CHAPITRE 12
Chacun était étendu sur sa paillasse, vêtu d'habits en coton et lin trouvés dans un recoin de la cabane, les vêtements de rechange des sacs à dos ayant subis l'assaut des éléments. Il était difficile de connaître le nombre d'heures qui s'étaient écoulées selon leur horloge biologique depuis qu'ils avaient posé le pied dans ce monde mystérieux. Le soleil occupait toujours la même place dans un ciel immaculé bleu azur.
Ce fût Cyrille qui se décida à parler la première :
" C'était quoi tout ça ?
- Que veux-tu dire ? répondit Marc-Antoine.
- Tout ça, quoi ! L'ouragan, la pousse des arbres et tout le tintouin, repris-t-elle en montrant les alentours d'un ample geste circulaire énervé.
- J'appellerais plutôt ça une tornade et les arbres n'ont pas poussés ils sont juste apparus.
- Ben justement c'est un truc de ouf !
- Que dit le journal de ton grand père là dessus ? demanda Bruno qui sortait de sa rêverie.
- C'était la première épreuve, celle qui permet de passer du Monde Instinctif au Monde Émotionnel. Ce dernier est lié au règne végétal, d'où l'apparition des plantes. Cela signifie que nous avons réussi une des trois épreuves. Je connais tous les écrits de mon grand-père par cœur, tout est là dedans. Il souligna ses mots en tapant son index sur sa tempe droite.
- Mais alors, ça veut dire qu'il va y en avoir d'autres comme ça ? s'écria Cyrille, se laissant gagner par la panique.
- Nous sommes venus pour ça, afin de grandir à travers l'adversité et nous rapprocher de notre but."
Cette dernière partie de la phrase avait été prononcée en même temps par Bruno arborant un petit sourire narquois.
" Oui, je me souviens bien de cette citation, ajouta-t-il pas sans un certain effroi.
- Pas question de repasser par là, c'était le pire moment de ma vie ! hurla Cyrille en martelant son lit. Je refuse ! Puis elle croisa les bras sur sa poitrine d'un air buté.
" Que se passe-t-il si l'on n'est plus d'accord ? s'inquiéta Bruno qui lui aussi avait revécu des événements douloureux.
- Hum, si cela est possible, une éventualité dont je ne suis pas certain car rien n'a été écrit sur le sujet, je suppose que l'on reste coincé dans ce monde où renvoyé dans le notre. Grand-père est retourné chez lui je ne sais comment, il n'y fait pas allusion dans ses cahiers.
- Moi, je suis prêt à tout pour retrouver mon frère ! " Bruno incarnait, en effet, le garçon courageux faisant passer l'amour de sa famille avant tout le reste.
Marc-Antoine restait pensif, lui aussi considérait l'avenir avec anxiété malgré une apparente sérénité. Cyrille, quant-à elle, ne quittait pas son attitude rebelle, fulminant intérieurement. La fatigue et le silence aidant, tout trois finirent pas sombrer dans un profond sommeil.