La Hérisson by Bernard Amschler - HTML preview

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Chapitre 15

L’Enquête de Béatrice

 

Pour rentrer chez eux ils passèrent par des ruelles étroites, par lesquelles on ne pouvait avancer à plus de deux personnes de front. L’encorbellement des maisons ne laissait jamais passer le soleil et à peine la lumière. Les maisons, qui n’étaient pas bien alignées, par leur décalage formaient des coins encore plus sombres à l’abri des regards et où il valait mieux ne pas poser les pieds car ils servaient de lieux d’aisance public. L’air n’y circulant qu’à peine l’odeur y était difficilement supportable.

- Cette ville est pleine de pièges.

- C’est vrai, pourtant je suis persuadée que mon père n’a pas été tué par un simple maraudeur. Il a été tué pour une raison précise. Mais pour laquelle ? 

Et par qui ?

- Tu n’as pas oublié, je pense, le borgne et son copain !

- Non mais pourquoi auraient-ils attendu d’être ici à Bâle ?

Béatrice ne pleurait plus, la volonté de connaître la vérité et de retrouver ceux qui avaient assassiné son père, avait fait place à son abattement.

- A moins qu’il soit venu chercher quelque chose ici et qu’il ait été tué pour ce quelque chose. Oui, ça, ça me paraîtrait cohérent.

- Je n’avais pas osé te le dire, mais l’étudiant qui avait vu ton père disait que cet homme connu pour être lorrain le suivait en se cachant de lui.

 

 Le lendemain Mathias retourna à la forge et reprit son travail, le chef fit mine de l’ignorer. Au moment de la pose Mathias voulut savoir si maître Jacobus était de retour, il ne reçut pour toute réponse qu’un haussement d’épaule. Martin, le collègue qui baragouinait le français, lui dit qu’à présent tout l’atelier était au courant de la mort tragique de son beau-père et que tous lui exprimaient leur sympathie.

- Même le chef ?

- Oh lui ! Il a tellement peur que tu prennes sa place, alors !

- Pourquoi ça ?

- Hem ! c’est ce qu’on murmure ! En tous cas lui doit savoir.

L’après-midi, maître Jacobus vint saluer les ouvriers. Il s’arrêta près de Mathias, attendit qu’il ait fini de battre son fer et :

- Alors Mathias ?  Lorsque vous aurez terminé votre travail, venez me voir nous avons à parler.

Maître Jacobus se dit consterné par ce qui était arrivé à son beau-père, il se faisait reproche d’avoir été absent au moment du drame. Il pouvait bien le dire à présent, il savait que Jean Du Fossé devait venir à Bâle et espérait qu’il viendrait le voir, mais ignorait quand, mais comme les activités de Jean réclamaient de la discrétion, il avait jugé plus prudent de ne pas en parler. Cependant s’il avait été en ville, ils se seraient rencontrés et Jean n’aurait pas été s’exposer à une attaque de voyous qui s’en prennent aux voyageurs de passages. Il partageait la douleur de sa fille et souhaitait avoir l’occasion de lui exprimer sa sympathie. Il savait, puisque Mathias en avait parlé, qu’on leur avait volé leur argent et il était tout disposé, en souvenir de son ami Jean, qu’il estimait beaucoup, à leur venir en aide pour qu’ils puissent retourner chez eux. Mathias était très touché par la compassion de maître Jacobus, c’est pourquoi, sans refuser, il lui répondit, que bien qu’il ne soit pas dans ses habitudes d’accepter de l’argent qu’il n’avait pas gagné par son travail il transmettrait ces paroles et cette proposition à son épouse.

En retrouvant Béatrice il lui en parla avec beaucoup d’émotion.  

- Tu as raison, son attitude est touchante et j’irais le voir pour l’en remercier, mais ce qui est étonnant c’est qu’ici tout le monde dit vouloir nous aider et pourtant...