CHAPITRE 5
Au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient de la falaise les contours de l'individu se précisait. Il ressemblait à un adolescent de taille moyenne, lançant en direction de la vallée, les différentes pierres et brindilles jonchant le sol.
Bruno s'exprima le premier alors qu'il arrivait à portée de voix du personnage.
" Tu m'as l'air très énervé dis donc ? "
L'autre sursauta.
" Qu'est-ce-que vous faites là vous deux ? " aboya l'individu.
Il devait avoir quinze ou seize ans, le type asiatique et visiblement peu satisfait d'avoir été surpris dans son activité.
Marc-Antoine, resté jusque-là silencieux, s'empressa d'expliquer leur présence.
" Nous faisons de la randonnée." Menti t-il.
Le personnage, peu convaincu par cette explication, fit une moue dubitative et se présenta pour toute réponse.
"Je m'appelle Cyrille, dit-il.
- Moi c'est Marc-Antoine et voici Bruno.
- Qu'est-ce que tu faisais ? poursuivit ce dernier.
- Je te le dirai si tu me dis la vérité sur votre présence ici, répliqua Cyrille avec un air espiègle.
- Que veux tu que nous fassions si ce n'est une promenade ? reprit Marc-Antoine.
- Moi je dirais que vous cherchez un certain endroit mais que vous ne trouvez pas l'entrée, expliqua t-il avec un petit sourire entendu.
- OK, tu as raison, fit Bruno qui était soulagé de vider son sac. Vas-tu nous dire ce que tu faisais à la fin ?
- Je cherche l'entrée moi aussi, tout simplement.
Les deux compagnons furent visiblement déçus de cette révélation qui signifiait que leurs recherches étaient loin d'être terminées. Ils échangèrent un regard de dépit.
- Mais je viens de la trouver, ajouta Cyrille.
- Quoi, Mais où ? S'écria Bruno à la fois soulagé et incrédule. Son camarade cherchait la réponse du regard.
- Juste là devant nous."
Bruno surpris regarda devant lui, il n'y avait pas plus de porte qu'auparavant. Seule la vallée que l'on devinait au fond du précipice dessiné par la falaise se trouvait devant lui.
" Je vois, fit Marc-Antoine. Ou plutôt, je ne vois rien, l'entrée nous est invisible. Tu lançais des pierres pour la localiser. Je suppose que si le projectile disparaît c'est là que se trouve la porte."
Cyrille fit entendre un sifflement d'admiration, hocha la tête dans un sentiment d'approbation et ajouta :
" C'est qu'il a oublié d'être bête celui-là ! "
Comme pour joindre le geste à la parole, sa main se referma sur un caillou qui projeté vers la falaise disparu en plein vol. Marc-Antoine, amusé, l'imita. Bruno en resta interdit, ses lèvres formèrent un "O" silencieux et ses yeux s'écarquillèrent.
" Ne restons pas ici trop longtemps, quelqu'un d'autre pourrait se pointer, reprit Cyrille.
- Qu'est ce que tu veux dire par là ? demanda Bruno, dont la bouche avait repris sa forme habituelle.
- Il faut y aller, passer de l'autre côté, rejoindre Omnia, expliqua son nouvel alter-ego.
- Mais comment ?
- Pas compliqué, reprit Marc-Antoine, il faut faire comme la pierre."
Bruno senti son estomac se retourner et sa gorge se serrer, ils n'allaient tout de même pas sauter dans le vide. Son jeune compagnon, malgré une assurance apparente, n'en menait pas large non plus. Il se mordait les lèvres et remontait frénétiquement ses lunettes.
Comme pour montrer l'exemple aux nouveaux venus, sous le regard horrifié des deux autres, Cyrille bondit de la falaise…