vainqueurs, mais sans avoir sur eux d'influence religieuse.
Tandis que les races conquérantes établies à Paris, à Ravenne, à Tolède, déposaient peu à peu leur paganisme et leur barbarie sur les rives de la Seine, de l'Adriatique et du Tage, les mœurs sauvages des Saxons régnaient sans s'adoucir dans les royaumes de l'Heptarchie, et partout des temples de Thor remplaçaient les églises où l'on ado rait Jésus-Christ. Les Gaules et le sud de l'Europe, qui présentaient encore aux Barbares les derniers trophées de la grandeur romaine, avaient seuls la puissance d'inspirer quelque respect aux redoutables Germains et de transformer leur foi. Dès lors, les Grecs, les Latins, et même les Golhs convertis, regardèrent de loin cette île fabuleuse, avec une indicible horreur. La terre, disait-on, y est couverte de serpents; l'air y est rempli d'exhalaisons mor telles; les esprits des morts y sont transportés à minuit des rives de la Gaule. Des bateliers, fils, comme Caron, de l'Érèbe et de la Nuit, passent dans leur barque ces ombres invisibles, dont ils entendent en frissonnant les chuchotements mystérieux. L'Angleterre, d'où la vie devait un jour se répandre dans le monde habitable, était alors le rendez-vous des morts. Toutefois le christianisme des îles Britanniques ne devait pas être anéanti 27
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle par les invasions des barbares ; il y avait en lui une force qui le rendait capable d'une résistance énergique.
Au milieu des Églises que la prédication de Suc cat avait formées, se trouvait, environ deux siècles après lui, un homme pieux, Colomba, fils de Feid limyd, fils de Fergus. Estimant la croix de Jésus Christ plus que le sang royal qui coulait dans ses veines, il avait résolu de se donner à ce Roi du ciel. Ne rendra-t-il pas au pays d'où est venu Succat ce que Succat a apporté au sien? “ H J'irai, dit-il, prêcher en Ecosse la Parole de Dieu; [9]» car c'était de la Parole de Dieu et non d'un hiérarchisme ecclésias tique qu'il s'agissait alors. Le petit-fils de Fergus fait passer le feu qui l'anime dans le cœur de quelques chrétiens; ils se rendent sur le bord de la mer, coupent les branches flexibles d'un saule, en construisent un frêle bateau, le recouvrent des peaux de quelques bêtes, puis se placent dans cet esquif grossier (c'était l'an 565), et cette troupe de missionnaires, ballottée par l'Océan, arrive dans les eaux des Hébrides. Colomba s'arrêta près des stériles rochers de Mull, au midi des grottes basaltiques de Staffa, et s'établit dans une petite île, qui fut nommée “ H
l'île de la cellule de Colomba, » I-Colm-Kill ou Iona. Des Culdées chrétiens, chassés par les luttes des Pictes et des Scots, s'y étaient déjà réfugiés. Le missionnaire y éleva une chapelle dont les murailles, dit-on, [10] existent encore, au milieu des ruines plus majestueuses d'un âge postérieur.
Quelques auteurs ont placé Colomba au premier rang après les apôtres.[11] On ne trouve pas, il est vrai, en lui la foi d'un Paul ou d'un Jean; mais il vivait en la présence de Dieu ; il traitait durement son corps ; il couchait, dit-on, sur la terre, n'ayant qu'une pierre pour oreiller; et au milieu de ces mœurs si rudes, de ces scènes si graves, la figure du missionnaire, éclairée par le soleil divin, rayonnait d'amour et manifestait la joie et la sérénité de son âme.[12] Sujet aux mêmes passions que nous, il luttait contre ses faiblesses, et ne voulait pas qu'un moment fût perdu pour la gloire de Dieu ; il priait, il lisait, il écrivait, il enseignait, il prêchait, il rachetait le temps. D’une infatigable activité, il allait de maison en maison et de royaume en royaume. Le roi des Pictes fut converti; beau coup de ses sujets le furent de même ; de précieux manuscrits furent transportés à Iona ; une école théologique y fut établie; la Parole y fut étudiée, et plusieurs y reçurent par la foi le salut qui est en Jésus Christ. Bientôt l'esprit missionnaire souffla sur ce rocher de l'Océan fécondé par l'Irlande, nommé à juste titre, “ H la lumière du monde occidental. » Le sacerdotalisme judaïque qui commençait à s'établir dans l'Église chrétienne ne domina point à Iona; il y avait des formes, mais ce n'était pas en elles que l'on cherchait la vie ; c'était l'Esprit-Saint qui faisait, selon Colomba, un serviteur de Dieu.
Quand les jeunes fils de la Calédonie se réunissaient autour des anciens, sur ces rives sauvages ou dans l'humble chapelle : “ H La sainte Écriture, » leur disaient ces ministres du Seigneur, “ H est la règle uni que de la foi. [13] Rejetez tout mérite des 28
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle œuvres, et n'attendez votre salut que de la grâce de Dieu*. Gardez-vous d'une religion qui consiste dans des pratiques extérieures; il vaut mieux conserver son cœur pur devant Dieu, que s'abstenir des viandes. Un seul est votre chef, Jésus-Christ. Les évêques et les presbytères sont égaux. [14] ; Ils doivent être maris d'une seule femme et tenir leurs enfants dans la soumission*. »
Ces sages d’Iona ne connaissaient ni la transsubstantiation, ni le retranchement de la coupe dans la sainte cène, ni la confession auriculaire, ni l'in vocation des morts, ni les cierges, ni l'encens; ils célébraient la Pâque un autre jour qu'à Rome ; [15] des assemblées synodales y réglaient les intérêts de l'Église, et la primauté papale y était inconnue.[16] Le soleil de l'Évangile éclairait ces rives sauvages. Un jour, la Grande-Bretagne devait retrouver avec un éclat plus pur le même soleil et le même Évangile.
Iona, présidée par un simple ancien, était devenue une maison missionnaire; on l'a appelée quelquefois un monastère, mais l'habitation du petit-fils de Fergus, ne ressemblait point aux couvents de la papauté. Quand les jeunes disciples qui l'habitaient voulurent répandre la connaissance du Christ, ils ne pensèrent point à quitter ces lieux pour chercher ailleurs une consécration épiscopale. À genoux dans la chapelle d'I-Colm-Kill, ils furent mis à part par l'imposition des mains des anciens, ils furent appelés évêques, et ils restèrent soumis à l'ancien ou presbytère de Iona. Ils consacrèrent même d'autres évêques; ainsi Finan imposa les mains à Diuma, évêque de Middlesex. Ces chrétiens bretons attachaient une grande importance au ministère ; mais non à ce qu'il existât sous une forme plutôt que sous une autre. Presbytérat et épiscopat étaient pour eux, comme pour l'Église primitive,
[17] presque identiques.
— Plus tard encore, ni Bède le Vénérable, ni Lan franc, ni Anselme (ces deux derniers, archevêques de Cantorbéry), ne firent aucune objection aux consécrations d'évêques bretons faites par de simples presbytères.[18] L'élément religieux et moral, qui est celui du christianisme, dominait encore ; l'élément sacerdotal, qui caractérise les religions humaines, soit chez les Brahmanes, soit ailleurs, avait, il est vrai, commencé à paraître, mais n'avait, au moins dans la Grande-Bretagne, qu'une place fort subordonnée. Le christianisme était encore une religion et non une caste. On ne demandait pas à un serviteur de Dieu, comme garantie de sa capacité, une série de noms d'hommes, se succédant l'un à l'autre, comme les grains d'un chapelet; on avait du ministère des idées graves, nobles, saintes; son autorité provenait uniquement du chef Jésus-Christ. Le feu missionnaire, que le petit-fils de Fergus avait allumé dans une île solitaire, gagna bientôt toute la Grande-Bretagne.
Ce n'est plus en Irlande ou à Iona seulement, c'est dans d'autres lieux que l'esprit d'évangélisation se réveille. Le goût des voyages était déjà pour ces peuples une seconde nature. [19] Pleins de hardiesse, des hommes de Dieu prennent la résolution de porter le flambeau évangélique sur le continent, dans de vastes 29
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle déserts semés çà et là de peuplades barbares et païennes. Ce n'est pas comme antagonistes de Rome qu'ils y vont ; il n'y avait pas même lieu alors à un tel antagonisme; mais Bangor et Iona, moins illustres que Rome dans l'histoire des peuples, possédaient une foi plus vivante que la cité des Césars, et cette foi, signe infaillible de la présence de Jésus-Christ, don nait à ceux qu'elle animait, le droit d'évangéliser le monde, sans que Rome eût rien à y voir.
Les évêques missionnaires des îles Britanniques s'avancent donc, et parcourent les Pays-Bas, la Gaule, la Suisse, l'Allemagne et même l'Italie. [20] L'Église libre des Bretons et des Scots, fait plus pour la conversion de l'Europe centrale que l'Église à moitié asservie des Romains. Ces missionnaires ne sont pas orgueilleux comme les prêtres d'Italie ; ils se nourrissent du travail de leurs mains. Colomban (qu'il faut bien distinguer de Colomba ') “ H sentant brûler dans son cœur le feu que le Seigneur est venu allumer sur la terre*,[21] » part de Bangor (Ir lande), en 590, avec douze missionnaires, porte l'Évangile aux Bourguignons, aux Francs, aux Suisses, le prêche au milieu de nombreuses persécutions, laisse son disciple Gall en Helvétie, et s'en va mourir à Bobbio, honorant Rome chrétienne, mais met tant au-dessus d'elle l'Église de Jérusalem *,[22] exhortant Rome à se tenir en garde contre la corruption et lui déclarant qu'elle ne peut avoir la puissance qu'autant que la vraie doctrine (recta ratio) lui demeurera. Ainsi la Bretagne est fidèle à planter l'étendard de Christ au centre de l'Europe, on dirait que ce peuple inconnu est un nouvel Israël, et que I-Colm-Kill et Bangor ont hérité des vertus de Sion.
Cependant ils auraient dû faire davantage ; ils au raient dû prêcher, non -
seulement aux païens du continent, à ceux du nord de l'Écosse et de la lointaine Islande, mais aussi aux Saxons encore païens de l'Angleterre. Ils firent bien quelques essais, mais tandis que les Bretons considéraient leurs conquérants comme les ennemis de Dieu et des hommes, et ne prononçaient leur nom qu'avec horreur les Saxons refusaient de se convertir à la voix de leurs esclaves. En négligeant ce champ, les Bretons y appelèrent d'autres ouvriers, et cette négligence livra l'Angleterre à la puissance étrangère qui lui a si longtemps imposé son joug.
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FOOTNOTES
[1] Les diverses lois rendues de 1343 à 1364, sous Édouard 111, et en 1393 sous Richard II, pour se prémunir contre la papauté, peuvent être désignées sous le nom commun de Prémunir.
[2]“ H Divinum judicium, populi suffragium, coepiscoporum consen sus. » (Epist. lv.)
“ H Clerus et populus, apostolicae sedis vel metropolitani sui con sensu, pastorem sibi eligat. » (Mansi, XX, p. 533.)
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle
[3] Évangile selon saint Jean, ch. VI, v. 68.
[4] “ H Britannorum inaccessa Romanis loca Christo -vero subdita. » (Ter tullian., Contra Judœos, lib. VII.) Cet écrit, ne portant pas de traces de montanisme, semble appartenir à la première partie de la vie de Tertullien. (Voir aussi Origène, In Lucam, cap. i, homil. VI.)
*Lactantius, De mortibus persecutorum, cap. XII. 2
* “ H Multi ex Brittonibus Christiani saevitiam Diocletiani timentes ad cos confugerant... ut vitae functorum cellœ in templa commutarentar. » (Buchanan, IV, c. xxiv.)
[5] “H In baptismo haud Patricium sed Succat a parentibus fuisse dic tum. » (Usser., Brit. Eccl. Antiq., p. 428.) ; H B. Martini Turonum archiepiscopi consanguineam. »
[lbid.)
[6] “H Cujus porcorum pastorerat.»(UsservSri7. Eccl. Antiq.,p. 431.) “ H Et ibi Dominus aperuit sensum incredulitatis meae, ut vel sero remorarem delicta mea et ut converterer toto corde ad Dominum Deum meum. » (Patr. Confess., ibid.)
[7] “ H Ut ctiam in sylvis, et monte manebam, et ante lucem excitabar ad orationem per nivem, per gelu, per pluviam... quia tune Spiritus in me fervebat. » (Usser., Brit.
Eccl. Antiq., p. 432.)
[8] “ H Valde compunctus sum corde et sic expergefactus. » (Usserv Brit. Eccl.
Antiq., p. 433.) s Jocelinus, Vita in Acta SS. “ H Verum Britanni cum neque suscipere dogma perversum,gratiam Christi blasphemando, nullatenus -vellent. »
(Beda, Hist. Anrjl., lib. I, c. xtii et m.)
[9] “ H Praedicaturus verbum Dei. » (Usser., lirit. Eccl. Antiq., p. 359.)
[10] Je visitai Iona, en 1845, avec le docteur Patrick Mac-Farlane, et je vis ces ruines. Une partie de l'édifice semble être d'une architecture primitive.
[11] “ H Nulli post apostolos secundus. » (Notker.)
[12] “ H Qui de prosapia regali claruit, Sed morum gratia magis emicuit. » (Usser., Brit. Eccl. Antiq., p. 360.)
[13] “ H Prolatis sanctae Scripturee testimoniis. » (Adomn., liv. I,c.xxn.) * L'évèque Munter, “ H Altbritische Kirche. » [Stud. untl Krit., VI, p. 745.) s “ H Meliores sunt ergo qui non magno opere jejunant, cor intrinse cus nitidum coram Deo sollicite servantes. » (Gildas, In ejusd. synod. Append.)
[14] H In Hyberniaepiscopi et presbyteri unum sunt.» (Ekkehardi liber., Arx, Geschichle von S. Gall, I, p. 267.)
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle
[15] “H In die quidem dominica alia tamen quam decebat hebdomade celebrabant. »
(Beda, Hist. Angl., III, cap. iv.)
[16] “H Patrem habui Calpornium diaconum filium quondam Potiti pres byteri. »
[Patricii Confessio.) Des évêques irlandais étaient encore ma riés au douzième siècle. (Bernard., Vita Malachiœ, cap. X.)
H Augustinus novam religionem docet... dum ad unius episcopi ro mani dominatum omnia revocat. » (Buchanan, V, p. 36.) s “ H Habere autem solet ipsa insula rectorem semper abbatem presby terum cujus jur i et omnis provincia et ipti etiam episcopi, ordine inu sitato, debeant esse subjecti, juxta exemplum primi doctoris illius qui non episcopus sed presbyier exstitit et monachus. » (Beda, Hist. eccl., III, cap. iv.) »
[17] “ H Idem est ergo presbyter qui episcopus, et antequam diaboli in stinctu studia in religione fiêrent... communi presbyterorum concilit^ Ecclesiae gubernabantur.
Indifferenter de episcopo quasi de presbytere est loquutus (Paulus)... sciant episcopi se magis consuetudine quam dispositionis dominicae veritate^ presbyteris esse majores. » [Hieronymus ad Titum, I, p. 5.)
[18] L'évêque Munter fait cette remarque dans sa dissertation sur l'ancienne Eglise bretonne, sur l'identité primitive des évêques et des prêtres et la consécration épiscopale. [Studien und Kritiken. 1833.) V 2
[19] “ H Natio Scotorum, quibus consuetudo peregrinandi jam paene in naturam conversa est. » [Vita S. Galli, § 47.) a On les appelait episcopi regionarii, parce qu'ils n'avaient pas de sièges particuliers.
[20] “ H Antiquo tempore doctissimi solebant magistri de Hibernia Bri tanniam, Galliam, Italiam venire et multos per ecclesias Christi fecisse profectus. » (Aleuin, Ep., GCXXI.)
[21] M. Aug. Thierry [Hisf. de la conquête de l'Angleterre) a fait de Colomba et de Colomban un seul et même personnage. Colomba évangélisait en Ecosse vers 560, et mourut en 597; Colomban évangélisait parmi les Bourguignons vers 600, et mourut en 615.
[22] “ H Ignitum igne Domini desiderium. » (Mabillon, Acta, p. 9.) » “ H Salva loci Dominica resurrectionis singulari prcerogativa. » [Columb. Vita, § 10.) 32
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle CHAPITRE II
Missions romaines dans l'Angleterre païenne. — Premiers succès. — Appréciation.
— L'archevêque romain entreprend de soumettre les chrétiens bretons. — Première agression : Dionoth. — Seconde agression : Assemblée de Wigornia. — Les Bretons consultent une solitaire —Troisième agression : Massacre près de Bangor. —
Apostasie des Saxons et vision de saint Pierre. — Oswald en Écosse. — Conquête et missions d'Oswald, dans le Northumberland. — L'évêque Aïdan et le roi Oswald. —
Succès des missionnaires d’Iona.
En effet, la vie spirituelle avait défailli dans le catholicisme italien ; et à mesure que l'esprit céleste y était devenu rare, l'amour de la domination s'y était accru. Les métropolitains de Rome et leurs délégués se montrèrent bientôt impatients de ranger à leurs coutumes la chrétienté tout entière.
Vers la fin du sixième siècle, un homme éminent, Grégoire, était assis sur le siège romain. De famille sénatorienne, et déjà sur le chemin des honneurs, il avait tout à coup renoncé au monde et transformé en couvent le palais de ses pères. Mais son ambition n'avait fait que changer d'objet. Tout l'Occident devait, selon lui, être soumis à la juridiction ecclésiastique de Rome. Il rejetait, il est vrai, le titre d'évêque universel que prenait le patriarche de Constantinople ; mais s'il ne voulait pas le nom, il voulait bien la chose*. [1] Aux confins de l'Occident, dans la Grande-Bretagne, se trouvait une Église chrétienne indépendante de Rome. Il fallait en faire la conquête, et une occasion naturelle se présenta. Avant son épiscopat, quand il n'était encore que moine, Grégoire, traversant un jour un marché de Rome, où des étrangers avaient étalé leurs marchandises, y avait aperçu de jeunes garçons que l'on vendait comme esclaves, et dont la noble apparence avait attiré ses regards.
S'étant approché, il avait appris que le peuple anglo-saxon auquel ils appartenaient, s'était refusé à recevoir des Bretons la doctrine de la foi.
Devenu peu après évêque de Rome, ce pontife, à la fois énergique et rusé, “ H le dernier des bons, a-t-on dit, le premier des mauvais, » résolut de convertir ces fiers conquérants et de s'en servir pour soumettre à la papauté les libres Bretons, comme il se servait des rois francs pour soumettre les Gaules. Rome s'est montrée souvent plus avide d'amener au pape des chrétiens que des idolâtres;[2] en fut-il ainsi de Grégoire? Nous laissons la question indécise. Éthelbert, roi du Kent, ayant épousé une princesse franque et chrétienne, l'évêque romain crut le moment favorable pour son dessein, et fit partir pour l'Angleterre une mission placée sous la direction de l'un de ses amis nommé Augustin (l'an 596). Les missionnaires reculèrent d'abord devant la tâche qui leur était donnée; mais Grégoire tint bon. Voulant gagner en faveur de son entreprise les rois des Francs, Théodéric et Théo debert, il affecta de les considérer comme les suzerains de l'Angleterre, et leur recommanda la conversion de leurs sujets. [3] Ce ne fut pas tout; il réclama aussi le secours de la 33
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle puissante Brunehaut, aïeule de ces rois, célèbre par ses fourberies, ses dérèglements et ses crimes, et il ne craignit pas d'exalter les bonnes œuvres et la crainte de Dieu de cette Jézabel. [4] Ce fut sous de tels auspices que la mission romaine arriva en Angleterre. Le pape avait bien choisi son délégué. Il y avait dans Augustin, plus encore que dans Grégoire lui-même, un mélange d'ambition et de dévouement, de superstition et de piété, de ruse et de zèle. L'essentiel de l'Eglise était moins à ses yeux la foi et la sainteté, que l'autorité et la puissance ; et la prérogative de cette société n'était pas tant de sauver les âmes que de rassembler sous le sceptre de Rome tout le genre humain \ Grégoire lui-même était affligé de l'orgueil spirituel d'Augustin, et l'exhorta souvent à l'humilité.
Des succès du genre de ceux que la papauté recherche, couronnèrent bientôt les travaux des romains. Les quarante et un missionnaires ayant abordé en 597 dans l'île ou pointe de Thanet, le roi du Kent consentit à les recevoir, en plein air toute fois par crainte de la magie. Ils se rangèrent de manière à produire un certain effet sur ces hommes grossiers, firent porter en tête de leur procession une grande croix avec une image de Christ; entonnèrent des cantiques latins, et s'approchèrent ainsi du chêne désigné pour la conférence. Ils inspirèrent assez de confiance à Éthelbert, pour qu'il leur per mît de célébrer leur culte dans une vieille chapelle située à Darovern (Cantorbéry), alors en ruines, mais où les chrétiens bretons avaient autrefois adoré Jésus-Christ. Peu après le roi et des milliers de ses sujets reçurent, avec quelques symboles et quelques doctrines chrétiennes, les erreurs des pontifes romains, le purgatoire par exemple, que Grégoire établissait à l'aide de fables absurdes. [5] Augustin baptisa dix mille païens en un jour. Rome n'a fait encore que poser un pied dans la Grande-Bretagne ; elle ne tardera pas à y établir son règne.
Nous ne voulons pas méconnaître le prix de l'élément religieux apporté alors aux Anglo-Saxons ; et nous aimons à croire que plusieurs des missionnaires venus d'Italie s'efforcèrent de faire une œuvre chrétienne. Nous pensons même que tout le moyen âge doit être apprécié avec des sentiments d'équité que l'on n'a pas toujours rencontrés dans ceux qui en ont fait l'objet de leurs études. La conscience humaine a vécu, a parlé, a soupiré, durant la longue période de la papauté; et comme la plante qui croît au milieu des épines, elle a su souvent forcer le passage à travers les grands obstacles des traditions et de la hiérarchie, pour s'épanouir au soleil vivifiant de la grâce de Dieu. L'élément chrétien est même fortement marqué dans quelques-uns des hommes les plus éminents de la théocratie, dans Anselme, par exemple.
Toutefois, appelé à raconter les luttes qui eurent lieu entre le christianisme primitif et le catholicisme romain, nous devons signaler la supériorité du premier sous le point de vue religieux, tout en concédant la supériorité du second sous le point de vue politique. Nous croyons (et la preuve s'en offrira plus tard1), qu'un voyage à Iona en eût appris beaucoup plus aux Anglo-Saxons que les fréquents pèlerinages 34
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle qu'ils firent aux bords du Tibre. Sans doute, comme on l'a remarqué, ces pèlerins contemplaient à Rome “ H de nobles monuments, » mais il y avait alors dans les îles Britanniques (on l'a trop oublié), un christianisme qui, pour n'être pas parfaitement pur, valait mieux néanmoins que celui de la papauté.
La mission chrétienne qui, au commence ment du septième siècle, porta la foi et la civilisation dans la Bourgogne, les Vosges et l'Helvétie, pouvait bien aussi les répandre en Angleterre ; l'influence des arts, dont nous sommes loin de méconnaître la vertu civilisatrice, eût pu venir plus tard.
Mais loin que le christianisme des Bretons dût convertir l'Heptarchie saxonne, c'était, hélas! Le romanisme de l'Heptarchie qui devait conquérir la Bretagne. Cette lutte entre l'Église romaine et l'Église saxonne qui remplit tout le septième siècle, est pour l'Église d'Angleterre de la plus haute importance, car elle établit clairement sa liberté primitive ; elle est aussi d'un grand intérêt pour les autres Églises de l'Occident, car elle leur fait suivre sous des traits plus marqués, l'acte usurpateur par lequel la papauté les soumit un jour à son joug. Augustin, imposé comme archevêque non-seulement aux Saxons, mais aussi aux libres Bretons, appelé par ordonnance du pape à résider à Londres, plus tard à Cantorbéry, et placé à la tête d'une hiérarchie qui comptait douze évêques, entreprit bien tôt de ranger sous la juridiction romaine tous les chrétiens de la Grande-Bretagne. Il y avait alors à Bangor, dans le pays de Galles, une institution, issue croit-on de celle de Bangor, en Irlande, où près de trois mille hommes étaient réunis pour travailler de leurs mains,[6] pour étudier, pour prier, et du sein de laquelle étaient partis plusieurs missionnaires. Un docteur fidèle, prêt à servir tous les hommes dans la charité et l'humanité, mais convaincu que nul ne devait commander aux héritages du Seigneur, Dionoth, présidait alors cette grande Église (Al-Ban Chor, le grand chœur, la grande Église), et était l'homme le plus influent du christianisme breton.
D'un caractère un peu timide, il cédait jusqu'à un certain point pour l'amour de la paix; mais il ne sacrifiait jamais le devoir; c'était un apôtre Jean, rempli de douceur et pourtant condamnant les Diotrèphes, qui aiment à être les premiers parmi les frères. Ce fut à lui qu'Augustin s'adressa. «Reconnaissez, lui dit-il, l'autorité de l'évêque de Rome. » Telle fut la première parole de la papauté aux antiques chrétiens de la Grande-Bretagne. — “ H Nous voue Ions aimer tous les hommes, répondit avec douceur le vénérable Breton, et ce que nous faisons pour tous, nous le ferons aussi pour celui que vous nommez le pape. Mais il ne doit pas s'appeler le Père des pères, et la seule soumission que nous puissions lui rendre est celle qu'en tout temps nous devons à tous les chrétiens » Ce n'était pas ce que demandait Augustin.
Ce premier échec ne le découragea pas. Fort du pallium de Rome et du glaive des Anglo-Saxons, l'archevêque convoqua en 601 des évêques bretons et anglais en 35
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle assemblée générale, sous la voûte du ciel, autour d'un vieux chêne situé près de Wigornia (Worcester ou Hereford) ; c'est là qu'eut lieu la seconde agression romaine.
Dionoth combattit avec fermeté l'extravagante prétention d'Augustin, qui lui demandait de nouveau de reconnaître l'autorité de Bome*. [7] Un autre Breton protesta contre l'orgueil des romains, qui attribuaient à leur consécration une vertu qu'ils refusaient à celle d’Iona ou des Églises d’ Asie. [8]» Les Bretons, s'écria un troisième, ne peuvent admettre ni le false des romains, ni la tyrannie des Saxons*.
[9]» En vain l'archevêque prodigua-t-il les arguments, les prières, les censures et, dit-on, les miracles, les Bretons furent inébranlables Quelques-uns même d'entre eux, qui avaient mangé avec les Saxons quand ceux-ci étaient encore païens, s'y refusèrent maintenant que ces Saxons étaient soumis au pape. [10] Les Écossais sur tout se montrèrent inflexibles. Dagam, l'un d'entre eux, ne voulut prendre aucune nourriture, non-seulement à la même table que les romains, mais encore sous le même toit qu'eux.[11] Augustin échouait donc pour la seconde fois, et l'indépendance de la Grande-Bretagne semblait sauvée.
Toutefois, la puissance redoutable des papes, sou tenue par le sabre des conquérants, effrayait les Bretons. Ils voyaient un décret mystérieux enchaîner encore une fois les peuples au char triomphateur de Rome; aussi plusieurs s'éloignaient-ils de Wigornia, inquiets et découragés. Comment sauver une cause dont les soutiens mêmes commencent à désespérer ! Bientôt on les invita à assister à un nouveau concile. “ H Que faire? » Se demandèrent-ils pleins d'angoisse. La papauté n'était pas encore bien connue; elle était à peine formée. La conscience peu éclairée de ces fidèles était en proie aux plus violentes agitations. Ils se demandaient quelquefois si, en repoussant ce nouveau pouvoir, ils ne repoussaient pas Dieu lui-même. Un pieu chrétien, qui menait une vie solitaire, s'était acquis un grand renom dans ces contrées. Quelques-uns d'entre les Bretons se rendent vers lui. disent-ils, ou faut-il le suivre? [12] — S'il est homme de Dieu, suivez-le, répondit le solitaire. — Et à quoi le reconnaître ? — S'il est doux et humble de cœur, reprit-il, il porte le joug de Christ; mais s'il est violent et superbe, il n'est pas de Dieu. —
Quel signe aurons-nous de son humilité? dirent-ils encore. — S'il se lève quand vous entrerez. » Ainsi parla l'oracle de la Bretagne; il eût mieux valu consulter la sainte Écriture. L'humilité n'est pas la vertu des pontifes et des légats romains; ils aiment à rester assis pendant qu'on les courtise ou qu'on les adore. Les évêques bretons entrèrent dans la salle du concile, et l'archevêque, voulant leur faire connaître sa supériorité, demeura fièrement assis*. [13] Frappés à cette vue, les Bretons ne veulent plus entendre parler de l'autorité de Rome.
Pour la troisième fois ils disent non ; ils ne connaissent d'autre maître que Christ.
L'archevêque, qui s'attendait à voir ces évêques humilier à ses pieds les Églises britanniques, s'étonne et s'indigne. Il avait annoncé la prochaine soumission de la Grande-Bretagne, et le pape va maintenant apprendre que son missionnaire l'a 36
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle déçu... Animé de cet esprit superbe, qui ne s'est trouvé que trop souvent dans les ministres de son Église, Augustin s'écrie : “ H Si vous ne voulez pas recevoir des frères qui vous apportent la paix, vous subirez des ennemis qui vous apporteront la guerre. Si vous c ne voulez pas annoncer avec nous aux Saxons le chemin de la vie, vous recevrez de leurs mains le coup de la mort. [14]» Ayant ainsi parlé, l'orgueilleux archevêque se retira et s'occupa pendant ses derniers jours à préparer l'accomplissement de son funeste présage*. [15] La parole avait échoué; maintenant l'épée !
En effet, après la mort d'Augustin, Édelfrid, l'un des rois anglo-saxons, encore païen, rassembla une nombreuse armée, et s'avança vers Bangor, ce foyer du christianisme breton. L'épouvante agita alors ces faibles Églises. On pleure, on prie.
L'épée d'Edelfrid s'approche. Qui appeler? Où trouver du secours ? La grandeur du danger semble ramener les Bretons à leur piété primitive; ce n'est plus aux hommes qu'ils s'adressent, c'est au Seigneur lui-même. Douze cent cinquante serviteurs de Dieu, se rappelant quelles sont les armes du chrétien, après s'être préparés par le jeûne, se réunirent en un lieu isolé pour présenter à Dieu leurs prières *. [16] Un chef breton nommé Brocmail, ému d’une tendre compassion, se plaça près d'eux avec quelques soldats, mais le cruel Édelfrid, apercevant de loin les douze cent cinquante chrétiens à genoux : “ H Qui sont ces gens? dit-il, et que font-ils ? »
L'ayant appris, il ajouta : Ils combattent donc contre nous, quoique sans armes. » Et aussitôt il ordonna à ses soldats de fondre sur cette assemblée en prière. Douze cents de ces hommes pieux furent égorgés [17]. Ils priaient et ils mouraient.
Aussitôt après, les Saxons marchèrent sur Bangor, ce siège des lettres chrétiennes, et le détruisirent... Ainsi le romanisme triomphait en Angleterre. La nouvelle de ces massacres remplit ces contrées de pleurs et de grands gémissements; mais les prêtres de la consécration romaine (le vénérable Bède lui-même pensa comme eux) virent dans ce cruel carnage l'accomplissement du présage du saint pontife Augustin, [18] et une tradition nationale le désigna longtemps chez les Gallois comme le provocateur de cette lâche boucherie. Les romains lançaient de cruels païens sur l'Église primitive de la Grande-Bretagne et l'attachaient sanglante à leur char. Un mystère d'iniquité s'accomplissait. Mais au moment où les glaives des Saxons semblaient avoir tout balayé devant la papauté, le sol trembla sous ses pieds et parut vouloir l'engloutir. Les conversions hiérarchiques plutôt que chrétiennes, opérées par les prêtres de Rome, étaient si peu réelles, qu'un grand nombre de néophytes retournèrent tout à coup au culte des idoles; Éadbald, roi du Kent, fut lui-même au nombre des apostats. De tels retours au paganisme sont fréquents dans l'histoire des missions romaines. Les évêques s'enfuirent dans les Gaules.
Mellitus, Justus y étaient déjà arrivés, et Laurent, qui avait succédé à Augustin, était sur le point de les suivre. Couché dans l'église, où il avait voulu passer la nuit avant de quitter l'Angleterre, ce prêtre romain poussait des soupirs en voyant périr dans ses mains l'œuvre qu'Augustin avait fondée ; il la sauva au moyen d'un 37
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle miracle. Se présentant le matin devant le roi, il lui montre ses vêtements en désordre et son corps tout couvert de plaies. — “ H Saint Pierre, dit-il, lui apparaissant durant le silence de la nuit, l'a frappé du fouet à coups redoublés, parce qu'il abandon nait son troupeau [19]. » Le fouet était un moyen de persuasion morale que saint Pierre avait oublié dans ses épitres. Laurent s'était-il fait donner ces coups? Se les était-il donnés lui-même? Ou bien toute cette histoire était-elle un rêve? On aime à admettre cette dernière hypothèse.
Le prince superstitieux, ému à l'ouïe de cette intervention surnaturelle, s'empressa de reconnaître la puissance du pape, vicaire d'un apôtre qui fouettait si impitoyablement ceux qui avaient le malheur de lui déplaire. Si la domination de Rome avait alors disparu de la Bretagne, il est probable que les Bretons reprenant courage, favorisés d'ailleurs par les besoins qui se seraient manifestés parmi les Anglo-Saxons, se fussent relevés de leur défaite, et eussent apporté aux Saxons leur christianisme libre. Mais maintenant l'évêque romain semblait demeurer maître de l'Angleterre, et la foi des Bretons y paraissait à jamais éteinte. Il n'en était pourtant pas ainsi. Un jeune homme, issu de la race énergique des vainqueurs, allait devenir dans le Nord le champion de la vérité et de la liberté, et l'île presque entière devait s'émanciper du joug romain.
Un prince anglo-saxon, Oswald, fils du païen et cruel Édelfrid, avait dû s'enfuir, fort jeune encore, en Ecosse, par suite des revers de sa famille, avec son frère Oswy, et plusieurs autres jeunes nobles. Il y avait appris la langue du pays, avait été instruit dans les vérités de la sainte Écriture, avait été converti par la grâce de Dieu et baptisé dans les églises d'Écosse [20]. Il aimait à s'asseoir aux pieds des anciens de Iona, et à écouter leurs paroles. On lui montrait Jésus allant de lieu en lieu pour faire du bien, et il voulait faire de même ; on lui disait que Christ était le seul maître de l'Église, et il se promettait de n'en reconnaître jamais un autre. Oswald, plein de simplicité, de générosité, était surtout animée envers les pauvres de la plus tendre compassion, et ôtait son manteau quand il s'agissait de couvrir l'un de ses frères. Souvent en assistant aux douces assemblées des chrétiens d'Écosse, il avait désiré se rendre comme missionnaire au milieu des Anglo-Saxons. Bientôt il forme un hardi dessein; il est chrétien, mais il est prince. Il amènera au Sauveur les peuples du Northumberland, mais d'abord il rétablira au milieu d'eux le trône de ses pères. Il y avait dans ce jeune Anglais l'amour d'un disciple et le courage d'un héros. A la tête d'une petite armée, mais fort de la foi en Christ [21], il entra dans le Northumberland, fléchit le genou avec ses soldats sur le champ de bataille, et remporta (634) une importante victoire sur de puissants ennemis. Recouvrer le royaume de ses ancêtres n'était pour lui qu'une partie de sa tâche; Oswald voulait donner à son peuple les bienfaits de la foi. En effet, le christianisme apporté vers 625 au roi Edwin et au peuple du Northumberland par Pendin de York, avait disparu devant les ravages des armées païennes. Oswald demanda aux Écossais qui 38
Histoire de la Reformation du Seizième Siècle l'avaient accueilli, un missionnaire; un frère nommé Corman, pieux, mais rude et austère, arriva dans le Northumberland. Bientôt ce ministre retourna décourager à Iona
: “ H Ces gens vers lesquels vous m'avez envoyé, dit-il aux anciens de cette île, sont si obstinés, qu'il faut renoncer à changer leurs cœurs. » En entendant ce rapport, Aïdan, ancien d'Irlande, s'écriait en lui-même : “ H Si ton amour eût été présenté à ce peuple, ô Sauveur, bien des cœurs auraient été touchés!... J'irai, je te ferai connaître, ô toi, qui ne romps point le roseau froissé ! » Puis, portant sur le missionnaire un regard dans lequel se voyait un doux reproche : “ H Mon frère, lui dit-il, tu as été trop sévère pour des auditeurs si peu avancés. Il fallait leur donner à boire le lait spirituel, jusqu'à ce qu'ils fussent capables de recevoir des aliments plus solides. » Tous les yeux se fixèrent sur celui qui proférait de si sages paroles. — “ H
Aïdan est digne de l'épiscopat ! » S’écrièrent les anciens de Iona ; et il fut, comme autrefois Timothée, établi évêque par l'imposition des mains de la compagnie des anciens [22].
Oswald reçut Aïdan comme un ange du ciel, et le missionnaire, ignorant encore la langue des Saxons, le roi l'accompagna partout, se tint à ses côtés et expliqua lui-même les douces paroles de l'Irlandais*.[23] Les peuples, pleins de joie, se pressaient en foule autour d'Oswald, d'Aïdan et d'autres missionnaires venus d'Ecosse et d'Irlande, et se montraient avides d'ouïr la Parole de Dieu.[24] Le roi prêchait par ses œuvres, plus encore que par ses discours. Un jour, c'était Pâques, Oswald, en se mettant à table, apprit qu'une troupe de ses sujets, pressés par la faim, était devant les portes du palais. Il ordonna aussitôt de leur porter le repas qu'on allait lui servir, et saisissant les vases d'argent qui étaient sur sa table, il les brisa, en jeta les pièces à ses serviteurs, et commanda qu'on les donnât aux pauvres.
Oswald s'étant rendu dans le Wessex pour y épouser la fille du roi, apporta à ce peuple anglo-saxon la connaissance du Sauveur; et après neuf ans de règne, s'étant mis à la tête de son peuple pour repousser une invasion des idolâtres Merciers, que conduisait le cruel Penda, il tomba sur le champ de bataille, le 5 août 642, en s'écriant : “ H Seigneur, aie pitié des âmes de mon peuple ! » Ce jeune prince a laissé un nom cher aux Églises de la Grande Bretagne.
Sa mort n'arrêta pas les travaux des missionnaires. Leur douceur et le souvenir d'Oswald les rendaient chers à ce peuple. Dès qu'on voyait l’un d'eux sur la grande route, les populations accouraient à lui, et le priaient de leur annoncer la Parole de la vie [25]. La foi que le terrible Édilfrid avait cru noyer dans le sang des adorateurs de Dieu, reparaissait de toutes parts; et Rome, qui, jadis, aux jours d'Honorius, avait dû quitter la Grande-Bretagne, pouvait bien une seconde fois être obligée de s'enfuir sur ses navires, devant la foi d'un peuple qui revendiquait sa liberté.
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Histoire de la Reformation du Seizième Siècle FOOTNOTES
[1] “ H Nefandi nominis Saxoni Deo hominibusque invisi. » (Gildas, De excidio Britanniœ.) 1 II dit [Ep., lib. IX, ep. xii) : “ H De Constantinopolitana Ecclesia quis eam dubitet, apostolicae sedi esse subjectam? »
[2] On connaît l'histoire d'Otaïti et des autres missions actuelles de l'Église romaine.
[3] H Subjectos Yestros. » [Op. Gregorii, IV, p. 334.) ! “ H Prona in bonis operibus....
in omnipotentis Dei timore. » (Ibid., II, p. 835.)