(Que son âme soit bénie) (1308-1384) - (1890-1964)
Mohammad Amin Sheikho nait en 1308 de l’hégire à Damas. Il est d’une beauté légendaire et la précocité de son intelligence est impressionnante. Ces qualités sont certainement pour beaucoup dans l’immense amour que son père, un commerçant damascène (de Syrie) éprouve pour lui.
Amin Sheikho est un enfant plein de gaité, sa personnalité influencent fortement ses parents qui prennent spécialement soin de lui et le couvre de tendresse. Il n’en profite pas pour longtemps malheureusement. Son père décède de suite d’une longue maladie. Cette disparition affecte gravement le petit Sheikho qui n’a alors que sept ans. Malgré son jeune âge, il se trouve en devoir de prendre en charge sa mère, veuve qui doit en plus de la mort de son mari, surmonter l’absence de son fils Salim, le frère de Sheikho partie en Turquie. Il a la lourde responsabilité de consoler sa mère et de subvenir à ses besoins matériels.
Il se montre courageux et endurant face aux difficultés qui surviennent après le décès de son père. Jadis aisée, sa famille va connaitre la misère.
Quand il atteint l’âge de l’adolescence, il va résider au quartier résidentiel de Charoja appelé « petit Istanbul » habité par les responsables du gouvernement turc. Etant Connu comme descendant de la lignée du prophète, il va bénéficier de leurs faveurs. Il s’inscrit à la faculté royale turque Anbar à Damas où il se distingue par son travail.
Il en sort officier de police à 18 ans. Il exerce dans plusieurs postes de sécurité à Damas et dans les districts environnants. Son passage à la direction de la police à Damas eut pour conséquence l’éradication de l’insécurité dans cette métropole.
Vigilent, déterminé contre les fauteurs de troubles, il ne ménage pas d’efforts pour défendre et protéger sa zone. Certains criminels préféraient se rendre à Sheikho quand il était à leurs trousses. Ils le trouvaient juste. Beaucoup de détenus fondaient sur lui l’espoir d’être un jour affranchis.
Il faut rappeler le contexte pour souligner qu’à cette époque l’empire ottoman commence à perdre du terrain, son autorité est remise en question, le rayonnement de l’islam en prend un coup. Le désordre s’installe presque partout, de jour comme de nuit dans la région sauf à Damas et ses banlieues où régnait un certain Mohammad Amin Sheikho. De tout son cœur et de toutes ses forces, celui-ci put établir la sécurité dans son unité de compétence. il n’y tolère pas l’anarchie encore moins le crime. L’un des faits marquants de sa carrière, l’arrestation à Damas d’un chef de gang lui vaut le surnom de « Aslan », c’est-à-dire Le Lion. Il est l’un des rares officiers à afficher une implacable détermination contre l’injustice et la terreur. En ce temps déjà, il a déjà totalement confiance en son Seigneur, celui qui donne la victoire. De promotions en promotions, il devient le directeur général de la sécurité à Damas. Un jour, il décide ou alors prend le risque de libérer des milliers de prisonniers pour les inciter à lutter contre les mécréants. Il mit ainsi fin à la pratique de la pendaison instituée par Jamal bacha Sifaah dans les marchés de la ville. Il s’est maintes fois exposé à la mort pour ses prises de position contre ces pendaisons et contre les injustices de Jamal bacha mais Dieu le sauve pour la grandeur de son âme et sa clémence.
Sous l’occupation française, il est reconduit à la direction de la police. Quand éclate la révolution Syrienne contre les français, il soutient sans réserve les révolutionnaires. L’amour pour son Seigneur et son pays est plus fort. Il va causer l’insomnie aux Français lorsqu’il donne la plus grosse cargaison d’armes venue d’Hexagone et déposée dans l’entrepôt de hanjar (au Liban) aux révolutionnaires. L’objectif est de faire triompher les croyants dans le conflit qui les oppose aux Français.
Le général Catroux est terrifié lorsqu’il apprend la nouvelle. Il prononce la peine de mort contre Mohammad Amin Sheikho mais Dieu par sa grâce le sauve.
Amin Sheikho est très impressionné par la grande sagesse de l’Eminent savant Cheikh Amin Kaftaro; Il restera à ses côté 21 ans durant pendant lesquelles il se met entièrement à son service. A l’âge de 40 ans, Dieu lui ouvre le cœur. Il se met à l’apprentissage auprès de Kaftaro. Chez ce savant de grande renommé, il commence par le commencement autrement dit par la « Fatiha », la sourate de L’ouverture. Sa passion pour la connaissance du Très haut se mesure à son assiduité et son dévouement.
La mort de Amin Kaftaro fit en lui un choc. Il se souviendra à jamais de ce grand maitre. Il va avoir toujours présent à l’esprit, ce temps passé ensemble, ces moment de prière et de méditation qu’ils ont vécu ensemble, bref de cette compagnie qui a définitivement changé sa vie en l’incitant à emprunter le chemin qui mène à Dieu, La voie qui est conforme aux prescriptions d’Allah, le Coran et la sunna.
Suite à la disparition de Kaftaro, il prend le flambeau de l’appel avec mérite et vigueur pour guider les aspirants.
On le surnomme Mohammad Amin Bey (que Dieu béni son âme). Bey mot d’origine turque qui signifie pureté.
Les gens venaient de partout (Syrie, Irak, Liban…) pour s’abreuver de son savoir et vivre dans l’atmosphère de piété et de révérence qu’il créait autour de lui. En référence à ses qualités morales, un poète disait: « Quand on parle de moral dans notre horizon c’est à Bey qu’on se réfère.
Les cours qu’ils dispensaient étaient d’autant plus captivants que ses propos étaient splendides. La clarté de ses idées et l’intransigeance des vérités qu’il enseignait étaient remarquables. Il maitrisait l’art de la pédagogie. Il trouvait presque toujours la bonne formule pour que le message atteigne les oreilles des apprenants sans blesser leur cœur.
Il a éclairé les ténèbres de l’ignorance par sa science.
Il a anéanti totalement les écoles de comploteurs et leurs discussions stériles qui détruisaient les relations entre les fidèles et leur Seigneur.
Il a instruit les fidèles sur le Créateur du monde et sur ses attributs « …le Seigneur miséricordieux, sage, loyal, généreux, qui n’a point besoin de nous pour exister, le Seigneur de la gratitude et de la plénitude, celui qu’on doit remercier à tout instant même dans les moments difficiles car sa gratitude ne tarde jamais à venir, celui qui n’a pas besoin de notre adoration pour exister mais nous avons besoin de sa lumière pour échapper au péché et aux malheurs qui en découlent ».
L’œuvre d’Amin Sheikho (que son âme soit bénie) est immense. La profondeur de ses réflexions l’inscrit parmi l’un des meilleurs savants du monde musulman contemporain. Loin d’être un enchainement de théories, ses cours étaient vivants et parsemé d’exemples. Il a été dans sa vie le modèle des valeurs qu’il a toujours prêché.
Il a traité dans ses exposés des sujets divers et variés parfois dans des domaines jamais explorés auparavant. Il a apporté des réponses précises aux questions du genre: Qu’est-ce que l’être? Qu’est-ce que l’âme? Qu’est-ce que l’esprit? La nature de l’enfer? La nature du paradis? Qu’est-ce que la fatalité et la prédestinée? Qu’est-ce que la préexistence? Pourquoi sommes-nous créés? Pourquoi ce grand univers? Quelle est l’intérêt des rites religieux? Pourquoi la privation pendant le jeûne? Quel est l’intérêt de la prière? Pourquoi on pratique le pèlerinage dans un endroit désertique sans eaux et sans arbres? Dans un monde où La course effrénée aux matériels et l’attachement aux mondanités font figure de priorité, ces questions ne préoccupent par outre mesure les esprits. Ils oublient que le jour de la résurrection chacun sera face à ses œuvres secrètes ou publiques.
A propos de son grand esprit le célèbre intellectuel anglais John Bennett disait « tout ce que nous avons reçu de science n’est rien devant l’océan de science que j’ai rencontré dans le Moyen orient» Sir Bennett était un homme politique et un diplomate expérimenté. Il assurait la fonction de conseiller dans l’empire ottoman quand celui-ci est à son apogée. Il était de nationalité anglaise mais travaillait pour le compte de la Turquie. Un jour il vint à la rencontre de son éminence Amin Sheikho à Damas. Il voulait obtenir de lui les réponses à quelques questions qui lui trituraient le cerveau concernant l’islam. Les deux se livrèrent à d’interminables échanges. Sir Bennett fut édifié et en sorti converti. plus abondante que les eaux des pluies car leurs véritables sources provienne des deux pôles: pôle nord et pôle sud. Il appuya cette thèse scientifique par plus de trente versets coraniques. C’est étonnant. G. Bennett après avoir écouté et discuté avec lui se point, déclara sans hésité sa conversion dans l’islam disant: « c’est étonnant cela ne m’est jamais venu à l’esprit durant toute ma vie ».
Quand il retourna dans son pays, il fit savoir aux anglais que: « tout ce que nous avons comme science n’est rien par rapport à l’océan de science que j’ai rencontré au moyen orient. »
Lorsqu’il rentre dans son pays, il s’investit dans l’étude de la philosophie et de l’astronomie. Les livres qu’il écrit sont lus à travers le monde.
Toute la vie de son Eminence Mohammad Amin Sheikho (que son âme soit bénie) est consacrée à la lutte pour la vraie foi et à la recherche de l’agrément de son Seigneur. Entré en état de communion avec Lui, il va avoir l’inspiration qui lui a permis de réaliser des œuvres honorables pour la cause de l’humanité. Il reste un modèle pour ceux qui veulent faire triompher la vérité contre le mensonge.
Le souci constant de Cheick Amin Sheikho aura été de libérer dans la mesure de ses possibilités son prochain de la peine et de tristesse. Il ne lésinait pas sur les moyens (physique, financier, matériel) à consacrer à la Da’awa.
Il ira jusqu’à la démission de son travail pour se mettre au service de l’homme et de Dieu. Au cour d’une nuit son Seigneur lui ouvre les porte de son royaume. Il accède au monde sacré grâce à sa sincérité et à l’amour du prophète. Les portes de ce royaume ne sont pas fermées, elles sont ouvertes à tous les aspirants qui aiment Dieu sincèrement. Mohammad Amin Sheikho va quitter ce monde un jour de rabi 1384 de l’hégire (1964) comme il est venu, avec dignité. Pouvait-il en être autrement pour cet érudit qui s’est investi à fond dans la connaissance de l’être suprême. On peut à juste titre relever à juste titre que le Cheikh a accompli sa mission car il est demeuré dans l’esprits de ses milliers d’étudiants à travers le monde cette boussole qui indique la voie. Son corps repose au cimetière du prophète Zhul-kufli dans le quartier de Salihia à Damas.
« Et qui profère plus bonne parole que celui qui appelle à Allah, fait bonne œuvre et dit « je suis du nombre de musulmans » S.41:23