Éducation Islamique de la Jeunesse by Mohammad Amin Sheikho - HTML preview

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Septième leçon

Le magicien et l’aiguille

(Histoire vraie)

Le Noble Coran n’est pas un livre de fables et de légendes. Les sourates interprétées ne sont pas déconnectées de la vie quotidienne. Pour preuve, dans les sourates al-Falaq et an-Nâs, Allah Exalté soit-Il a mis en évidence les ruses et les méthodes tortueuses dont usent les sorciers pour berner les gens, avec l’accord et le concours du Démon qui est l’ennemi réel et déclaré de l’homme.

Cette histoire est le côté pratique de l’interprétation que nous avons faite de ces deux nobles sourates. Elle met l’accent sur l’invulnérabilité des croyants face aux suggestions du Démon.

Toute la Syrie parlait de la science profuse de l’érudit et humaniste Mohammad Amin Sheikho. Ses faits et gestes ne laissaient personne indifférent. Son assemblée polarisait l’attention de tout le monde. Un homme s’approcha de certains de ses disciples et leur demanda instamment de bien vouloir l’accepter parmi eux afin qu’il s’abreuve à la source de la science de l’érudit et son éloquence hors pair. Ceux-ci accédèrent à sa demande et ensemble, ils se rendirent au domicile du vénérable érudit, une ferme à Ghouta, un quartier de Damas.

Ce jour, l’érudit entretint l’assistance sur la sublime miséricorde divine et la grâce qu’Il a accordée à toutes les créatures. Notre homme interpella le vénérable érudit sur un sujet qu’il jugeait sensible: « Un grand savant défraie la chronique avec des prodiges, à tel point que les gens lui collent l’étiquette d’adepte d’Allah. »

- « Tiens! Que fait-il de si miraculeux au point que tout le monde en parle? »

- « Il choisit une personne au pif dans l’assistance et lui demande d’entrer dans sa chambre et d’y prendre n’importe quel objet fût-il d’une taille inférieure à celle de l’aiguille, et de la cacher à un endroit de son choix qui n’est connu que de lui. Dès qu’il rentre, ce magicien s’en va à son tour et revient quelques minutes après avec l’objet caché. Il est capable de découvrir facilement la cachette et de ramener la chose cachée, même si elle a été enterrée. Quelqu’un qui possède un secret aussi extraordinaire ne mérite-t-il pas d’être un grand savant? N’est-il pas un adepte d’Allah? »

Un sourire à la fois narquois et doux se dessina sur le visage de l’érudit. Contrairement aux savants qui aiment tancer un interlocuteur pour une moindre incartade, notre érudit humaniste adopta un ton amène, au milieu d’une assistance ébahie, mais toute ouïe.

« Mon frère! Celui-là n’est pas un savant, encore moins un adepte d’Allah. Je vais te surprendre. C’est un allié du Démon. Pour faire ce qu’il fait, il faut solliciter son service. Et comme un service est rarement gratuit, en retour, le Démon l’utilise pour assouvir ses désirs et sa ruse malicieuse qui vise à donner le change aux naïfs et les détourner du droit chemin. »

Notre homme, sans doute, attendait une autre réponse que celle qui venait de tomber telle une sentence. Il n’était pas au bout de sa stupéfaction. Il niait que tout prestidigitateur se devait d’être roué et foncièrement rusé. Pour réussir dans cet art, il fallait être aussi prétentieux. Il disait à qui voulait l’entendre que son « miracle » était surnaturel et que, nul ne pouvait le répéter que s’il était un adepte d’Allah faiseur de prodiges!

Comment dissiper cette stupéfaction?

« Mon frère, reprit l’érudit! Sais-tu que si cela était vrai, le Prophète (pbsl) aurait été versé dans ces pratiques, voire même ses nobles compagnons? As-tu déjà appris au travers d’un prêche ou en lisant un livre de biographie que le Prophète (pbsl) ou ses compagnons s’était donné en spectacle de magie une fois? L’Islam est une religion basée sur la logique saine et la raison juste. Elle est axée sur les réalités sublimes et non ces bizarreries saugrenues.

Pour parachever le parcours de l’Islam et conquérir les pays, les nobles compagnons avaient-ils besoin des prodiges? Que non. Pour susciter l’amour des hommes pour cette religion, leur arme fatale fut le bon comportement, la logique éminente, la sagesse absolue. Leur érudition a scellé l’attachement des hommes au Livre d’Allah. En interprétant ce Livre pour faire régner l’équité et la justice et mettre en relief la longanimité d’Allah, Sa miséricorde et Sa grandeur, l’Islam est devenu tel un parfum qui embauma le monde entier. Les cœurs se prosternèrent devant leur Créateur Vénéré.

Qu’est-ce qui pouvait inciter les peuples à se convertir en foule à l’Islam si ce n’était l’honnêteté de ces compagnons, leur comportement humain, leur moralité noble? Et les miracles alors?

Mon frère! Les miracles n’ont plus existé après le Messie Jésus sur lui la paix. Quand bien même il les faisait, tout le monde le raillait et les reniait. Malgré ces miracles saisissants que l’humanité toute entière a été incapable de reproduire ne serait-ce qu’un seul, les israéliens ont persévéré dans leur reniement et leur entêtement à ne pas méditer ni croire! Ils préférèrent se fier à leurs rabbins et à leurs écrits forgés qui contredisaient la parole d’Allah.

L’homme doit emprunter le droit chemin. Mais pour cela, il doit faire travailler ses méninges pour être convaincu par lui-même de l’existence d’Allah.

Cet univers n’est-il pas matière à réflexion? La terre gravite autour d’un axe pour que les jours et les nuits se succèdent. Qui la fait graviter? La pluie tombe suivant un système bien huilé. Le soleil avec ses rayons, la mer avec ses vagues, les nuages avec leurs différentes couches, les vents, tout cela est téléguidé par une Main cachée.

Que dire de ces vitamines qui circulent dans les fruits? Si chaque fruit a une vitamine spécifique, qui est cette main qui place une vitamine donnée dans un fruit? Lorsque le fruit mûrit, il cesse de grossir parce qu’il est sevré de la substance qui le faisait grossir. Sans ce sevrage, la pomme continuerait à grossir. Qui est celui qui accorde à toute chose une mesure?

Et l’homme alors? Comment Allah l’a-t-Il créé dans le ventre de sa mère? Si l’homme ne cogite pas, il n’aura pas sa raison d’être. Quelle que soit la durée de l’effet d’un miracle, il finira par disparaître pour laisser les âmes s’enliser dans les plaisirs animaux, l’injustice et l’oppression. Le miracle d’inspiration divine n’a rien à voir avec la prestidigitation qui a une connotation satanique. Il faut savoir tirer parti du miracle. Le peuple de Sâlih (sur lui la paix) n’avait pas su tirer profit de la chamelle miraculeuse. Tout au contraire, ils la tuèrent et encoururent la colère d’Allah qui dit à ce propos:

Quand il faut démonter une supercherie, il ne faut pas avoir froid aux yeux. Parfois, la simple démonstration est vite battue en brèche. Affronter le faiseur de miracle pour mettre sa ruse à nu peut être plus prégnant.

« Si vous invitiez ce magicien, je vous montrerais sa ruse, son mensonge et sa nullité. » Lança l’érudit.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Une rencontre fut arrangée entre le grand magicien et le vénérable érudit Mohammad Amin Sheikho. L’assistance fut composée des disciples de l’érudit, de cet homme et ses semblables qui étaient obnubilés par les miracles du magicien.

Le jour tant attendu arriva. L’érudit déroula le tapis rouge à ses hôtes. Mais le premier contact entre l’érudit et le magicien fut froid. L’air craintif, plutôt troublé et embarrassé, le magicien feignait de dévisager l’érudit, mais lorsque leurs regards se croisaient, il baissait la tête. L’air altier, insolent et vicieux des magiciens avait cédé devant tant de sang froid et d’honorabilité. Un silence lourd emplit la salle. Cette atmosphère déjà tendue ne pouvait pas perdurer. « Qu’avez-vous prévu? » Lâcha l’érudit Mohammad Amin.

- Maître! Le grand savant a accepté de nous accompagner chez vous pour nous faire voir ses miracles.

- Il a la latitude de faire tout ce qu’il voudra.

Notre magicien avait toujours un visage hagard. Craignait-il quelque chose? Ses inconditionnels ne le reconnaissaient plus. Ils avaient en face un homme descendu de son piédestal qui avait du mal à se défaire de sa timidité soudaine.

Le silence s’installa de nouveau, mais pas pour longtemps. Notre magicien avait le visage sombre et sévère. Ses tentatives d’exprimer ouvertement son hostilité envers l’érudit se soldaient toujours par l’échec. À l’opposé, l’érudit Mohammad Amin était détendu. Visage réjoui, regards perçants tels les rayons solaires qui dissipent les nuages. Visage habillé par un mélange de majesté, de grandeur et de beauté, couronné par la lumière de son Seigneur. Le sourire qui se dessinait sur ce visage était la preuve de sa confiance en Allah le Maître des hommes.

Le magicien décida de rompre le silence qui devenait intenable. À la surprise de tout le monde, il déclara qu’il n’était pas disposé à jouer son numéro. « Quelque chose me hante l’esprit, je ne suis pas concentré. Je ne pourrai donc rien faire, à moins qu’une femme accepte de le faire à ma place. »

L’assistance n’en revenait pas! Le magicien a l’habitude de faire les miracles sans poser de condition au préalable. Pourquoi est-t-il subitement pris de panique? Pourquoi n’a-t-il pas l’audace de défier le vénérable érudit?

Le magicien sentait sa déroute se profiler à l’horizon. En bon stratège, il cherchait une porte de sortie. Le vénérable érudit flaira le coup et ne lui donna pas cette occasion. Il alla dans la chambre de son épouse et lui dit:

« Oumm Fathî! Prends une aiguille, rends-toi au mûrier qui se trouve au dernier jardin de notre ferme. Enterre cette aiguille au pied de cet arbre et n’oublie pas d’y mettre la pierre à briquet comme signe qui me servira de repère. Applique-toi à la récitation des sourates al-Falaq, an-Nâs, al-Ikhlâs, al-Fâtiha, à l’aller comme au retour. »

Son épouse exécuta ses consignes à la lettre, pendant ce temps, notre érudit l’attendait dans sa chambre. Lorsqu’il eut la certitude que son épouse avait agi tel qu’il lui avait recommandé, il rentra au salon des hôtes et dit: « « Mon cher savant! Ta demande a été satisfaite. À toi de jouer!

D’un pas alerte, il sortit, marcha entre les arbres, s’arrêta, cherchant la direction qu’il allait emprunter. Le tout devant la stupéfaction de l’assistance. « Heu! Êtes-vous sûr qu’elle a enterré au moins quelque chose? » Demanda-t-il, d’une voix frêle.

- Venez avec moi. Reprit l’érudit Mohammad Amin. Je vous montrerai où l’aiguille a été enterrée. Décidés de voir la vérité se manifester, ils suivirent tous l’érudit. Lorsqu’il arriva à l’endroit indiqué, il s’inclina, enleva la pierre à briquet. Avec une douceur indicible, il exhuma l’aiguille de la terre et la montra à l’assistance, ébahie.

- Alors, mon cher magicien, qu’en penses-tu?

- Je propose qu’elle répète le geste une seconde fois, à condition que tu restes avec nous au salon jusqu’à son retour.

- D’accord! Allons donc au salon.

Il demanda à son épouse de reprendre le même geste mais d’enterrer l’aiguille à un autre endroit choisi de commun accord avec elle. Pour une seconde fois, le magicien mordit la poussière. La troisième fois ne fut pas meilleure que les deux premières. Le magicien se rendit à l’évidence que s’il avait la science de l’invisible, il aurait découvert la cachette de l’aiguille.

Il abdiqua solennellement et perdit son prestige aux yeux de tout le monde, surtout de l’homme qui était si émerveillé par ses prouesses qu’il le prit pour un savant et un adepte d’Allah. Or, il était exactement comme le vénérable érudit l’avait décrit: un magicien qui ne peut réussir en présence d’un croyant fier de son Seigneur auprès de Qui il se réfugie et mentionne sincèrement le nom. Ses alliés parmi les Démons ne peuvent plus lui venir en aide parce que la lumière et le feu ne se rencontrent jamais. Quand les Démons voient les anges arriver, ils prennent la fuite:

Le magicien n’a aucune emprise sur les croyants pieux.

La leçon à retenir de cette histoire est que, si l’homme met en pratique l’esprit des sourates an-Nâs, al-Falaq, al-Ikhlâs et al-Fâtiha, sa relation avec son Seigneur sera réelle. Il aura considéré et vénéré le Messager d’Allah (pbsl). À ce moment, les Démons humains et djinns n’auront ni emprise ni influence sur ce croyant fier de son Seigneur et qui prie régulièrement sur Son noble Messager (pbsl).

Exercices:

1-Qu’est-ce qui a motivé cet homme à demander à certains disciples de l’érudit Mohammad Amin Sheikho de les accompagner à prendre part à un de ses cours?

2-Un passage de l’histoire dit: « Notre magicien avait toujours un visage hagard. Craignait-il quelque chose? Ses inconditionnels ne le reconnaissaient plus. Ils avaient en face un homme descendu de son piédestal qui avait du mal à se défaire de sa timidité soudaine. Le silence s’installa de nouveau, mais pas pour longtemps. Notre magicien avait le visage sombre et sévère. Ses tentatives d’exprimer ouvertement son hostilité envers l’érudit se soldaient toujours par l’échec. » Pourquoi le magicien s’est-il senti gêné et à l’étroit au domicile de l’érudit Mohammad Amin Sheikho?

3-Quelles sont le consignes que l’érudit Mohammad Amin Sheikho a données à son épouse vertueuse Oumm Fathî qu’elle devait observer au moment d’enterrer l’aiguille?

4-Quel était le comportement des nobles compagnons envers les peuples des pays qu’ils avaient conquis? Donne la raison qui a poussé les gens à entrer en foule dans l’Islam.

5-Que nous recommande l’érudit Mohammad Amin Sheikho pour que nous soyons de vrais croyants?