CHAPITRE 23
Elle ignorait qu'à une faible distance, dans cette partie d'Omnia, chaque créature consciente ressent les émotions des autres. Aussi, se rejeta-t-elle en arrière, le regard élargi par l''effroi, laissant les deux autres arborer un sourire amusé.
Bruno s'empressa de la rassurer en lui expliquant qu'en se tenant plus loin elle serait tranquille. Néanmoins, elle mit quelques temps à retrouver ses esprits.
Puis, Marc-Antoine la tint au courant de leur exploration et de ce qui restait à accomplir pour continuer leur périple.
Ceci ne la mit pas de meilleure humeur :
" Quoi ? Tu veux dire que c'est pas encore fini ? On doit encore se casser le ... (là elle fit référence à une partie de l'anatomie pouvant supporter le poids du corps en position assise) à passer d'autres épreuves ou rester dans un endroit où on ressent tout le monde ?
- Hum, pas exactement. Il faut les réussir ou se retrouver dans la position où tu étais juste avant, puis, finir par ressortir par là d'où l'on est venu." Expliqua Marc-Antoine de façon scolaire.
Elle se laissa tomber sur un siège la tête entre les mains quasiment en position fœtale.
" Tu n'es pas seule, nous pouvons t'aider." Ajouta Bruno, toujours serviable.
Pour toute réponse il eu droit à : "Pffff"
Puis un monceau de paroles hystériques se déversa sur lui :
" T'en as de bonnes toi, c'est pas toi qui était seul dans le noir avec rien à bouffer pendant des plombes, c'est pas toi qui savait pas quoi faire, c'est pas toi qui avait les pimbêches sur le dos, ...."
Dans son énervement elle s'était levée, avait passé la porte et s'était dirigée vers la pelouse près de la petite fontaine. Le chien qui aimait à s'y prélasser s'était approché en grognant.
Soudain, tirée de sa véhémence par la présence de l'animal, démultipliée par les caractéristiques particulières de ce monde, elle poussa un nouveau cri et courra se réfugier dans le salon, derrière l'immense télévision.
Les garçons, ne voulant pas la brusquer, restèrent tout un moment silencieux à distance confortable.
Bruno, qui ne se sentait pas le courage d’affronter la véhémence de Cyrille une seconde fois, sortit explorer les alentours de la maison pour se remettre de ses émotions, laissant les deux autres seuls.
Puis, l'on entendit s'écrier à une Cyrille incrédule :
" La télé, elle est branchée à rien !
- Elle n'en a pas besoin, rien ne marche à l'électricité ici, tout est, comment dirais-je ... plus ou moins ... magique. D'ailleurs le temps passe très peu, nous avons l'impression d'avoir passé plusieurs jours dans Omnia, alors que ma montre indique le même jour et à peine quelques heures plus tard que quand nous avons franchi le passage.
- C'est pour ça que je me suis endormie en pleine nuit et juste après ici, il fait jour ?
- Oui, le temps passe de plus en plus lentement par rapport au monde extérieur, d'où nous venons, au fur et à mesure que nous avançons dans les mondes d'Omnia. Les temps sont toujours décalés. En outre, je crois que si le soleil s'était couché là bas c'est que tu avais raté l'épreuve.
- Ah ? Truc de ouf ! Ici, c'est Omnia 2, c'est ça ?
- Si l'on veut, nous sommes arrivé dans le Monde Instinctif qui est un genre de vestibule où nous avons réussi la première épreuve pour atterrir dans Omnia 1 (le Monde Émotionnel) puis, nous avons passé le second challenge pour nous retrouver dans Omnia 2 (le Monde Mental) en attendant de pouvoir gagner Omnia 3 (le Monde Spirituel).
- C'est comment après ?
- Je l'ignore, soit grand père n'a pas atteint cette étape soit il n'a pas souhaité bon de coucher ses réflexions sur papier. Je suppose que c'est encore plus fabuleux qu'ici.
- Et plus bizarre !
- Je le suppose, répondit-il d'un air songeur.
- Moi, tu vois je suis courageuse, même plus que les garçons, mais je supporte pas ,,,
- De te sentir vulnérable devant les autres ? "
Deux yeux noirs le fusillèrent sur place.
Marc-Antoine continua feignant de ne pas être affecté par la réaction de Cyrille :
" Moi aussi, je suis comme toi, toutefois je ressens qu'Omnia entend bien nous faire évoluer sur ce plan. Je suppose que Bruno est plus à l'aise que nous sur ce point."
Justement, ce dernier fit irruption dans le salon excité et essoufflé.
" Vous n'allez pas croire ce que je viens de voir derrière la maison. C'est à couper le souffle ! “