Texts by Patrick A. Durantou - HTML preview

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L’idée de paix à l’époque contemporaine

 

La paix dans l’histoire de la philosophie contemporaine apparaît comme par entrelacs sous forme d’une trame où la confrontation aboutit à une philosophie politique souvent factuelle. Elle est un thème riche et ambitieux qui n’épuise malheureusement pas son envergure spéculative étant donné la pluralité des raisons philosophiques qu’essaime l’actualité toujours effective de la question. Puisant à des sources nombreuses et diversifiées, nous pouvons effectivement trouver dans cette même exacerbation idéelle par la réalité à ce qu’elle excède d’autant plus de profusion de sens. Paradoxe, ou bien, comme l’enseignait le doyen Alain Guy à propos d’un maître d’élection, Miguel De Unamuno{2}, qui nourrit aussi bien l’imagination créatrice qu’il aiguise le sens critique, la paix entre deux guerres nous semble véritablement apporter, mieux que le temps de conflits armés qui épuisent le siècle en leurs lots de désolation et de recul, un processus d’ingenium et de valeurs humaines auxquelles il convient de préciser, par-delà leurs axiomes, un ensemble plus représentatif de la conquête du sens de l’humain et de ses progrès.

Productrice d’une qualité sans concession, la philosophie contemporaine vise dans ses idées directrices à élaborer une pédagogie de la paix que sous-tend une axiologie noématique et pragmatique adaptée à la complexité du réel. L’enseignement de devanciers européens ou anglo-saxons qui ont initié ce débat ancestral et de toujours à travers des analyses opportunes et fidèles par leurs options à une certaine tradition occidentale voire orientale comme chez Max Scheler relève d’une philosophia perennis qui devient désormais témoignage d’une époque.

Ce véritable méta-langage philosophique que des penseurs contemporains alimentent constitue, depuis la date de création de l’ONU en 1948, environ, une source d’examens lucides sans dénier l’aspect du revendicatif de la situation du monde actuel et perpétue le florilège des réflexions de la tradition philosophique mondiale. D’une certaine manière, l’on peut observer et ce depuis notamment le développement de la philosophie française des années soixante comme l’affirme Tom Rockmore{3} à propos de Dufrenne, que je cite : « Si ce qui nous concerne c’est l’être humain et non Dieu, le problème principal est de penser la philosophie en termes d’être humain de façon à la rendre nécessaire aux hommes et aux femmes ».

Dans cet ordre d’idées, dans l’expurgation de notions délétères et bellicistes par un souci de lisibilité à venir, la philosophie opère-t-elle une connexion d’avec ce qu’elle énonce pour devenir en ces moments une sophia-témoignage ?

Refusant l’amalgame d’un Lyotard et son méta-récit, de Derrida à la succession de Beaufret, ou se découvrant antihumaniste, le projet philosophique contemporain est bien loin d’épuiser la pluralité d’accès à la problématique de la paix souvent par des biens originaux et heuristiques (ludismes espagnols, etc.).

Cette problématique, longtemps creuset de l’utopie, a trouvé de nouveaux opérateurs dans l’histoire de la philosophie du XXe siècle en réponse aux mouvances par trop scientistes du siècle précédent éradiquant la question ou l’ignorant.

Les jalons posés, qu’ils rendent propices l’établissement de tel ou tel système de pensées versé dans la concrétude des conflits que nous connaissons ou de paix armée, ressourcés dans un pacifisme réactif, ne sont ni plus ni moins recensés dans la confrontation puis l’élaboration des avatars du bellicisme et celle d’une véritable métaphysique de la paix. Comme nous pouvons le constater, la philosophie, durant ce dernier siècle meurtri, réconforte l’idée de paix dans les notions d’éducation, de culture, ou de liberté individuelle ainsi que le souhaite ses défenseurs en prônant, à l’instar d’une Machado, l’adéquation de la diffusion et de la défense d’une culture vigilante.

Tant au niveau d’un examen métaphysique, onto-axiologique, qu’éthique ou politique, la problématique de la paix se révèle au travers d’une philosophie du salut, d’une sagesse plénitude, ou du bien de tous. Elle se développe non seulement dans le fondement de l’individu et sa sociabilité conséquemment à la notion de poïesis, de libre arbitre, de liberté, de volonté et de représentation. Dans la question de l’identité si fréquemment débattue avec celle du sujet se dévoile la nouvelle dimension, subséquente à celle-ci, du même qui, par celle de la reconnaissance de l’altérité demeure l’aspect nodal de la valeur de la personne et sa parousie du moins intrinsèque avant que sociale ou citoyenne.

Sur les traces d’un héritage pluriel et plurivoque l’ensemble des philosophies contemporaines ont trouvé leurs voies propres dans notre époque si heurtée. D’inspirations variées, certains auteurs, dans une perspective originale, comme énoncé auparavant, audacieuse, ont su et savent l’importance de l’apport de la pensée philosophique dans le concert et la vitesse de communication désormais planétaires que nous connaissons aujourd’hui. Cette adaptation, jusqu’à ces dernières années, plus particulièrement dans le cadre des sociétés de philosophie de langue française, rendent compte de l’intérêt marqué et du souci constant de placer de nos jours dans la tradition ou hors tradition cette pensée au niveau d’une réflexion sans cesse réactualisée pour laquelle la contradiction s’il y a peu ou ne peut pas être celle du fait mais aussi relationnelle.

Selon eux, le cheminement de la pensée moderne depuis les Lumières jusqu’à ces dernières années atteste de la qualité croissante et avérée du discours de paix ou de la réflexion et des conséquences qu’en tirent des philosophes tels ceux évoqués antérieurement et d’autres.

Nous ne saurions conclure sans rappeler les travaux en son sein des sociétés toulousaines et américaines dont l’effort incessant de ses approches constitue un assez bel exemple d’ouverture et de suivi de ces questions qui harmonisent la philosophie et l’idée de paix.