Éducation Islamique de la Jeunesse by Mohammad Amin Sheikho - HTML preview

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Vingt-deuxième leçon

La clémence envers les animaux

Il n’a jamais opprimé personne, même pas une fourmi

(Histoire vraie)

Mes chers apprenants!

Dans la précédente leçon, nous avons vu le danger que représente l’agression de l’homme sur les êtres qu’Allah a créés pour nous servir. Nous avons vu comment Allah Exalté soit-Il et Son Messager (pbsl) mettent l’agresseur en garde. Dans cette histoire réelle où l’acteur principal est l’érudit Mohammad Amin Sheikho, nous allons voir l’exemple type d’un homme qui, ayant fait fi à la vérité s’est enflé d’orgueil. Croyant que toutes les autres créatures étaient inférieures à lui, il a été surpris par le châtiment et les conséquences de son acte.

Az-Zubdânî, une campagne située à plusieurs kilomètres de Damas, devait sa réputation à un palais cossu qui faisait sa fierté. Le locataire du palais, un riche pacha d’origine turque, était à la fois redouté et vénéré. Il avait fait la connaissance de Mohammad Amin dont la probité et l’intégrité attiraient la sympathie de toute personne éprise de justice. C’est à ce titre qu’il l’invita aux noces qu’il organisa dans son palais. Pendant le règne turc, Mohammad Amin occupait un poste important dans le système. Ses faits d’arme lui ont valu le pseudonyme de lion. Si la tendance était de taire certaines vérités pour plaire au gouvernement central, lui, il n’avait pas froid aux yeux. Sa franchise et sa sincérité émerveillèrent plus d’un. Ses sujets lui vouaient un amour indicible, ses supérieurs hiérarchiques, plus particulièrement le commandant de l’armée turque, avaient beaucoup de considération pour lui. Ce dernier l’aimait tellement, au point de l’admettre dans le cercle restreint de ses collaborateurs les plus proches. Ce qui ne manqua pas de susciter la haine de certains officiers turcs à son égard. Ils voyaient d’un mauvais œil qu’un officier, de surcroît arabe, occupe un tel poste sensible et bénéficie d’un tel respect au plus haut sommet de l’appareil étatique. Face à toute cette haine, il demeura imperturbable. Bien plus, Allah le propulsa à un rang encore plus élevé. Son authenticité, la noblesse de son ascendance et ses œuvres vénérables en étaient pour beaucoup.

Mohammad Amin avait tissé un vaste réseau de connaissances. Il imposa le respect à tout le monde par sa capacité à résoudre les problèmes et à s’acquitter des tâches qui lui étaient confiées de la meilleure manière. Pour gagner l’estime de tout le monde, il les émerveilla par ses œuvres et ses plans magnifiques.

Notre érudit honora à l’invitation du pacha et enfourcha son cheval en direction d’az-Zubdânî. Il quitta Damas le matin et arriva à destination à midi. À son arrivée, le pacha qui, entre temps avait pris sa retraite et s’était retiré dans son palais après avoir renoncé à la politique, l’accueillit chaleureusement. Il savait que son hôte avait consacré sa vie au service des créatures et au triomphe de la vérité dans tous les domaines. C’est d’ailleurs pour cela qu’il l’admirait et l’estimait beaucoup.

L’accueil chaleureux et les honneurs étaient ceux dus aux hôtes de marque. Les deux hommes eurent des échanges cordiaux sur divers sujets. La conversation alla bon train, ils ne virent pas le temps passer. À minuit passé, il fallait se coucher. Le pacha avait réservé une suite très confortable dans son palais à son hôte. Au moment de s’y rendre, l’hôte Mohammad Amin surprit le pacha en lui formulant un vœu qu’il trouva cocasse:

-J’aimerais contrôler le cheval

-Comment? les domestiques vont s’en charger

-Je dois le faire moi-même pour avoir le cœur tranquille

-Vous m’étonnez par votre obstination à vous rendre à l’étable alors que je vous ai rassuré que mes domestiques vont s’en charger.

Le pacha le prit amicalement par la main pour le conduire dans sa chambre, mais il opposa un refus catégorique:

-Ou tu me laisses contrôler le cheval, ou tu me permets de retourner maintenant à Damas.

-Tu ne le feras pas, il est minuit passé. En plus, c’est pour le cheval que tu te mets dans cet état?

-Oui, en effet. Je jure par Allah que si tu ne me le permets pas, je vais immédiatement retourner à Damas.

Le pacha n’arrivait pas à comprendre qu’un éminent érudit à la notoriété établie s’entête à prendre lui-même soin de son cheval. Il finit par se plier à son désir et demanda à ses domestiques d’apporter les torches. Lorsque Mohammad Amin descendit à l’étable, il constata que son sol était pavé de pierres dont certaines, pointues, ne permettaient pas aux les chevaux de s’asseoir pour se reposer. Les chevaux étaient obligés à la station debout, quand bien même, ils s’asseyaient, ils ne devaient pas bouger pour éviter les douleurs. Pour ces chevaux, la nuit était un calvaire.

Cette scène ne manqua pas d’affecter notre érudit et de susciter sa compassion pour ces pauvres créatures qui ne demandaient qu’un minimum de douceur. Il demanda aux domestiques de lui apporter sur le champ un sac de pailles. Non content de voir son hôte de marque se rabaisser à ce niveau, le pacha tenta une nouvelle fois de l’en dissuader, mais sans succès. Il promit de lui donner d’autres chevaux de meilleure qualité si jamais son cheval mourait. Mais, Mohammad Amin rejeta cette offre car, la compassion qu’il avait pour les animaux et les hommes, était si grande qu’il ne pouvait pas l’échanger contre un présent.

Il finit d’étaler la paille sur le sol de l’étable et demanda aux domestiques de lui apporter une bonne quantité de fourrage et le tamis. Il voulait l’épurer de petits cailloux avant de le donner à manger aux chevaux.

Le pacha était encore plus remonté et plus que ébahi. La colère se lisait sur son visage. Mais une colère diluée dans une mare d’étonnement et de stupéfaction. Il était rarissime de voir un homme de cette trempe donner à manger aux chevaux et accorder de l’intérêt à leur étable. Plus étonnant encore était la sobriété de son hôte qui déclina l’offre du pacha qui avait une étable fournie en chevaux de qualité. Mais ces chevaux, bien que de pure race, enduraient la rudesse du sol de leur étable et la qualité exécrable du fourrage qu’on leur donnait.

L’hôte ne décida d’aller se coucher qu’après avoir tamisé le fourrage des chevaux et après avoir tapissé le sol de l’étable de paille et rempli l’abreuvoir d’eau. Il pouvait dormir avec le cœur tranquille. Cette fierté d’avoir fait preuve de compassion envers les chevaux le poussa à prodiguer quelques conseils au pacha sur le meilleur traitement de son écurie. Il insista auprès de lui de ne pas négliger ces conseils s’il ne veut pas qu’Allah lui inflige les malheurs et les épreuves ici bas en attendant l’au-delà. Au contraire, s’il se soucie de son écurie, il aura une grande récompense. Et pour cela, il n’a besoin que donner des instructions. Par ailleurs, il ne manqua pas de lui rappeler que ces créatures lui demanderont des comptes le jour de la résurrection à cause du mauvais traitement qu’il leur inflige.

Il ne demandait pas au pacha de faire l’impossible en se rabaissant comme lui. Il ne lui demandait pas de se reconvertir dans l’entretien des chevaux, mais, simplement de donner des ordres à ses domestiques. Mais, le pacha trouvait insensé d’être jugé à cause des chevaux. « Les chevaux n’ont aucune valeur. S’ils meurent, nous les remplaceront par d’autres. Ils sont des êtres qui nous sont asservis. » Fit-il remarquer à son hôte.

Aux premières lueurs de la matinée, Mohammad Amin quitta son ami avec un cœur triste. Triste pour sa cruauté, triste pour le rejet de ses conseils sur la miséricorde. Pourtant, la miséricorde propulse l’homme dans les hautes sphères du bonheur ici bas et dans l’au-delà. L’ambiance conviviale qui avait régné lors de l’accueil trancha avec la froideur de l’adieu.

Quelques temps après, le pacha tomba malade et fut alité pendant de longues années. Il passait des nuits blanches et ne pouvait se coucher sur aucun de ses flancs. Il n’avait aucun répit, ni le jour, ni la nuit. Il arrivait qu’il s’assoupisse, mais péniblement. La douleur qui le tenaillait lui avait coupé l’appétit. Il ne mangeait que difficilement. Ses mâchoires et ses dents lui faisaient mal. Quand bien même il parvenait à avaler une bouchée, il se tordait de douleur. Il souffrit ainsi jusqu’à la mort.

Le mauvais traitement qu’il infligeait aux animaux était retourné contre lui. Il endura la même douleur avant de mourir. Tel est le sort réservé à tout oppresseur. Il finit toujours par payer, quelque soit le temps que cela dure.

Le pacha fut enterré à l’entrée de la campagne d’az-Zubdânî. Ce quartier fut baptisé al-Jurjâniyya. Sa tombe qui trône devant son palais doit servir de leçon à ceux qui ont un cœur et prêtent l’oreille tout en étant témoin.

Exercices:

1-Pourquoi le pacha avait-il beaucoup d’estime pour l’érudit Mohammad Amin Sheikho et l’invitait à le visiter dans son palais? Quel est le sobriquet que les gouvernants turcs lui avaient donné?

2-Pourquoi Mohammad Amin a-t-il insisté de contrôler lui-même le cheval avant de se coucher?

3-Décris l’état amer dans lequel il a trouvé les chevaux du pacha

4-Quelle fut la fin du pacha qui avait fait fi des conseils de l’érudit et humaniste Mohammad Amin Sheikho?