Neuilly prés Paris, le 15 juillet 1893.
CHER ET RESPECTABLE LETTRÉ.
J'accepte avec reconnaissance la dédicace que vous voulez bien me faire de votre prochain ouvrage. Je n'en connais encore que le titre, mais il est bien choisi. En Occident comme en Orient, l'humanité est ce « Bois sec qui refleurira ! »
Je suis Chrétien et veux demeurer tel. Je crois que la Parole et la Raison suprême, Tao, comme l’appelle votre philosophe Lao-Tseu, s’est manifestée sur cette terre en Jésus-Christ ; mais je crois aussi que les Chrétiens ont été le plus souvent bien indignes de leur Maître.
J’ajoute que dans le triste état où ils ont réduit la religion chrétienne les chrétiens sont capables de faire autant de mal que de bien, sinon plus encore, à ceux qu’ils appellent les païens et dont ils ne se doutent pas qu’ils auraient eux-mêmes beaucoup à apprendre.
Venez vous asseoir encore une fois à notre table de famille, mon cher ami païen, après quoi nous vous laisserons retourner dans votre chère Corée, en priant Dieu de vous conserver longtemps votre vieux père, votre femme et vos enfants, et en vous disant : Au revoir ici-bas ou ailleurs !
HYACINTHE LOYSON.