Entretiens / Interviews / Entrevistas by Marie Lebert - HTML preview

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3. Innovation technologique

L'innovation la plus récente est Unicode. Bien qu'il soit encore en traind'évoluer et qu'il ait tout juste été incorporé dans les derniers logiciels, cenouveau système de codage traduit chaque caractère en 16 bits.

Alors que l'ASCIIétendu à 8 bits pouvait prendre en compte un maximum de 256 caractères, Unicodepeut prendre en compte plus de 65.000 caractères uniques et il a donc lapossibilité de traiter informatiquement tous les systèmes d'écriture du monde.

Les instruments sont maintenant plus ou moins en place. Ils ne sont pas encoreparfaits, mais on peut désormais naviguer sur le web en chinois, en japonais, encoréen, et dans de nombreuses autres langues qui n'utilisent pas l'alphabetoccidental. Comme l'internet s'étend à des parties du monde où l'anglais esttrès peu utilisé, par exemple la Chine, il est naturel que ce soit le chinois etnon l'anglais qui soit utilisé. La majorité des usagers en Chine n'a pas d'autrechoix que sa langue maternelle.

Une période intermédiaire précède bien sûr ce changement. Une grande partie dela terminologie technique disponible sur le web n'est pas encore traduite dansd'autres langues. Et, comme nous nous en sommes rendus compte dans NetGlos,notre glossaire multilingue de la terminologie de l'internet, la traduction deces termes n'est pas toujours facile. Avant qu'un nouveau terme ne soit acceptécomme le terme correct, il y a une période d'instabilité avec plusieurscandidats en compétition. Souvent un terme emprunté à l'anglais est le point dedépart et, dans de nombreux cas, il est aussi le point d'arrivée. On assistefinalement à l'émergence d'un vainqueur qui est ensuite utilisé aussi bien dansles dictionnaires techniques que dans le vocabulaire quotidien de l'usager nonspécialiste. La dernière version de NetGlos est la version russe et elle devraitêtre disponible dans deux semaines environ (fin septembre 1998, ndlr). Elle serasans nul doute un excellent exemple du processus dynamique en cours pour larussification de la terminologie du web.

4. La démocratie linguistique

Dans un rapport de l'Unesco du début des années 50, l'enseignement dispensé danssa langue maternelle était considéré comme un droit fondamental de l'enfant. Lapossibilité de naviguer sur l'internet dans sa langue maternelle pourrait bienêtre son équivalent à l'âge de l'information. Si l'internet doit vraimentdevenir le réseau mondial qu'on nous promet, tous les usagers devraient y avoiraccès sans problème de langue. Le considérer comme la chasse gardée de ceux qui,par accident historique, nécessité pratique ou privilège politique, connaissentl'anglais, est injuste à l'égard de ceux qui ne connaissent pas cette langue.

5. Le commerce électronique

Bien qu'un web multilingue soit souhaitable sur le plan moral et éthique, un telidéal ne suffit pas pour en faire une réalité dépassant les limites actuelles.De même que l'utilisateur non anglophone peut maintenant avoir accès à latechnologie dans sa propre langue, l'impact du commerce électronique peutconstituer une force majeure qui fasse du multilinguisme la voie la plusnaturelle vers le cyberespace.

Les vendeurs de produits et services dans le marché virtuel mondial que devientl'internet doivent être préparés à faire face à un monde virtuel qui soit aussimultilingue que le monde physique. S'ils veulent réussir, ils doivent s'assurerqu'ils parlent bien la langue de leurs clients!

= Comment voyez-vous l'avenir?

Comme l'existence de notre organisme est liée à l'importance attachée auxlangues, je pense que son avenir sera excitant et stimulant. Mais il estimpossible de pratiquer l'autosuffisance à l'égard de nos réussites et de nosréalisations. La technologie change à une allure frénétique. L'apprentissagedurant toute la vie est une stratégie que nous devons tous adopter si nousvoulons rester en tête et être compétitifs. C'est une tâche qui est déjà assezdifficile dans un environnement anglophone. Si nous ajoutons à cela lacomplexité apportée par la communication dans un cyberespace multilingue etmulticulturel, la tâche devient encore plus astreignante. Probablement plusencore que par le passé, la coopération est aussi indispensable que laconcurrence.

Les germes d'une coopération par le biais de l'internet existent déjà. Notreprojet NetGlos a dépendu du bon vouloir de traducteurs volontaires de nombreuxpays: Canada, Etats-Unis, Autriche, Norvège, Belgique, Israël, Portugal, Russie,Grèce, Brésil, Nouvelle-Zélande, etc. Je pense que les centaines de visiteursqui consultent quotidiennement les pages de NetGlos constituent un excellenttémoignage du succès de ce type de relations de travail. Les relations decoopération s'accroîtront encore à l'avenir, mais pas nécessairement sur la basedu volontariat.

GEOFFREY KINGSCOTT [EN, FR]

[EN] Geoffrey Kingscott (London)

#Co-editor of the online magazine Language Today

Geoffrey Kingscott is the managing director of Praetorius, a major Britishtranslation company and language consultancy, and one of the two editors ofLanguage today, an online magazine for people working in applied languages:translators, interpreters, terminologists, lexicographers and technical writers.

*Interview of September 4, 1998

= What did using the Internet bring to your company?

The Internet has made comparatively little difference to our company. It is anadditional medium rather than one which will replace all others.

We will continue to have a company website, and to publish a version of themagazine on the Web, but it will remain only one factor in our work. We do usethe Internet as a source of information which we then distill for our readers,who would otherwise be faced with the biggest problem of the Web —

undiscriminating floods of information.

= How do you see the growth of a multilingual Web?

Because the salient characteristics of the Web are the multiplicity of sitegenerators and the cheapness of message generation, as the Web matures it willin fact promote multilingualism. The fact that the Web originated in the USAmeans that it is still predominantly in English but this is only a temporaryphenomenon. If I may explain this further, when we relied on the print andaudiovisual (film, television, radio, video, cassettes) media, we had to dependon the information or entertainment we wanted to receive being brought to us byagents (publishers, television and radio stations, cassette and video producers)who have to subsist in a commercial world or — as in the case of public servicebroadcasting —

under severe budgetary restraints. That means that the size ofthe customer-base is all-important, and determines the degree to which languagesother than the ubiquitous English can be accommodated. These constraintsdisappear with the Web.

To give only a minor example from our own experience, we publish the printversion of Language Today only in English, the common denominator of ourreaders. When we use an article which was originally in a language other thanEnglish, or report an interview which was conducted in a language other thanEnglish, we translate into English and publish only the English version. This isbecause the number of pages we can print is constrained, governed by ourcustomer-base (advertisers and subscribers). But for our Web edition we alsogive the original version.

[FR] Geoffrey Kingscott (Londres)

#Co-directeur du magazine en ligne Language Today

Geoffrey Kingscott est le directeur général de Praetorius, société britanniquede traduction et de services d'expertise dans les langues appliquées. Il estaussi l'un des deux directeurs de publication de Language today, un magazine enligne de référence pour les linguistes: traducteurs, interprètes, terminologues,lexicographes et rédacteurs techniques. Ce magazine est hébergé par Logos,société de traduction italienne.

*Entretien du 4 septembre 1998 (entretien original en anglais)

= Quel est l'apport de l'internet dans l'activité de votre société?

L'internet n'a pas apporté de changement majeur dans notre société. C'est unmédium de plus plutôt qu'un médium visant à remplacer les autres.

Nous continuerons d'avoir un site web pour notre société, et de publier uneversion de notre revue sur le web, mais ceci ne sera qu'un secteur de notretravail. Nous utilisons l'internet comme une source d'information que nousdistillons ensuite à nos lecteurs, qui autrement seraient confrontés au problèmemajeur du web: faire face à un flux incontrôlé d'informations.Comment voyez-vous l'expansion du multilinguisme sur le web?

Les caractéristiques propres au web sont la multiplicité des générateurs desites et le bas prix de l'émission de messages. Ceci favorisera donc lemultilinguisme au fur et à mesure du développement du web. Comme celui-ci a vule jour aux Etats-Unis, il est encore principalement en anglais, mais ce n'estqu'un phénomène temporaire. Pour expliquer ceci plus en détail, je dirais que,quand nous comptions sur l'imprimé ou l'audiovisuel (films, télévision, radio,vidéos, cassettes), l'information ou le divertissement que nous attendionsdépendait d'agents (éditeurs, stations de télévision ou de radio, producteurs decassettes ou de vidéos) qui devaient subsister commercialement et, dans le casde la radiotélédiffusion du service public, avec de sévères contraintesbudgétaires. Ceci signifie que la quantité de clients est primordiale, etdétermine la nécessité de langues autres que l'omniprésent anglais. Cescontraintes disparaissent avec le web.

Pour ne donner qu'un exemple mineur tiré de notre expérience, nous publions laversion imprimée de Language Today uniquement en anglais, dénominateur commun denos lecteurs. Quand nous utilisons un article qui était originellement dans unelangue autre que l'anglais, ou que nous relatons un entretien conduit dans unelangue autre que l'anglais, nous le traduisons en anglais et nous ne publionsque la version anglaise, pour la raison suivante: le nombre de pages que nouspouvons imprimer est limité, et déterminé en fonction de notre clientèle(annonceurs et abonnés). Par contre, dans notre version web, nous proposonsaussi la version originale.

STEVEN KRAUWER [EN, FR]

[EN] Steven Krauwer (Utrecht, Netherlands)

#Coordinator of ELSNET (European Network of Excellence in Human Language Technologies)

ELSNET (European Network of Excellence in Human Language Technologies) has 135European academic and industrial institutions as members. The long-termtechnological goal which unites the participants of ELSNET is to buildmultilingual speech and NL (natural language) systems with unrestricted coverageof both spoken and written language. It is funded by the European Commission.

Steven Krauwer, coordinator of ELSNET, is a senior lecturer/researcher inComputational Linguistics at the Utrecht Institute of Linguistics OTS (UtrechtUniversity, Netherlands). His main interests are: machine translation;evaluation of language and speech systems; integration of language, speech andother modalities.

[Interview 23/09/1998 // Interview 04/08/1999 // Interview 06/01/2001]

*Interview of September 23, 1998

= How did using the Internet change your professional life?

It's my chief way of communicating with others and my main source ofinformation. I'm sure I'll spend the rest of my professional life trying to useit to remove or at least lower the language barriers.

= How do you see the growth of a multilingual Web?

As a European citizen, I think multilingualism on the Web is absolutelyessential, because in the long run I don't think it's a healthy situation whenonly those who have a reasonable command of English can take full advantage ofwhat the Web has to offer.

As a researcher (specialized in machine translation), I see multilingualism as amajor challenge: how can we ensure that all information on the Web is accessibleto everybody, irrespective of language differences.

*Interview of August 4, 1999

= What has happened since our first interview?

I've become more and more convinced we should be careful not to address themultilinguality problem in isolation. I've just returned from a wonderful summervacation in France, and even if my knowledge of French is modest (to put itmildly), it's surprising to see that I still manage to communicate successfullyby combining my poor French with gestures, facial expressions, visual clues anddiagrams. I think the Web (as opposed to old-fashioned text-only email) offersexcellent opportunities to exploit the fact that transmission of information viadifferent channels (or modalities) can still work, even if the process is onlypartially successful for each of the channels in isolation.

= What do you think of the debate about copyright on the Web?

The baseline is of course "thou shalt not steal, even if it's easy". It'sinteresting to note that, however complex it is to define legally, most peoplehave very good intuition about what counts as stealing:

- if I copy info from the Web and use it for my own purposes, I'm not stealing,because this is exactly why the information was put on the Web in the firstplace;

- if I copy info from the Web and re-transmit it to others, giving credit to theauthor, I am not stealing;

- if I copy info from the Web and re-transmit it to others, pretending I'm theauthor, I am stealing;

- if I copy info from the Web and sell it to others without permission from theauthor, I am stealing.

I realize there are lots of borderline cases where it's not immediately clearwhat counts as stealing, but let's leave that to the lawyers to figure out.

= What practical solutions would you suggest?

I would adopt the following rules of thumb:

- copying info for your own use is always free;

- re-transmission is OK with proper credit to the author (unless the info isexplicitely labeled as public);

- re-sale of info is OK with permission of the author (unless public).

To back this up one could envisage:

- introducing standard labels (for each mime type) which indicate whether theinfo is public, and if not, point to the author;

- making browsers "label-aware", so they can show the content of the label whendisplaying text, pictures and movies;

- adopting the convention/rule that info cannot be copied without the label;

- (a bit more adventurous) setting up an ISPN (international standard personnumber), similar to ISBN

(international standard book number) and ISSN(international standard serial number), which identifies a person, so thatreferences to authors in the labels are less dependent on changes in e-mailaddresses and home pages (as long as people keep their addresses in the ISPNdatabase up-to-date, of course).

= What practical solutions would you suggest for the growth of a multilingual Web?

- At the author end: better education of web authors to use combinations ofmodalities to make communication more effective across language barriers (andnot just for cosmetic reasons);

- at the server end: more translation facilities à la AltaVista (quality notimpressive, but always better than nothing);

- at the browser end: more integrated translation facilities (especially for thesmaller languages), and more quick integrated dictionary lookup facilities.

= What is your best experience with the Internet?

One night I heard on a foreign radio station a fragment of a song and the nameof a person, and using only the Internet I was able to:

- identify the person as the composer;

- find the title of the song;

- confirm that this was actually the song I'd heard;

- discover that it was part of a musical;

- find the title of the CD-set of the musical;

- buy the CDs;

- find the website of the musical;

- find the country and place where the musical was still being performed,including when;

- find the phone number and opening hours of the booking office;

- get a map of the city, and directions to get to the theatre.

I could've done my hotel and flight bookings via the Internet too, but it wasn'tnecessary in this case.

The only thing I could not do was the actual booking, because they didn't accept Internet bookings from abroad at the time, for security reasons.

I had a wonderful time at the theatre, and I don't think this would've beenpossible without the Internet!

= And your worst experience?

Nothing specific, but there are a few repetitive ones:

- unsolicited commercial e-mails;

- web pages full of ads;

- pages overloaded with irrelevant, time-consuming graphics;

- dead links.

*Interview of June 1st, 2001

= How much do you still work with paper?

I use paper a lot. All important documents are printed out, as they are a loteasier to consult on paper (easier to browse, never a dead battery). I don'tthink that this is going to change for quite a while.

= What do you think about e-books?

Still a long way to go before reading from a screen feels as comfortable asreading a book.

= What is your definition of cyberspace?

For me the cyberspace is the part of the universe (including people, machinesand information) that I can reach from behind my desk.

= How would you define the information society?

An information society is a society:

- where most of the knowledge and information is no longer stored in people'sbrains or books but on electronic media,

- where the information repositories are distributed, interconnected via aninformation infrastructure, and accessible from anywhere, and

- where social processes have become so dependent on this information and theinformation infrastructure that citizens who are not connected to thisinformation system cannot fully participate in the functioning of the society.

[FR] Steven Krauwer (Utrecht, Pays-Bas)

#Coordinateur d'ELSNET (European Network of Excellence in Human Language Technologies)

Financé par la Commission européenne, ELSNET (European Network of Excellence inHuman Language Technologies) regroupe 135 universités et sociétés. L'objectiftechnologique commun aux participants d'ELSNET est de construire des systèmesmultilingues pour la parole et la langue naturelle.

Steven Krauwer, coordinateur d'ELSNET, est professeur et chercheur enlinguistique computationnelle à l'Institut de linguistique d'Utrecht. Sesrecherches portent principalement sur la traduction automatique et lestechnologies d'évaluation de la langue et de la parole.

[Entretien 23/09/1998 // Entretien 04/08/1999 // Entretien 01/06/2001]

*Entretien du 23 septembre 1998 (entretien original en anglais)

= Quel est l'apport de l'internet dans votre activité?

L'internet est l'instrument que j'utilise le plus pour communiquer avec lesautres, et c'est ma source principale d'information. Je compte passer le restede ma vie professionnelle à utiliser les technologies de l'information poursupprimer ou réduire les barrières des langues.

= Comment voyez-vous l'expansion du multilinguisme sur le web?

En tant que citoyen européen, je pense que le multilinguisme sur le web estabsolument essentiel. A mon avis, ce n'est pas une situation saine à long termeque seuls ceux qui ont une bonne maîtrise de l'anglais puissent pleinementexploiter les bénéfices du web.

En tant que chercheur (spécialisé dans la traduction automatique), je vois lemultilinguisme comme un défi majeur: pouvoir garantir que l'information sur leweb soit accessible à tous, indépendamment des différences de langue.

*Entretien du 4 août 1999 (entretien original en anglais)

= Quoi de neuf depuis notre premier entretien?

Je suis de plus en plus convaincu que nous devons veiller à ne pas aborder leproblème du multilinguisme en l'isolant du reste. Je reviens de France, où j'aipassé de très bonnes vacances d'été. Même si ma connaissance du français estsommaire (c'est le moins que l'on puisse dire), il est surprenant de voir que jepeux malgré tout communiquer sans problème en combinant ce français sommaireavec des gestes, des expressions du visage, des indices visuels, des schémas,etc. Je pense que le web (contrairement au système vieillot du courrierélectronique textuel) peut permettre de combiner avec succès la transmission desinformations par différents canaux (ou moyens), même si ce processus n'est quepartiellement satisfaisant pour chacun des canaux pris isolément.

= Que pensez-vous des débats liés au respect du droit d'auteur sur le web?

Le point de départ est évidemment: "on ne doit pas voler, même si c'est facile".Il est intéressant d'observer que, aussi complexe que soit la définition légalede "vol", dans la plupart des cas les gens arrivent très bien à la cerner:

- si je copie une information du web et que je l'utilise à des finspersonnelles, je ne commets pas de vol, parce que cette information a été misesur le web dans le but premier d'être utilisée;

- si je la copie à partir du web et que je la transmets à d'autres en précisantle nom de l'auteur, je ne commets pas de vol;

- si je la copie à partir du web et que je la transmets à d'autres en prétendantque j'en suis l'auteur, je commets un vol;

- si je la copie à partir du web, et que je la vends à d'autres sans avoirl'autorisation de l'auteur, je commets un vol.

Je réalise qu'il existe de nombreux cas situés dans les zones limites de cesquatre ensembles et pour lesquels il serait difficile de préciser s'il y a volou non, mais ces précisions sont du ressort des juristes.

= Quelles solutions pratiques suggérez-vous?

Je préconiserais les règles suivantes:

- la liberté totale pour la copie de l'information à usage personnel;

- la retransmission de l'information uniquement avec l'accréditation de l'auteur(à moins qu'il ne soit bien précisé que cette information est du domainepublic);

- la revente de cette information uniquement avec l'accord de l'auteur (à moinsque celle-ci ne soit du domaine public).

Pour faire respecter ces règles, on pourrait envisager:

- l'introduction d'"étiquettes normalisées" indiquant si l'information est dudomaine public et, si elle ne l'est pas, renvoyant à l'auteur;

- la lecture de ces "étiquettes" par les navigateurs, qui les afficheraient enmême temps que le document: texte, image, film, etc.;

- l'adoption d'une convention ou d'une règle selon laquelle l'information nepeut être copiée sans l'"étiquette"

correspondante;

- (idée plus audacieuse) la mise en place d'un ISPN (international standardperson number), similaire à l'ISBN (international standard book number) oul'ISSN (international standard serial number), qui identifierait une seulepersonne, si bien que les références aux auteurs contenues dans les

"étiquettes"seraient moins dépendantes des changements d'adresses électroniques oud'adresses de pages web (à condition bien sûr que les gens mettent à jour leurscoordonnées dans la base de données ISPN).

= Quelles solutions pratiques suggérez-vous pour un véritable multilinguisme surle web?

- En ce qui concerne l'auteur: une meilleure formation des auteurs de sites webpour exploiter les combinaisons de modalités possibles afin d'améliorer lacommunication par-delà les barrières des langues (et pas seulement par un vernissuperficiel);

- en ce qui concerne l'usager, des logiciels de traduction de type AltaVistaTranslation, dont la qualité n'est pas frappante, mais qui a le mérited'exister;

- en ce qui concerne le navigateur, des logiciels de traduction intégrée,particulièrement pour les langues non dominantes, et des dictionnaires intégrésplus rapides.

= Quel est votre meilleur souvenir lié à l'internet?

Une nuit, j'ai entendu le fragment d'une chanson sur une station de radioétrangère, ainsi que le nom d'une personne, et par le seul biais de l'internetj'ai été capable de:

- trouver que ce nom était celui du compositeur de la chanson,

- trouver le titre de la chanson,

- vérifier qu'il s'agissait bien de la chanson dont j'avais entendu un fragment,

- découvrir qu'elle faisait partie d'une comédie musicale,

- trouver le titre du coffret de CD de cette comédie musicale,

- acheter le coffret de CD en question,

- trouver le site web de la comédie musicale,

- trouver le pays et l'endroit dans lesquels cette comédie musicale étaittoujours à l'affiche, y compris le détail du programme avec les jours et heuresdes représentations,

- trouver le numéro de téléphone et les heures d'ouverture du bureau delocation,

- me procurer un plan de la ville et les indications nécessaires pour trouver lethéâtre.

J'aurais pu également réserver mon hôtel et mon vol par l'internet mais, dans cecas précis, cela n'a pas été nécessaire. La seule chose que je n'ai pas pu fairefut la réservation elle-même parce que, à l'époque, les réservations parl'internet venant de l'étranger n'étaient pas acceptées, pour des raisons desécurité. J'ai passé un très bon moment au théâtre, et je ne pense pas que ceciaurait été possible sans l'internet!

= Et votre pire souvenir?

Rien de vraiment spécifique, mais plutôt des choses répétitives comme:

- les courriers électroniques non sollicités à caractère commercial,

- les pages web remplies de publicités,

- les pages surchargées de graphiques inutiles et dont le téléchargement prenddu temps,

- les liens cassés.

*Entretien du 1er juin 2001 (entretien original en anglais)

= Utilisez-vous encore des documents papier?

J'utilise le papier en grande quantité. J'imprime tous les documents importants,parce qu'ils sont beaucoup plus faciles à consulter de cette façon (plus facilesà parcourir, et jamais de batterie en panne). Je ne pense pas que ceci changeavant longtemps.

= Quelle est votre opinion sur le livre électronique?

Il y a encore un long chemin à parcourir avant que la lecture sur écran soitaussi confortable que la lecture sur papier.

= Comment définissez-vous le cyberespace?

Pour moi, le cyberespace est la partie de l'univers (incluant personnes,machines et information) que je peux atteindre "derrière" ma table de travail.

= Et la société de l'information?

La société de l'information est une société dans laquelle:

- l'essentiel du savoir et de l'information n'est plus stocké dans des cerveauxou des livres mais sur des médias électroniques;

- les dépôts d'information sont distribués et interconnectés au moyen d'uneinfrastructure spécifique, et accessibles de partout,

- les processus sociaux sont devenus tellement dépendants de cette informationet de son infrastructure que les citoyens non connectés au système d'informationne peuvent pleinement participer au fonctionnement de la société.

GAELLE LACAZE [FR]

[FR] Gaëlle Lacaze (Paris)

#Ethnologue et professeur d'écrit électronique dans un institut universitaireprofessionnalisé Ethnologue, Gaëlle Lacaze est spécialiste de la Mongolie. Professeur dans uninstitut universitaire professionnalisé (IUP), elle enseigne l'écritélectronique à des étudiants qui se destinent au métier d'éditeur, debibliothécaire et de libraire. Elle effectue aussi des recherches informellessur la place du visuel dans la communication, notamment dans l'informationélectronique.

*Entretien du 7 décembre 2000

= En quoi consiste exactement votre activité professionnelle?

En tant qu'ethnologue, je développe une méthodologie d'utilisation de l'imagedans le cadre de l'étude du corps. J'enseigne aussi l'écrit électronique,principalement HTML.

= Les jours du papier sont-ils comptés?

Non, les deux supports ne se superposent pas. Le papier possède des qualités etl'édition électronique en possède d'autres.

= Quelle est votre opinion sur le livre électronique?

C'est un outil de travail intéressant. Reste le problème des droits de propriétéintellectuelle sur certains documents. C'est un outil indispensable pour lesbibliothèques, mais la version papier des l