CHAPITRE 27
Bruno, bien qu'ayant toujours les yeux fermés, pouvait tout ressentir autour de lui. Son corps était allongé, au repos, mais sa conscience était plus alerte que jamais. Elle passait en revue chaque sensation, chaque bruit, chaque pensée.
Une énergie lumineuse qui paraissait pénétrer chaque atome de son enveloppe corporelle arrivait de toute part. Son esprit pouvait toucher ses deux camarades encore endormis mais aussi chaque recoin de l'endroit où ils se trouvaient tous les trois. Il savait, sans même l'avoir vu, que chacun d'entre eux se trouvaient maintenant dans un lit différent à quelques mètres de distance et que la demeure qu'ils occupaient paraissait identique à celle du monde précédent sauf que tout paraissait plus léger, plus délicat, plus subtil. Le drap qui le recouvrait semblait comme suspendu au dessus de sa peau si peu le tissu l’effleurait.
Il lui semblait qu'il pouvait modifier cet environnement à sa guise. Il s'amusa à agrandir son lit par la pensée et celui-ci suivant son désir doubla de volume. De curiosité, il ouvrit les yeux et découvrit sans surprise exactement ce que ses sens internes avaient détectés.
L'extérieur lui était tout aussi perceptible. Un oiseau d'une espèce inconnue cherchait son déjeuner au pied de l'arbre voisin. Un chat paressait au soleil tout en étant attentif aux bruits alentours. Un être humanoïde nommé Plonk se rendait chez un ami qui habitait à quelques rues de là afin d’y partager un thé et des mignardises, dans son empressement gourmand il en avait oublié de porter un pantalon et trottait en cravate, veston et caleçon à rayures jaunes et rouges.
Il semblait difficile de se focaliser sur un détail tant chaque élément était ressenti profondément dans son intégralité. Bruno ne faisait plus qu'un avec ce monde et ses habitants, s’amusant à ce focaliser sur chaque scène banale ou incongrue et la partager mentalement et émotionnellement avec les protagonistes.
Il sentit Marc-Antoine s'éveiller, prendre conscience de l'espace autour de lui et de ses compagnons.
Ils n'avaient pas besoin de se parler pour savoir ce que l'autre ressentait ou pensait.
Toute trace des difficultés émotionnelles passées avaient disparue. Ils n'éprouvaient plus le besoin d'occulter leurs défauts, leurs inquiétudes ou de paraitre courageux.
Ils acceptaient l'autre dans sa globalité et le comprenaient au delà des mots, chaque sentiment de l'un raisonnant aussi dans l'autre sans barrière aucune.
A ce moment ils se sentaient tous les deux très sereins et à l'écoute de tout ce qui se passait sous leur yeux ou loin de là.
Cyrille finit par ouvrir les yeux et connecter sa conscience à celle de ses amis ainsi qu'au reste d'Omnia. Elle se trouvait en bonne forme et presque autant en harmonie avec chaque être de ce monde que les deux garçons.
Tous trois se levèrent et se dirigèrent vers la cuisine car, après les événements précédents, ils avaient besoin de se sustenter. Ils auraient pu faire apparaître de la nourriture là où ils se trouvaient mais l'habitude prit le pas sur les nouvelles possibilités qui leur étaient offertes.
Là, ils trouvèrent tout ce qu'ils espéraient dans les placards. Cependant, leur envie de se mettre à table tout de suite fit se matérialiser trois petits-déjeuners personnalisés autour de la table. Cette apparition, qui les aurait ébahi quelques temps plus tôt, se produisait quasiment de façon naturelle pour eux maintenant.
Devant Bruno on remarquait des céréales et des fruits, cependant les deux autres, plus gourmands de nature, souriaient devant des beignets, des gaufres, et des muffins.
Chacun put ressentir la joie des deux autres quand ils attaquèrent leur repas et leur sensation de satiété à sa conclusion.
Après avoir fait apparaître des vêtements adéquats directement sur eux, ils sentirent qu'ils avaient besoin de se promener physiquement dans ce monde et de s'approcher de chaque recoin pour mieux en apprécier chaque sensation.
En effet, bien qu'ils puissent ressentir cet univers dans son entièreté, se rendre à un endroit permettait de magnifier cette sensation, d'en apprécier chaque détail et d'échanger mentalement avec les Omniens rencontrés.
Bruno avait bien eu l'impression de capter la conscience de son frère mais cette sensation restait encore floue. Toutefois, une excitation, détectée par chaque être du voisinage, montait en lui.